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Communauté chrétienne St-Albert le Grand




 


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L'Épiphanie

6 janvier 2019

Isaïe 60, 1-6

Matthieu 2, 1-12

Les mages nous parlent encore… 

Yvon Pomerleau

Dans les librairies, à l’occasion de Noël, on trouve de moins en moins de livres à dimension religieuse. Le thème de la Nativité se retrouve parfois encore dans les livres pour enfants. En feuilletant certains de ces albums illustrés, j’ai remarqué que l’histoire des rois mages était racontée à travers un cycle d’événements donnant prétexte à autant d’images. Ce matin, j’aimerais parcourir rapidement ces diverses étapes du voyage des mages en faisant un lien avec notre propre cheminement dans la foi. Les mages nous parlent encore…          
           
L’observation des astres
Dans les dessins pour enfants, les mages sont présentés plus comme des astronomes que comme des Yvon Pomerleaumagiciens : ils observent les astres avec de grosses lunettes télescopiques. Dans l’art des enluminures du Moyen Âge, on voit souvent le deuxième mage montrer l’étoile au troisième mage. Les mages cherchent à interpréter l’influence des astres sur l’histoire. Ce sont des chercheurs. Un auteur italien a vu dans les mages des ancêtres des dominicains alors qu’il rattachait les franciscains aux bergers. La quête de sens est un des piliers de toute vie chrétienne.          
           
La cavalcade des mages 
L’astre invite les mages à le suivre. « Allons-y », se disent-ils, et ils se mettent en route. C’est un thème souvent développé dans la peinture. Dans l’art primitif des catacombes et des sarcophages, ce sont des chevaux qui sont les compagnons de route des mages. Aujourd’hui, nos crèches de Noël nous présentent plutôt des chameaux ou bien des dromadaires (si vous savez distinguer les uns des autres à partir du nombre de bosses dorsales). Pour les mages, la recherche mène à un engagement. Pour nous aussi, le cheminement fait partie de notre vie. La vie chrétienne se présente même comme une marche à la suite de Jésus.      
           
La rencontre avec Hérode.       
Arrivés à Jérusalem, les mages se rendent auprès du roi Hérode pour s’informer du lieu où est né l’enfant. Dans le récit de l’Épiphanie, deux images de rois des Juifs nous sont données. On trouve d’une part, avec Hérode, un pouvoir tyrannique qui va mener à l’élimination de tout concurrent éventuel. D’autre part, Jésus, qui se reconnaitra plus tard lui aussi comme roi des juifs, opte pour un pouvoir dans l’humilité, la pauvreté et le service. Pour le chrétien qui veut s’engager dans la suite de Jésus, un choix s’impose : renoncer à la tentation d’un pouvoir dominant en faveur de l’humble service des plus petits.      
           
La consultation des sages        
Hérode fait venir des experts dans les Écritures pour préciser le lieu où l’enfant doit naître. Cet événement souligne bien la place de l’Écriture pour éclairer la recherche religieuse. Aujourd’hui encore Dieu nous parle par des signes qui doivent être interprétés à la lumière de sa Parole
           
L’adoration des mages  
Une fois arrivés auprès de l’Enfant, les mages s’agenouillent et offrent des cadeaux. Au fil des ans, dans les représentations artistiques, il y a un geste qui s’impose de plus en plus. Le premier mage, ayant déposé sa couronne par terre, se prosterne assez proche de l’Enfant pour le toucher. Dans cette scène, les rôles sont inversés : c’est le grand qui se prosterne devant le petit. Dans les mages, ce sont les nations, les gentils qui reconnaissent en Jésus le Roi-Messie. Jésus sera le vrai sauveur de tous, Juifs et Grecs rassemblés. L’universalité du salut est ainsi annoncée dès la naissance de l’Enfant.     
Les mages offrent l’or, l’encens et la myrrhe. De ces trois cadeaux, on déduira que les mages devaient être au nombre de trois. Les Pères de l’Église ont dégagé de ces trois offrandes un sens religieux : l’or pour un Roi, l’encens pour Dieu et la myrrhe pour l’humanité souffrante et mortelle de Jésus. Pour Karl Rahner, ces présents sont des signes du don que nous faisons de nous-mêmes. L’or évoque notre amour, l’encens notre nostalgie et la myrrhe nos souffrances.    
           
          
Le retour des mages       
C’est un songe qui avertit les mages de ne pas retourner auprès d’Hérode et de prendre un autre chemin. Dans la cathédrale d’Autun, il y a une magnifique représentation de cet épisode mystérieux. Nos trois mages partagent le même lit et reposent sous une même couverture. Un ange les surplombe et touche le doigt de l’un d’eux et le réveille pour lui pointer de son autre doigt l’étoile. N’avons-nous pas tous à un moment ou l’autre de notre vie besoin d’un ange pour nous indiquer l’étoile?    
Les mages prennent une autre route pour rentrer dans leur pays. Une mosaïque dans le baptistère de Florence nous montre les mages rassemblés dans un même bateau. Après être venus par voie terrestre à Bethléem, les mages utilisent la voie maritime pour le retour. La rencontre avec Dieu entraine un changement de route, une conversion, aujourd’hui comme hier.  
          
Voilà, suggérée à grands traits, la belle leçon de foi que nous donnent aujourd’hui les mages. Nous sommes invités à vivre une foi aux dimensions du vaste monde et de toute la création… une foi capable de découvrir le Seigneur dans les signes à l’aide de l’Écriture… une foi qui est un cheminement qui n’exclut pas le questionnement et même le doute… une foi qui sait accueillir dans la joie la Bonne Nouvelle… une foi humble et agissante… une foi qui entraine la conversion du cœur…  
Prions le Seigneur qu’Il nous donne une telle foi à l’image des mages!