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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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33e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

17 novembre 2019

Bienheureux, vous qui gardez l'espérance

Malachie 3, 19-20a                          Luc 21, 5-19

Bruno Demers

Il y aura de grands tremblements de terre, des phénomènes effrayants surviendront. On a beau entendre ce genre de textes au terme de chaque année liturgique, à la fin novembre, ils évoquent toujours des faits de l’actualité immédiate. Aujourd’hui, ils nous font tout de suite penser à ce qui se dit sur le dérèglement climatique et ses conséquences pour la planète. On le devine, il y a là un enjeu important pour l’avenir, même si ça nous est présenté de tBruno Demersoutes sortes de façons. En quoi l’évangile d’aujourd’hui peut-il être une Bonne Nouvelle pour nous qui sommes aux prises avec des défis qui causent parfois de la peur, des angoisses?         
           
L’évangile de ce matin est une Bonne Nouvelle par certaines phrases qui apparaissent ici et là dans le texte : C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle vos adversaires ne pourront pas résister. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. En effet, quand on compare les textes de l’évangile sur les derniers temps avec des textes sur les mêmes thèmes écrits ailleurs à la même époque, les évangiles présentent tout de suite une originalité : leur note d’espérance : la présence de l’Esprit, l’invitation à la persévérance.         
           
Spontanément on ne voit pas ces notes d’espérance parce qu’on est plus attiré par la description des catastrophes. L’être humain est ainsi fait qu’il se laisse facilement impressionner et entraîner par des images effrayantes. C’est ce que des chercheurs en psychologie nous révèlent aujourd’hui sur la perception globale de l’histoire du monde : nous ne retenons que les informations immédiates. Alors que les nouvelles à la radio et à la télévision nous rapportent toutes sortes de crimes et de cataclysmes, beaucoup d’études sérieuses nous apprennent que le bien-être de l’humanité n’a cessé de connaître des progrès extraordinaires depuis les derniers siècles.      
           
L’espérance de vie bloquée aux alentours de 40 ans pendant des siècles, est passée aujourd’hui à plus de 75 ans. Depuis la seconde guerre mondiale la violence sous toutes ses formes recule. Le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a considérablement diminué. Le niveau d’éducation ne cesse de s’accroître partout sur la planète. Globalement parlant, le monde ne s’est jamais aussi bien porté qu’aujourd’hui! C’est encourageant mais ce qu’il faut savoir aussi, c’est que cela ne s’est pas fait automatiquement et que ce n’est pas acquis une fois pour toutes! Cette amélioration des conditions de vie est due en bonne partie aux développements scientifiques et technologiques, oui, mais ce n’est pas tout. Elle est due aussi aux valeurs et aux visions du monde. C’est parce qu’il y a des gens qui mettent en œuvre les progrès au service de la collectivité que la condition générale de l’humanité peut s’améliorer. C’est ici que l’Évangile trouve toute sa pertinence : par la vision du monde qu’il propose à partir du projet de Dieu sur l’histoire humaine.    
           
Le monde a eu un commencement et est invité à connaître son accomplissement en Dieu. Autrement dit on peut vivre dans l’espérance. Les évangiles de la fin des temps nous parlent tous du retour du Christ et de la pleine réalisation du Royaume de Dieu. L’histoire humaine a un sens. Elle n’obéit pas à la fatalité ni à la répétition d’un schéma cyclique. Elle est ouverte sur l’avenir, sur la nouveauté de Dieu. L’espérance que nous propose l’Évangile n’est pas seulement dans le prolongement de ce que nous souhaitons, c’est l’amitié avec Dieu qui fait du neuf en nous, qui veut nous recréer!  
           
Mais cette belle espérance, ce beau projet, ne se réalise pas automatiquement. L’accomplissement des promesses du Royaume, comme la paix, la fraternité, la joie, ne se fait pas indépendamment de nous. C’est dans la mesure où des croyants se laissent inspirer et conduire par l’Évangile que le Royaume peut advenir. C’est pourquoi Jésus insiste tellement sur le présent : c’est dans nos décisions quotidiennes que nous préparons l’avenir. Le futur de l’humanité se joue aujourd’hui, comme nous l’entendons également dans la bouche de plusieurs environnementalistes.    
           
On comprend donc mieux l’exhortation qui termine l’évangile d’aujourd’hui et qui en dévoile la Bonne Nouvelle : C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. Nous sommes conviés à la vigilance au présent. C’est la meilleure façon de construire le futur. Ni pessimisme défaitiste et paralysant. Ni optimisme naïf et facile. Mais plutôt des valeurs et une vision du monde : l’offre du Royaume qui nous est faite dans l’Évangile. Bienheureux ceux et celles qui gardent l’espérance!