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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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3e Dimanche de l'Avent (B)

Hubert Doucet      

Le Dimanche de la Joie

13 décembre 2020  

  
Isaïe 61, 1-2a.10-11

Thes. 5, 16-24

Jean 1, 6-8.19-28
    
Hubert Doucet  

Aujourd’hui, c’est le dimanche de la joie. Les deux premiers textes, celui d’Isaïe et celui de Paul, m’ont d’abord interpellé, sans doute en raison de cette longue épreuve qui nous est tombée dessus depuis déjà neuf mois. De cette situation, nous sommes fatigués, épuisés même. Cet accablement est devenu un élément majeur de notre vie sociale.        
Hubert DoucetComme nous, les deux auteurs de ces lectures sont confinés. Bien qu’Isaïe soit en exil, loin de sa terre, il « tressaille de joie dans le Seigneur », car l’esprit du Seigneur est sur lui. Déjà il guérit ceux qui ont le cœur brisé. Quant à Paul, il a dû se séparer des Thessaloniciens pour s’isoler à Athènes. C’est de là qu’il leur écrit : « Soyez toujours dans la joie, N’éteignez pas l’Esprit. Ainsi, vous discernerez la valeur de toute chose ». Ce qui me frappe dans ces écrits, c’est que la joie est déjà vécue, même si le moment présent s’oppose à sa pleine réalisation. N’y a-t-il pas là un enseignement pour nous?      
En quoi l’évangile de ce dimanche complète-t-il les textes d’Isaïe et de Paul? Par la façon dont Jean le Baptiste se présente et agit. Au temps où il apparaît, toute la Palestine est en effervescence, le sentiment étant qu’arrive enfin ce fameux Messie, la solution suprême. Les conditions politiques et religieuses favorisent une telle fébrilité.  Par la manière qu’il a de se comporter, Jean ne donne-t-il pas des signes qu’il pourrait l’être? Il se retrouve ainsi au centre de l’attention publique à tel point que les autorités de Jérusalem sentent le besoin d’envoyer des experts l’interroger là où il agit de l’autre côté du Jourdain. Enfin, ne trouverait-on pas la réponse tant attendue?       
Aux experts qui veulent vérifier s’il correspond aux modèles imaginés, Jean répond toujours par la négative, jusqu’au moment où on lui pose la vraie question : « Qui es-tu? » Et là, il répond : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : redressez le chemin du Seigneur ».   
La réponse de Jean le Baptiste n’est-elle pas un modèle pour nous en ces temps où nous éprouvons une immense fragilité alors que nous rêvions d’édifier un monde résistant à toute faiblesse, bien qu’au prix d’écarter de la vie sociale les fragiles et les vulnérables. Pour Jean, redresser le chemin du Seigneur, c’est plutôt réintégrer ces derniers au cœur de la vie collective : partager avec celui et celle qui n’a pas, éviter de profiter de sa position de force pour prospérer, ne faire ni violence ni tort à personne (Luc 3, 10-14). Jean nous conduit sur le chemin de la fraternité à mettre en pratique.    
Dans sa récente encyclique, le pape François reprend cette même invitation : « réveiller le rêve d’une société fraternelle » dans laquelle les autres sont rejoints « dans leur mouvement propre, non pour les retenir à soi, mais pour les aider à devenir un peu plus eux-mêmes. » Redresser la route de Dieu en ce monde, ne serait-ce pas nous mettre en marche pour engendrer un monde porteur de vie pour toutes les catégories de personnes? Pratiquer la fraternité est ici ferment de joie.        
Cet engagement qui faisait déjà tressaillir d’allégresse Isaïe et qui a caractérisé la vie de Jean le Baptiste, n’est-ce pas à nous de le reprendre aujourd’hui alors que nous attendons dans la joie la venue de Jésus ?