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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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Premier Dimanche de l'Avent (B)

29 novembre 2020

Veillez

Mc 13, 33--37

 

Bruno Demers

Nous commençons aujourd’hui le temps de l’Avent. Ce temps de préparation à la belle fête de Noël où nous célébrerons la venue de Dieu dans notre histoire. C’est pourquoi l’Avent signifie aussi l’advenue de Dieu parmi nous : l’Emmanuel. La conjonction de ces deux Avents dans la liturgie d’aujourd’hui se retrouve dans l’appel à veiller.     
           
Bruno DemersLe mot « avent » évoque spontanément pour nous l’invitation à aller de l’avant, partir à la rencontre de l’avenir. Il y a plusieurs regards humains sur l’avenir. Il y a celui des scientifiques qui préparent le prochain voyage sur mars. On devine tous les calculs, les recherches que cela implique. Il y a celui de la petite famille qui prépare sa semaine de vacances sur le bord de la mer : la nourriture, les vêtements, la crème solaire. Il y a aussi celui des diseuses de bonne aventure, attentives à deviner chez leurs clients ce qu’ils aimeraient entendre.       

 Qu’en est-il maintenant du regard chrétien sur l’avenir? La parabole de l’évangile d’aujourd’hui nous donne quelques indications. Rappelez-vous : C’est comme un homme parti en voyage, en quittant sa maison, il a fixé, à chacun de ses serviteurs, son travail, et demandé au portier de veiller. Car nous ne savons pas quand reviendra le maître de la maison. Heureux sera-t-il quand, à son retour, il trouvera son portier en train de veiller, prêt à lui ouvrir la porte. Être portier, à l’époque, constituait une responsabilité très importante dans les villes fortifiées qui étaient régulièrement victimes de visiteurs belliqueux. Ce portier vit en état d’alerte, guettant chaque signe de la venue de son maître.          

Autrement dit, le regard chrétien sur l’avenir consiste à attendre quelqu’un.  Quelqu’un s’en vient! Notre monde et notre histoire sont habités par quelqu’un qui porte un projet de bienveillance. Dans sa lettre aux Corinthiens, Paul parle à quatre reprises de « grâce », c’est-à-dire ce qui nous est donné en surplus, cette force qui nous soutient quand nous avons à faire face à des difficultés et à des épreuves. Car Dieu ne nous abandonne jamais.  Sa fidélité porte toujours ses fruits. Afin de les percevoir, nous sommes invités à veiller.  C’est quoi être en état de veille?  Nous en avons de nombreux exemples en ces temps de la pandémie du corona virus. Pensons simplement aux services d’urgence, nos portiers de la parabole de l’Évangile. Ces femmes et ces hommes sont toujours sur leurs gardes aux avant-postes, on trouve les médecins et le personnel soignant aux aguets, on trouve les scientifiques à la recherche de remèdes efficaces à l’arrière, on trouve les gens qui inventent de nouveaux gestes de solidarité. Tout le monde est sur le qui-vive. Être en état de veille, c’est être en alerte.          

Le chrétien aussi est en état de veille mais c’est parce que, lui, il attend quelqu’un. Il se tient prêt à accueillir le Seigneur et il vit dans la confiance. Le projet de bienveillance de Dieu est à l’œuvre dans le monde.  À cause de cela, les chrétiens sont confiants que quelque chose de neuf  peut bouleverser, à tout moment, la situation déplorable du temps présent. En christianisme, le destin et la fatalité n’existent pas. Les événements de l’histoire ne sont pas programmés d’avance. Nous ne sommes pas condamnés à la répétition. Du neuf peut surgir à tout moment.      

Le chrétien ne peut donc pas se contenter d’une vigilance passive où il risquerait de s’endormir. Lui aussi est invité à vivre en alerte pour départager les forces de vie des forces de mort, afin d’entrevoir dans le monde, la venue du Dieu libérateur.     

Pour cela, la vigilance active chrétienne suppose d’abord un cœur vidé de lui-même, attentif à ce qui ne se voit pas.  Autrement dit, consentir à une certaine dé-maîtrise  pour que la grâce vienne faire son œuvre en nous. Veiller implique aussi de nous mettre à distance des nombreuses interactions  qui nous sollicitent et nous distraient.  Être en état de veille signifie finalement développer une attention profonde  envers le monde et les autres. Car c’est là qu’apparaîtront les signes de vie.    

Veiller c’est donc guetter, être en alerte, comme le portier de la parabole d’aujourd’hui. Veillez donc, car vous ne savez pas quand viendra le maître de la maison. Il ne faudrait pas qu’il nous trouve endormis.