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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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2e Dimanche du Carême (C)

17 mars 2019

« Dans la nuit, accueillir la lumière »

Genèse 15, 5-6. 12.17;   Luc 9, 28b-36;  Ph 3, 20.4, 1

Hubert Doucet

Hubert Doucet      

À première vue, l’événement de la transfiguration pointe déjà vers la résurrection de Jésus plutôt que de nous rappeler que nous sommes encore au début du temps du Carême. En effet, le Jésus qui se laisse voir ici ressemble davantage au Christ ressuscité qu’à cet homme qui, hier encore, faisait des choix radicaux annonçant déjà les combats difficiles concernant le sens de sa vie. La semaine dernière, c’était la lutte contre les ténèbres. Aujourd’hui, nous accueillons déjà la lumière.

Hubert DoucetDans l’événement qui vient de nous être raconté, les trois apôtres qui ont gravi la montagne avec Jésus, vivent avec lui une expérience qu’ils reçoivent comme inimaginable. Ils avaient beau avoir une grande admiration à son égard, s’être même engagés dans son aventure, l’expérience de la montagne qu’ils vivent avec lui dépasse toute intelligence.

Cette expérience extraordinaire, les apôtres l’ont faite alors que Jésus priait. C’est assez rare que, dans les évangiles, on voit Jésus prier. On nous dit souvent que Jésus se retire pour prier, mais on ne le voit pas prier, sauf ici et à Gethsémani, au point qu’un jour ses disciples lui demanderont : « Apprends-nous à prier ». Aujourd’hui, les apôtres voient Jésus prier.

Que se passe-t-il lorsque Jésus prie? « Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. » C’est comme si prier emportait Jésus dans un autre monde. Il devient transparent. Il se laisse voir comme il est, i.e. le Fils du Père.

Deux points me frappent dans ce que les apôtres voient. Le premier point est que Jésus se révèle dans un acte régulier de sa vie, et non dans une apparition triomphale venant d’un monde lointain, comme le montrent habituellement les grands peintres ou les images saintes. C’est dans le geste de la prière que Jésus apparaît comme l’être transformé, témoignant de la lumière qu’il est venu nous offrir. Alors, les apôtres entendent la parole du Père : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le! »

Le second point est qu’au moment même où le Père le reconnaît comme son Fils, Jésus est déjà conscient qu’il doit monter vers Jérusalem, là où se jouera sa vie. Il n’échappera pas à son destin. C’est de cela qu’il est question dans la conversation qu’il a avec Moïse et Élie.

Vous conviendrez avec moi que tout cela est un peu mystérieux et difficile à saisir. On comprend que les trois apôtres se soient sentis un peu perdus. Ils ne savent plus trop où ils sont, ni ce qu’ils disent. Ils vivent une expérience spirituelle qui les dépasse. C’est pourquoi, ils se tairont.

Ce n’est pas Jésus qui leur dit de garder le secret. C’est eux qui ne savent pas trop comment en parler, tellement ils se sentent dépassés par l’expérience qu’ils ont vécue. Il leur faudra la résurrection de Jésus pour commencer à saisir ce qui s’est passé ce jour-là. 

Quel sens, un tel évangile peut-il avoir pour nous aujourd’hui? En ce début du carême, cet évangile vient réanimer les forces de vie et de lumière qui nous habitent. En nous mettant en carême, voilà l’expérience spirituelle que nous espérons : rencontrer Jésus, le témoin du Père. Pour ce faire cependant, nous devons monter vers Jérusalem, avec les hauts et les bas que le voyage représente. C’est là, que la lumière de la résurrection de Jésus nous sera donnée. Que la prière nous mette en marche pour accueillir cette lumière.