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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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Matin de Pâques (C)

21 avril 2019

Les disciples d'Emmaüs

Luc 24, 13-35

Bruno Demers

 

Avez-vous hâte que le printemps arrive, surtout rendu au 21 avril? Il me semble que la nature se retient depuis déjà trop longtemps et qu’elle n’attend qu’un peu de soleil et de chaleur pour faire éclater ses couleurs et ses odeurs. Tous les jardiniers sont prêts pour l’aider à s’épanouir le plus vite possible! Encore faut-il qu’ils soient capables de repérer les bourgeons, de les protéger de l’appétit vorace des écureuils, d’enlever les feuilles mortes sur les nouvelles pousses, etc. C’est tout un art d’observer la nature au printemps et de reconnaître la puissance de la vie prête à se déployer autour de nous.

Bruno DemersC’est quelque chose de semblable qui est arrivé aux deux disciples de notre récit de ce matin. Une rencontre se produit et ils apprennent à reconnaître de qui il s’agit, à reconnaître les nouveaux possibles de vie qu’il recèle. Je ne sais pas si vous avez déjà remarqué mais, dans tous les récits d’apparition, jamais Jésus n’est reconnu du premier coup. Alors qu’il prend la peine de se montrer à Marie-Madeleine, à d’autres femmes, à ses disciples, personne, sur le coup, ne réalise que c’estJésus. Ça prend du temps, tout un cheminement pour que le déclic se produise. Ça prend deux choses : des paroles de la part de Jésus et la mémoire de ses gestes.      
D’abord des paroles. En effet, Jésus a beau apparaître, se manifester, se faire voir, rien ne se produit. C’est à partir du moment où il se met à parler que le processus de reconnaissance s’enclenche : Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous tandis qu’il nous parlait sur la route? Le voir n’est pas suffisant, ni déterminant. Reconnaître Jésus c’est une question d’écoute. C’est quand la Parole est entendue et écoutée que quelque chose s’amorce.         

D’abord des paroles, ensuite la mémoire de ses gestes. Dans tous les récits d’apparition jamais Jésus ne se montre à des étrangers. Il n’apparaît et n’est identifié que par des gens qui le connaissent déjà. Rappelez-vous ce qui disent nos deux disciples de ce matin : Cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles. Ils le connaissaient déjà bien pour en parler ainsi. Ils étaient aussi probablement présents à son dernier repas puisque c’est à ce moment-là que le déclic se produit : Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent.

Le ressuscité est reconnu au cours d’une eucharistie par des gens qui le connaissent déjà et qui écoutent sa parole. Comme ça ressemble à notre situation à nous aujourd’hui! Nous qui sommes des gens qui cherchons toujours à le connaître davantage et qui écoutons sa parole. Et ça semble suffisant parce que, pour les disciples d’Emmaüs, au moment où ils le reconnaissent, Jésus disparaît à leurs regards.     

Cette expérience de rencontre avec le Ressuscité a été tellement forte qu’ils retournent à Jérusalem. Là ils trouvent les apôtres qui confirment ce qui leur est arrivé : Le Seigneur est apparu aussi à Simon Pierre. Il est donc réellement ressuscité. Alors que les disciples s’étaient dispersés après l’événement de la croix, voici qu’ils se retrouvent ensemble et proclament que Jésus est bel et bien revenu à la vie. Quelque chose s’est produit, leur est arrivé, qui a réveillé leur enthousiasme. À tel point que ces gens vont désormais continuer la mission de Jésus : faire advenir le Royaume. Et ils vont le faire jusqu’au martyre, commençant ainsi ce grand mouvement d’espérance dont nous faisons partie, nous aussi aujourd’hui.          

Reconnaître le Ressuscité c’est faire comme les disciples d’Emmaüs : écouter sa Parole et entretenir la mémoire de ses gestes. En ressuscitant Jésus, Dieu a approuvé des paroles et des gestes qui, déjà. avaient libéré la vie d’entraves de toutes sortes : d’entraves sociales : quand Jésus a pardonné à la femme adultère d’entraves physiques quand il a guéri des aveugles et des paralytiques d’entraves psychologiques quand il a expulsé des démons. La vie de ces gens a alors connu un nouveau départ, un nouveau souffle.       

Il n’est pas anodin que le fête de Pâques se célèbre au printemps. Croire en la résurrection c’est croire aux multiples possibles de la vie! C’est croire qu’avec la mémoire des gestes et des paroles de Jésus, nous aussi pouvons libérer la vie des entraves qui existent encore aujourd’hui, pouvons éveiller ses nouvelles virtualités et les faire grandir autour de nous. Croire en la résurrection c’est croire aussi que Dieu peut faire éclater d’autres possibles de la vie par-delà la mort, comme il l’a fait pour Jésus. Que vienne le printemps! Que vienne sur nous l’énergie de la résurrection!