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30e Dimanche du Temps Ordinaire

Hubert Doucet       
      

Marc 10 46b-52

Jérémie 31, 7-9

lettre aux Hébreux 5, 1-6

 

« Que veux-tu que je fasse pour toi? »

Retrouver la vue  
Qu’est-ce que Bartimée ne ferait pas pour retrouver la vue?      
En lisant cette histoire, l’équipe qui préparait la célébration s’est demandé pourquoi l‘évangéliste Marc faisait ressortir le nom du demandeur, même plus insistait sur son lignage. Pourquoi mentionner le nom du père? Une réponse proposée est que Timée dont le nom signifie Honneur était le chef d’une grande famille qu’on dit honorable. Comme son fils était handicapé, le père l’avait exclu de la famille. Par sa déficience, Bartimée avait déshonoré les siens, comme nos sociétés ont parfois tendance à le ressentir lorsque l’enfant ne correspond pas au modèle attendu. 
L’itinérant Bartimée n’avait plus que son manteau pour lui rappeler qui il avait été. Tout le récit nous montre cependant qu’il n’avait pas perdu la volonté de vivre. Au contraire, il est prêt à faire entendre sa voix, même si ses compagnons de misère ont appris, parfois à la dure, qu’ils ne doivent pas déranger un homme aussi impressionnant que Jésus. Le groupe des clochards, comme on dirait dans certains milieux, ne veulent-ils pas d’abord le faire taire? Mais Bartimée n’y entend rien. Au contraire, lorsqu’il entend la parole de Jésus l’appeler, Bartimée bondit, part à courir, laisse tomber son manteau qui est sa seule pièce d’identité. Il est encore plus étonné lorsqu’il entend l’incroyable question de Jésus : « Que veux-tu que je fasse pour toi? »
Quelle parole extraordinaire! Elle est celle que tant de gens espèrent entendre lorsqu’ils sont malades, sans travail, coupés des leurs ou marginalisés dans leur société. Dans une société riche de ressources comme la nôtre, on nous invite plutôt à rappeler ou à revenir plus tard puisque toutes nos lignes ou toutes nos places sont occupées. La parole « Que veux-tu que je fasse pour toi? » est d’autant plus extraordinaire que la réponse est immédiate, sans hésitation : « Va, ta foi t’a sauvé. » Quelle libération pour Bartimée!     
Et que va-t-il faire? Retourner en arrière pour tenter de se réapproprier la vie qu’il aurait dû avoir? Non, la vue retrouvée pousse Bartimée à se mettre en route pour accueillir la nouvelle vie que le Dieu Père offre à tous ses enfants, en particulier à ceux et celles qui pleurent et supplient, comme l’affirme le prophète Jérémie dans la première lecture et dont témoigne la vie de Jésus. 
      
Cette nouvelle vie qui sera désormais la sienne ne sera facile puisqu’elle consiste à suivre Jésus. Il est intéressant de noter que l’engagement de Bartimée à suivre Jésus précède immédiatement les différents récits de la dernière semaine de la vie de Jésus. La vue retrouvée devient ainsi l’ouverture aux multiples défis que pose l’engagement à rendre ce monde plus juste et plus beau.
Bartimée retrouve la lumière. Son histoire de vie, de la perte de la vision au recouvrement de la vue, l’a rendu capable de s’engager à fond à la manière de Jésus. Puissions-nous, nous aussi, dans les crises qui sont les nôtres nous mettre en route avec Jésus.    

 

Hubert Doucet

Hubert Doucet