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Communauté chrétienne St-Albert le Grand




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Fête de la saint Jean-Baptiste

le 20 juin 2021

Actes des Apôtres 13, 23-26

Marc 4, 35-41

 

Bruno Demers

Dans la tempête, les précurseurs ont fait confiance   

 

Passons sur l’autre rive.    
Cette phrase de l’Évangile d’aujourd’hui ne trouve-t-elle pas un certain écho en nous? Nous qui pendant plus d’une année avons vécu diverses phases de réclusion et d’isolement avec tout ce que cela implique. Une autre rive nous est indiquée qui rime, désormais, avec déconfinement. Enfin! Cette formule est un signe d’espérance qui, pour nous les croyants, permet de revisiter la confiance de Jésus Christ en son Père.

Cette invitation nous est adressée alors que nous célébrons un peu d’avance la fête de saint Jean Baptiste, le patron des québécois, des canadiens français, de notre société francophone en terre d’Amérique. C’est l’occasion pour nous à Saint Albert de faire mémoire de tous les bâtisseurs autochtones et immigrés qui ont contribué à faire de notre milieu de vie une terre accueillante et inclusive. Tous ces gens ont été des précurseurs, c’est-à-dire des personnes qui ont fait confiance en l’avenir. Comme Jean Baptiste a été le précurseur de celui en qui nous mettons notre confiance : Jésus Christ.

Ces figures de précurseurs, nous les abordons à partir du récit de la tempête apaisée que je vous ai lu tout à l’heure. Car, comme pour les apôtres, leur confiance en l’avenir a été mise à l’épreuve à de multiples occasions.
Rappelons-nous la scène.
Après une journée de prédication de Jésus, les disciples l’emmènent dans une barque en direction de l’autre rive. Survient tout à coup une violente tempête. Les disciples sont affolés. Ce qui est tout à fait normal, il va sans dire. On prend alors conscience de façon évidente de notre impuissance et de nos limites.

Mais, le plus surprenant dans ce récit, ce n’est pas la peur des disciples. C’est plutôt l’étonnement que Jésus leur manifeste. Pourquoi êtes-vous si craintifs? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi? Autrement dit, Jésus a l’air de dire qu’avoir peur, c’est manquer de foi. On manquerait donc de foi à plusieurs occasions! Or Jésus, très calmement, se lève et s’adresse au vent et à la mer : Silence, taisez-vous! Le vent tomba et il se fit un grand calme.

Le texte montre bien que Jésus n’a pas eu peur une seule seconde, au point qu’il dormait paisiblement sur le coussin à l’arrière. Inconscience? Insouciance? Non. Plutôt une confiance indéfectible. C’est bien la caractéristique de la foi de Jésus et ce pourquoi il est un modèle pour nous. Car Jésus a vécu selon le régime de la foi tout comme nous. Il ne connaissait pas d’avance la tournure des événements qui survenaient. On le voit se questionner, s’informer et même avouer son ignorance : il ne connaît pas la date et l’heure de la fin du monde. Mais il fait toujours confiance à son Père et cela fonde son assurance.

À croire Jésus, c’est notre sentiment d’impuissance lui-même qui est un manque de foi. Il ne s’agit pas de nous croire tout-puissants. Il s’agit d’avoir la foi, c’est-à-dire de croire que, en Lui désormais, nous pouvons tout. La fatalité a été brisée. Tout est possible. Comme dit saint Paul : Si quelqu’un est en Jésus Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un nouveau monde est déjà né.

Nous ne sommes plus dans la première création. Depuis le matin de Pâques nous sommes passés sur l’autre rive, celle de la recréation du monde. Et maintenant que nous touchons à l’autre rive de la post-covid, il nous est donné de renouer avec la nouveauté perpétuelle de l’Évangile. Nous qui célébrons la résurrection à chaque dimanche, nous croyons que l’énergie de cette résurrection continue à nous inspirer et ainsi à faire son œuvre grâce à nous les croyants.

Le déconfinement nous permettra de retrouver tous nos proches. C’est l’occasion de nous laisser inspirer, encore une fois, par la vie nouvelle du Ressuscité qui veut transformer le monde selon le modèle du Royaume de Dieu. Une vie faite de solidarité, de justice, de partage. Comme Jésus Christ ressuscité, nous pouvons vivre non pour être servis mais pour servir, pleurer avec celles et ceux qui pleurent. Nous pouvons affronter les mêmes combats que lui pour maîtriser toutes les tempêtes des humains, le mal et la haine sous toutes leurs formes.

Bâtir une société juste et bienveillante, c’était sans doute l’idéal que portaient nos précurseurs. Comme croyants nous pouvons poursuivre la réalisation de cet idéal en nous appuyant sur la foi de Jésus Christ, une confiance indéfectible en la volonté du Père. Car, depuis Pâques, nous sommes passés sur l’autre rive de la recréation du monde.