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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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12e Dimanche du Temps Ordinaire (A)

21 juin 2020

La force de l'Évangile

Mt 10, 26-33

 

Bruno Demers

Voici que moi, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups…          
Vous serez traduits devant des gouverneurs et des rois à cause de moi…
      
Au moment d’envoyer ses disciples en mission, Jésus leur fait ses recommandations, leur explique comment procéder et les avertit des dangers qui se présenteront. Pas étonnant que les disciples reçoivent cela dans la crainte et les tremblements. C’est pourquoi, Bruno Demersau début de l’évangile d’aujourd’hui, il prend la peine de les rassurer : Ne craignez pas! N’ayez pas peur!         

Ne craignez pas! Je suis allé voir dans le Nouveau Testament pour savoir si cette formule revenait souvent. Eh bien, j’ai eu droit à des pages de références dont celles-ci : Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse. Mt, 1,29 « J’ai eu peur, je suis allé cacher ton talent dans la terre » dit le serviteur à qui le maître avait confié un talent Mt 25,25 « Seigneur, au secours! Nous périssons ! » lui disent les disciples lors d’une grande tempête sur la mer de Galilée.
« Pourquoi avez-vous peur, hommes de peu de foi ? » leur répond Jésus.        

La crainte, la peur, ce sentiment d’angoisse éprouvé en présence d’un danger. On comprend que les disciples l’aient éprouvé à la fin de l’envoi en mission de Jésus. On le comprend parce qu’on l’éprouve, nous aussi, de temps en temps quand on pense à l’avenir de l’Église; aux difficultés rencontrées quand il s’agit de témoigner de sa foi. Or, la peur est toujours une mauvaise conseillère. Elle engendre des attitudes défensives : nous nous braquons! Elle nous empêche de faire vraiment confiance à la bonne volonté des autres et à la grâce de l’Esprit Saint qui travaille secrètement le cœur de chaque personne. 
La peur ou la foi, tel pourrait bien être le dilemme devant lequel nous place l’Évangile d’aujourd’hui. Car nous ne sommes pas toujours des chrétiens heureux de croire, heureux d’avoir découvert un sens à notre vie et à notre action, ou heureux simplement de connaître le Dieu de Jésus Christ et de l’aimer. En relisant l’Évangile nous constatons que la foi est une victoire sur la peur.     

Peur de l’avenir       
Nous avons peur, à l’occasion, devant la complexité du monde moderne ou devant l’avenir. Face à cela l’Évangile nous rappelle toujours l’enjeu du moment présent et nous convie à nous y investir pleinement comme le don actuel de la Providence de Dieu. Au lieu d’imaginer toutes les menaces que l’avenir peut receler, nous sommes invités à prendre le présent au sérieux. Face à l’avenir, nous ne sommes pas seuls. Dieu nous invente avec nous au jour le jour. Il n’y a pas Dieu d’un côté et nous de l’autre. Dans notre réponse à l’appel du moment présent, tout est de Dieu et tout est de nous.  

Peur des autres        
Nous n’avons pas seulement peur de l’avenir, nous avons aussi peur des autres. Soit que nous craignions d’en être séparés, soit que nous nous sentions incapables de tenir nos engagements à leur égard. Ici encore, l’Évangile nous apprend que nous n’avons jamais le droit de douter des ressources secrètes qui habitent le cœur de chaque personne. L’autre est toujours plus que ce que nous pensons qu’il est. Il y a toujours dans l’autre un point secret de bonne volonté qui peut revivre, qui peut ressusciter.     

La foi est une victoire sur la peur parce que le christianisme est la religion de l’Évangile. Et l’Évangile a toujours quelque chose à dire à toute personne, peu importe son époque :  Le message indépassable de l’amour quand nous sommes conduits à choisir entre telle ou telle option. Le souci imprescriptible du petit, du pauvre, du laissé-pour-compte quand il s’agit d’organiser la société. Le rappel du pardon quand il est question d’arrêter la spirale de la violence et de vengeance pour ouvrir un avenir nouveau. Autant de passages qui gardent toujours leur pertinence et qui donnent encore à penser aujourd’hui. 

Nous n’avons plus à craindre, nous pouvons vaincre la peur, parce que nous annonçons une Parole venue d’ailleurs et que cette Parole est dotée d’une force et d’un dynamisme irrésistibles. Face à elle, tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu.          
La vérité de l’amour finira toujours par triompher, par s’imposer, mais avec les armes de la conviction. Le disciple missionnaire est un témoin, un témoin de la force de l’Évangile. Vous avez reçu une puissance, celle du Saint Esprit. Soyez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.