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Communauté chrétienne St-Albert le Grand




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Dimanche de la Pentecôte

le 23 mai 2021

Jean 15, 26-27; 16, 12-15

Bruno Demers

Un mystère permanent…   

 

Lorsque Dieu commença la création du ciel et de la terre, la terre était déserte et vide, et la ténèbre à la surface de l’abîme; le souffle de Dieu planait à la surface des eaux, nous dit le début du livre de la Genèse. Le « souffle », ce mot évoque à la fois l’esprit de l’être humain, son intelligence, et la réalité cosmique du vent. Il y a un lien entre l’esprit et le vent, c’est le souffle, l’haleine de vie par laquelle l’être humain vit. L’inspiration et l’expiration sont les manifestations concrètes de ce souffle humain auxquels les battements du cœur font écho. Tout ce qui a trait à l’esprit, au souffle, à la spiritualité, a bonne presse aujourd’hui. Des athées parlent même de « spiritualité sans Dieu ». Plusieurs de nos contemporains croient en une force vitale qui anime ou même dirige le monde. L’Esprit que nous célébrons aujourd’hui est-il assimilable à cette force vitale que beaucoup de nos contemporains reconnaissent? Y a-t-il moyen de comprendre un peu mieux ce qu’il est pour les croyants que nous sommes?

Déjà, à la création du monde, le Souffle de Dieu n’est pas seulement une image ou une simple animation biologique. Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant (Gn 2, 7). Je vais faire rentrer en vous le souffle de vie (Ez 37, 5). Pour les croyants, juifs et chrétiens, l’humain est créé à l’image de Dieu. L’Esprit, le Souffle que Dieu lui donne, lui permet de répondre à son appel et de devenir son ami, son semblable, C’est ainsi que l’humain a part à la vie de Dieu.  

Au début de l’évangile de Luc, dans la synagogue de Nazareth, Jésus est invité à lire la Bible. Il choisit ce passage d’Isaïe : L’Esprit de Dieu repose sur moi. Cette scène est décrite avec solennité parce que cet Esprit de Dieu, présent et agissant depuis la création, qui a parlé pendant des siècles par les prophètes et a assisté les rois, vient désormais au milieu des humains. Il est là, parmi nous, comme une source offerte, car il demeure sur Jésus. Jésus en effet ne fait qu’un avec le Père, il est vraiment son fils. Et l’Esprit de Jésus, c’est l’Esprit du Père, le souffle de la création. Jésus apporte l’Esprit en ce monde. Alors, tous les humains, faisant enfin corps avec Jésus, peuvent, s’ils l’accueillent, vivre de cet Esprit donné au monde par le Père et confié à Jésus.

L’Esprit pousse Jésus vers son Père et vers nous, tous ses frères et sœurs, sans exclusion. Il en va de même pour nous dans la vie quotidienne comme dans la prière. C’est à cause de l’Esprit de Dieu, de l’Esprit de Jésus, que nous osons nous prendre un peu pour Jésus, en disant avec lui « Notre Père ».

Jusqu’à maintenant nous avons surtout parlé de l’Esprit Saint comme d’une force, d’un dynamisme. C’est facile à comprendre. Mais Jésus nous fait faire un pas de plus. En effet, il nous en parle comme d’une personne : une personne qui vient, qui enseigne, qui nous rappelle tout ce que Jésus nous a dit. Là où, pour nous, la présence tangible de Jésus s’arrête, l’Esprit prend le relais pour nous conduire vers la vérité tout entière. Jésus nous en parle comme d’un défenseur, d’un consolateur. L’Esprit est comme Jésus lui-même. L’Esprit, c’est la présence de Dieu en nous.

Ainsi, lorsqu’il nous parle de l’Esprit, Jésus nous dévoile la vie intime de Dieu. Dieu n’est pas lointain. Il est tout proche, Il n’est pas tout-puissant et condamnant, il est tout aimant. Bien plus : Dieu n’est pas solitaire. Non seulement il est ce Père, qui partage sa vie avec son Fils, mais cette relation s’ouvre mystérieusement sur cet Esprit que nous ne saisissons pas, mais par lequel nous pouvons nous laisser saisir, comme par un appel d’air, pour entrer dans cette tornade de l’amour partagé. Et, comme le vent ne se remarque qu’à ce qu’il anime, l’Esprit de Dieu ne se reconnaît qu’à ce qu’il fait naître.

La Pentecôte n’est pas un événement qui a eu lieu dans le passé et qui s’est arrêté il y a bientôt deux milles ans. Elle est un mystère permanent dans lequel nous vivons encore. Nous continuons à accueillir le temps de la Pentecôte qui se poursuit de dimanche en dimanche. Notre chef et notre guide ne nous a ni quittés, ni abandonnés, sa présence a simplement changé de nature. L’Esprit Saint a pris la relève. Lui qui se manifestait alors en Jésus, il agit maintenant en nous. Par lui, Jésus poursuit son œuvre, de génération en génération, pour annoncer, relever, guérir, pardonner. Et nous, nous sommes son nouveau Corps. Quand nous nous laissons conduire par l’Esprit, ce dernier nous ouvre l’intelligence à l’enseignement du Christ et nous rend capables de porter sa Parole et d’y trouver la Vérité de toute chose, c’est-à-dire la présence du Dieu d’amour.