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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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19e Dimanche du Temps Ordinaire

19 juillet 2020

Marcher sur l'eau

Christine Mayr

1R 19/9a, 11-13
Mt 14, 22-33

Que ces deux textes sont beaux : « Et Dieu n’était pas dans la tempête », ni pour Elie, ni pour Pierre. 
Mais avant que je parle de l’évangile, laissez-moi le mettre en contexte. 
        
Christine MayrLes peuples sémitiques, Juifs autant qu’Arabes sont des peuples conteurs (pensons aux mille et une nuits). Leurs langues sont pleines de belles images. Les Grecs et les Romains par contre sont philosophes, ils argumentent, ils expliquent et donnent des définitions et des preuves.      
        
Jésus est Juif. Quand il parle de Dieu, il ne tient pas un discours scientifique ou théologique. Il n’explique pas ; il conte. Pour parler de Dieu, il raconte l’histoire d’un père et ses deux fils. Ce qui est important, c’est l’image et non s’ils ont vraiment vécu.
        
L’évangéliste Matthieu, lui aussi, est Juif. Lui aussi n’explique pas. Il conte simplement. Et comme c’est un conte, l’histoire de Pierre peut aussi devenir la nôtre, aujourd’hui même.
        
Pierre est si humain : plein d’enthousiasme d’un côté, plein de peur de l’autre (il va aller un jour jusqu’à nier Jésus).      
Ne sommes-nous pas comme lui : Créés par Dieu, pas des petits dieux, mais « à l’image de Dieu » ! L’image, face à l’original, a toujours des limites. C’est comme ça. Dieu nous a créés comme ça, et il nous accepte, nous aime, comme ça, avec nos limites !      
        
Dans l’histoire de Matthieu, Jésus appelle Pierre, et Pierre, dans un grand élan du cœur se jette dans une aventure folle. Pour aller vers Jésus, il marche sur l’eau. Quelle belle image ! Il quitte la sécurité de la barque et il marche sur l’eau.
Mais il a ses limites, cela ne dure pas. Naturellement la raison s’éveille. Il se rend compte qu’il n’a rien de solide sous ses pieds, qu’il fait encore nuit et qu’une tempête féroce hurle. Quoi d’étonnant qu’il coule ?   
Un membre de notre équipe a dit : « Il aurait dû avoir confiance ». – Oui, je suis bien d’accord, mais selon mon expérience il y a dans nos vies des moments où la nuit est si noire, si longue, et la tempête si forte, que nous n’avons même plus la force pour un acte de confiance. Nos limites nous en empêchent.    
Pierre doute, c’est normal, il coule, mais il n’abandonne pas. Il fait ce que n’importe quel petit enfant peut faire — et n’est-ce pas un acte confiance, ça aussi ? –    
Pierre appelle à l’aide : « Jésus, sauve-moi ! » Et Matthieu nous dit : « Aussitôt » (au même moment). Jésus lui tend la main et dit (et le dit aussi à nous autres aujourd’hui) : « Homme, femme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Ce n’est pas un reproche. Au texte écrit manque la voix. Je l’entends encore rire, Il nous accepte et nous aime tel que nous sommes, avec nos limites. Il suffit de crier au secours, et Jésus nous ramène dans la barque de sécurité et le vent tombe.     
C’est comme ça !