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14e Dimanche du Temps Ordinaire
7 juillet 2019
Paul aux Galates 6, 14-18 Luc 10, 1-12 Isaïe 66, 12-13
La paix soit avec vous
Guy Lapointe
Lorsque l’évangéliste Luc rapporte l’envoi en mission par Jésus de 72 nouveaux disciples, nous sommes environ 50 ans après les faits. Cinquante ans pendant lesquels l’annonce de la Bonne Nouvelle a été faite sous la conduite essentiellement de nouveaux disciples que Jésus envoie deux par deux.
Les indications de Jésus pour l’envoi en mission, deux par deux, des 72 nouveaux disciples, peuvent paraître bien simples, voire simplistes. Avec un peu d’humour je dirais : Jésus ne pourrait-il pas faire du terrain pour établir des stratégies, comme on le fait, avec plus ou moins de succès, dans bien des paroisses et des diocèses. Il faudrait bien évaluer les résultats. Mais cela ne risquerait-il pas de passer à côté de l’essentiel. Jésus ne cache pas aux disciples les difficultés de la mission. « Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales et ne saluez personne en chemin ». Des consignes que nous connaissons bien et qui ont marqué notre imaginaire croyant.
La consigne que Jésus donne aux disciples n’est pas d’abord d’appeler à la conversion, mais d’annoncer la paix, de faire la paix. De prendre la route et de répandre la paix comme Jésus nous l’a enseigné. « Quand vous entrez dans une maison dites d’abord : paix à cette maison. S’il y a un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui, sinon elle reviendra sur vous ». La mission consiste à faire connaître l’œuvre du salut que Jésus accomplit. En somme, aux disciples que Jésus envoie deux par deux, il leur demande d’entrer dans les maisons en souhaitant la paix, d’y rester. Une façon pour les disciples de préparer la venue de Jésus. « N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales ». C’est comme si Jésus nous disait de ne pas trop nous préoccuper du « comment » de l’évangélisation. Une façon, pour les disciples de préparer sa venue de Jésus.
Nous avons à nous laisser inspirer à nouveau, par des paroles profondément humaines de Jésus qui envoie ses disciples en mission : « n’emportez ni argent, ni sac, ni sandales, mais témoignez avant tout avec des personnes, avec nos forces et nos faiblesses, avec nos convictions personnelles les plus fortes.
Nul n’est donc seul dans la tâche de l’évangélisation, mais nous pouvons tous nous appuyer les uns sur les autres et assurer ensemble l’œuvre de Dieu dans notre monde. C’est ce que nous tentons de vivre dans notre assemblée dominicale. Une communauté de croyants et de croyantes attentifs les uns aux autres, porteurs de l’Évangile et animés par le même Esprit qui les amène vers d’autres personnes. Qu’avons-nous à apporter à nos frères et à nos sœurs en humanité?
D’abord la paix « shalom », la paix que nous avons vécue nous-mêmes par le Christ et par les autres. Une joie au cœur qui nous vient d’en haut.
Pour préparer les chemins du Seigneur qui veut se faire proche lui-même de tous les humains, il s’agit de risquer des rencontres vraies et en profondeur. Et donc aussi de renoncer aux assurances purement humaines, à tout ce qui pourrait nous sécuriser, mais risquerait de nous fermer à l’accueil de l’autre tel qu’il est. Ne jamais se fermer à l’accueil de l’autre. En vivant de telles rencontres, au nom du Christ, le royaume des cieux se révèle déjà parmi nous.
Laissons-nous porter par la foi et l’espérance de rencontrer d’autres amis de la paix, capables d’accueillir en eux cette paix de Dieu qui guérit toute blessure et réconcilie avec soi et les autres.
Ce chemin par lequel Jésus nous envoie à nouveau est exigeant, mais il est à la mesure de celui qui nous envoie et de ceux et celles auxquels nous sommes envoyés. Et comme le dit l'apôtre Paul : « Ce qui compte, c’est d’être une créature nouvelle ».