CCSA






Communauté chrétienne St-Albert le Grand





Imprimer

4e Dimanche du Temps Ordinaire (B)

31 janvier 2021

Une inspiration pour nous aujourd'hui

Marc 1, 21-28

Bruno Demers

Bruno DemersLes quatre évangélistes n’ont pas écrit une biographie de Jésus.       
Ils ne nous ont laissé aucun portrait de lui.  
C’est bien dommage car nous ne pourrons jamais satisfaire complètement notre curiosité. Mais, justement, ce n’est pas cela qu’ils voulaient nous dire.      
Leur préoccupation est tout autre : transmettre un message : la Bonne Nouvelle de Dieu et nous révéler l’impression que Jésus a faite sur ses contemporains : autorité!    
      
Cela nous apparaît étrange parce que ce n’est pas ce trait de personnalité que nous rapporterions spontanément à Jésus. En effet, à nos yeux, le mot « autorité » renvoie trop au mot « autoritaire » qui a, lui, une nuance négative d’oppression.     
Comme dans le cas purement hypothétique, par exemple, d’une nouvelle directrice d’école qui, une fois arrivée, se mettrait à vouloir tout contrôler : ce que ses professeurs disent, font et pensent. Et si ces derniers ne se plient pas à ses diktats, elle leur enverrait des « mises en demeure » de ne pas révéler en public ce qui se passe à l’intérieur de l’école.     
On connaît tous des personnes qui, arrivées à un nouveau poste, se mettent à agir comme des parvenues et cherchent à tout contrôler. Il est important de toujours combattre les dérives autoritaires.  
      
Nous le devinons bien, l’autorité de Jésus ne renvoie pas à ce type de comportement répréhensible. Nous sommes dans un autre univers. L’autorité de Jésus est d’abord décrite dans un contexte d’enseignement.
On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité et non pas comme les scribes.
En effet, les scribes étaient des commentateurs de la Loi. Ils répétaient ce que tel ou tel rabbi avait dit concernant tel ou tel verset de la Torah. 
Or, Jésus ne se contente pas de répéter. Il renvoie à l’intention première de la Loi et remet en question la compréhension commune, la tradition des Anciens.
      
Ce qui est vraiment important dans la Loi, dit Jésus, c’est la double exigence de l’amour de Dieu et l’amour du prochain.
Les pharisiens affirmaient qu’on ne pouvait pas guérir le jour du sabbat, guérir étant assimilable à travailler, parce que cela allait contre le jour de repos décrété par Dieu. Or, Jésus rappelle que Dieu ne veut pas que nous laissions un malade sans assistance.
Le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat.
Jésus renvoie toujours à l’intention première de la Loi : l’amour de Dieu et du prochain. Même si cela implique parfois, dans le concret, de changer des observances. 
Cette façon de remettre en question la tradition des Anciens, en renvoyant à l’intention de la Loi, impressionnait déjà beaucoup ses contemporains. Mais, en plus, Jésus manifestait une puissance qui venait d’ailleurs. Oui, Jésus était un guérisseur.   
Il communiquait avec le monde d’en-haut et recourait à une puissance autre pour guérir telle maladie ou infirmité. Il pouvait même chasser les esprits mauvais comme dans le texte de l’Évangile d’aujourd’hui.     
Autrement dit, Jésus ne se contentait pas de parler. Il agissait aussi, et avec des actes de puissance. Ses actes illustraient sa parole. Il n’y avait aucun décalage entre ce qu’il disait et ce qu’il faisait.  
      
Une personne qui enseignait et agissait ainsi avait de quoi étonner les gens de l’époque. D’autant plus que Jésus était très libre, par exemple, à l’égard de sa famille.  
Voici que ta mère et tes frères te cherchent. Qui sont ma mère et mes frères? Quiconque fait la volonté de dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère.
Jésus était aussi très libre par rapport à ses compatriotes de Nazareth. Lors d’une visite à la synagogue de Nazareth, les gens sont étonnés :  
N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie? D’où cela lui vient-il?      Il ne pouvait faire là aucun miracle. Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie.    
      
Dans une société juive marquée par des observances tatillonnes, Jésus se distinguait. À cause de ses paroles et de ses actes, il se démarquait. Aux yeux de ses contemporains, il manifestait donc une autorité, mais une autorité libérante.    
Sa contestation des idées et des coutumes de l’époque n’était pas simplement de la délinquance ou de la permissivité. Elle ouvrait, de nouveau, le rapport à Dieu.Alors que la multiplicité des préceptes en était venue à éloigner les gens de Dieu, Jésus redonnait l’accès à Dieu. Dieu pouvait maintenant se faire proche de toute personne.    
      
Cette liberté de Jésus par rapport à la mentalité de l’époque a beaucoup impressionné : 
Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité.  
À force d’insister, dans nos prédications habituelles, sur le seul aspect de l’« amour » chez Jésus, on en arrive à faire disparaître l’image transmise par les premiers témoins.     Or, rappelons-nous, ce qui les a frappés, ce sont sa liberté et son « autorité ». Jamais la personnalité de Jésus n’apparaît mièvre dans les évangiles. Il enseigne et agit pour rapprocher les gens de Dieu même si cela implique, parfois,   de remettre en question des idées, des observances ou des coutumes.
L’autorité libérante de Jésus est toujours inspirante pour nous aujourd’hui.