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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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2e Dimanche de l'Avent (A)

8 décembre 2019

Réaliser le rêve

    Is 11, 1-10  Rm 15, 4-9        Mt 3, 1-12                       

 

Hubert Doucet

 

 

Hubert Doucet      

Dieu est un rêveur. Voilà ma réaction spontanée à entendre la parole du prophète Isaïe annoncée il y a quelques minutes : « Le loup habitera avec l’agneau. Le veau et le lionceau seront nourris Hubert Doucetensemble. » Et plus utopique encore : « Il n’y aura plus de mal, ni de corruption. » Et ce rêve, il est tellement expressif de Dieu qu’aux premiers jours du monde, il avait créé quelque chose de semblable. Le ciel, la terre et tout ce qui y vivait ne témoignaient-ils pas de la même communion et fraternité universelles?       

Même si cette beauté du monde n’est jamais parvenue à son plein épanouissement, la réalité crue et dure s’étant imposée, Dieu n’a pas cessé de rêver. Il s’est accroché à son rêve au point de nous envoyer son Fils Jésus, témoin par excellence de la communion universelle. C’est à ce rêve que nous participons aujourd’hui, c’est ce rêve que nous croyons encore possible en cette période de l’Avent.         

Mais, comme nous le savons par expérience, tout rêve est rapidement confronté à la réalité. Et les rêves de Dieu le sont aussi. C’est ce que nous rappelle aujourd’hui Jean le Baptiste. Aux notables de l’époque qui se considèrent les propriétaires du projet de Dieu et qui, en même temps, font tout pour se cacher la vérité du monde, Jean répond qu’il faut se retrousser les manches et se mettre sérieusement au travail, car « la cognée, i.e. la grosse hache, se trouve déjà à la racine des arbres. »        

Devant la prédication de Jean invitant ses contemporains à changer d’attitude, je me suis posé la question : à quel type de comportement, cette parole nous invite-t-elle aujourd’hui ? Je me suis alors demandé si notre façon d’agir à l’égard de notre Terre, notre « maison commune » du Pape François, ne ressemblait pas à celle des contemporains de Jean Baptiste. Les pharisiens et les sadducéens avaient reçu un héritage et se laissaient porter par ce legs humain et spirituel. Ils ne cherchaient pas à l’intégrer dans le concret de leur vie quotidienne.  

Ne faisons-nous pas de même? Nous avons reçu cette terre en héritage et nous prenons ce qui fait notre affaire, comme si nous en étions les propriétaires. Les contradictions dans nos façons d’agir entraînent son affaiblissement et la souffrance de nombreuses populations. Dans sa critique de nos comportements, Jean nous dit que, sans engagement dans le concret du monde, nos rêves ne peuvent prendre forme, ils sont appelés à s’étioler : « La cognée se trouve déjà à la racine des arbres. »   

On peut trouver ce discours dur, anxiogène comme on dit aujourd’hui. Mais il nous rappelle que le rêve de Dieu qu’a été la venue de Jésus dans notre monde n’a pris tout son éclat que dans le don que le Fils du Père a fait de sa vie pour nous.    

Rêver d’un monde de fraternité et de communion universelles, c’est s’engager dans le quotidien de nos vies à le faire advenir. Telle est, me semble-t-il, la façon de préparer le chemin vers Noël et de rendre droits les sentiers pour s’y rendre.