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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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13e Dimanche du Temps Ordinaire (A)

28 juin 2020

« Qui a perdu sa vie à cause de moi la trouvera »

Mt. 10, 37-42

Hubert Doucet

 

Hubert Doucet      

L’apôtre Matthieu qui a personnellement connu Jésus écrit son évangile dans le but de donner courage aux chrétiennes et chrétiens de son temps. En ces années-là, nombre de nouveaux convertis se demandaient s’il ne vaudrait pas mieux laisser tomber leur engagement. Dans le passage d’aujourd’hui, Matthieu, Hubert Doucetle publicain juif, se rappelle sans doute sa propre histoire et celle de ses amis. En effet, lorsque Jésus a été condamné à mourir sur la croix, les apôtres et la plupart de ceux et celles qui s’étaient engagés à sa suite ont été incapables de l’accompagner dans sa souffrance et de prendre leur croix. Il est vrai que dans pareil contexte, il n’était pas facile d’aller jusqu’au bout de ses engagements, bien que quatre ou cinq personnes l’aient accompagné jusqu’au bout.     
Matthieu va cependant plus loin. Au moment où il écrit son évangile, de nombreuses communautés chrétiennes vivent des moments sombres. Divers événements rendent leur vie difficile. Nous sommes dans les années 80, le temple de Jérusalem a été détruit. Des persécutions ont déjà commencé. Des choix douloureux commencent à s’imposer. En pareils moments, les relations familiales sont mises à vif, des tensions habituellement acceptables sont exacerbées. Les exigences de la famille ne sont-elles pas plus fortes que le choix personnel de suivre tel ou tel prophète? Jésus ou la famille? Beaucoup de chrétiens d’alors ont été confrontés à la question.      
Qu’en est-il aujourd’hui? Chez-nous, les chrétiens et chrétiennes ne vivent peut-être pas les persécutions auxquelles furent confrontées bien des communautés chrétiennes des débuts du christianisme, mais leur engagement de vie est socialement marginalisé, risquant ainsi de fragiliser leur accueil de Jésus.  Au début de la pandémie en mars dernier, à l’émission de Michel Desautels le dimanche matin, ce dernier discutait avec Gérard Bouchard, de la Commission Bouchard-Taylor, du surprenant silence de l’Église à propos de la pandémie. Autrefois, sa parole aurait eu de l’importance, s’accordaient-ils à dire. Ce commentaire m’avait étonné, mais surtout questionné : que serait un agir ou une parole digne de Jésus en ce temps de pandémie?  
Dans le contexte de l’évangile de ce dimanche, Matthieu nous dirait : créez de l’espérance au moment où bien des rêves que nous nous sommes construits s’affaissent, travaillez à la résurrection alors que toutes sortes de morts nous tombent dessus. Oui, la résurrection du Christ est la victoire sur toute mort et sur toute peur. En apportant de l’espérance, vous trouverez la vie et la vie vous trouvera. L’imagination n’est-elle pas ici sans limite? 
Depuis des mois, nous avons été appelés à nous confiner, surtout si nous avancions en âge et souffrions de maladies chroniques. Les contacts devaient être limités le plus possible, tout le contraire de ce dont nous avions besoin. Nous savons les situations désastreuses qui en ont résulté. En même temps, nous avons été témoins de magnifiques engagements, pour que les plus laissés pour compte puissent se reconnaître encore partie de la communauté humaine. Notre communauté Saint-Albert a été active à ce plan. Alors que la situation forçait à l’isolement, des femmes et des hommes inventaient des manières de faire pour que la communion interhumaine se bonifie. Oui, toutes ces personnes qui ont agi, d’une façon ou d’une autre, pour que ces malades ne soient pas coupés de l’humanité, ont témoigné de la résurrection de Jésus : elles ont trouvé la vie.  
La résurrection de Jésus en notre temps demeure bien mystérieuse, elle n’en est pas moins à l’œuvre.