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Communauté chrétienne St-Albert le Grand




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Jour de Noël (C)

25 décembre 2018

Laissons éclater notre joie

Isaïe 52, 7-10

Luc 2, 15-20

Bruno Demers

Il y a quelques jours, j’écoutais une émission de radio qui parlait de la fête de Noël. Une des intervenantes disait que cette fête était devenue universelle parce qu’il y est question d’un enfant et qu’un enfant, ça fait l’unanimité. Personne ne reste insensible devant un enfant. Ça me rappelle le comportement, à première Bruno Demersvue étrange, de certains villages européens, au Moyen-Âge, qui, quand ils voyaient des étrangers s’approcher, envoyaient des enfants à leur rencontre afin de les amadouer, de faire naître en eux des sentiments de bienveillance.  

C’était un risque qu’ils prenaient mais on voit bien l’intention : gagner le cœur de ces nouveaux venus! C’est bien l’attraction qu’exerce un enfant : humaniser, attendrir, émouvoir. On voit ça surtout chez des gens qui deviennent grands-parents pour la première fois : ils deviennent complètement «gagas» comme on dit! Eh bien, c’est la façon que Dieu a choisie pour se manifester à nous : sous les traits d’un enfant afin de nous émouvoir, de nous rejoindre au dedans.       

C’est sans doute pour cela que deux de nos évangiles commencent par raconter la venue de Dieu dans notre histoire sous la forme de la naissance d’un enfant. Un couple qui, à cause du recensement ordonné, se retrouve dans une étable et où la femme accouche dans des conditions toutes simples. On n’est peut-être pas entièrement certain que tout se soit passé exactement comme raconté mais, ce dont on est sûr, c’est que, ce que ce récit dit de notre Dieu est vrai!         

À l’époque de Jésus, raconter la naissance de Dieu dans une étable, parmi des gens très simples avait quelque chose de surprenant et même de subversif. Dans les mondes grecs et romains, on était habitué à des figures de Dieu imposantes, fortes, majestueuses, guerrières. Le Dieu des chrétiens, lui, se présentait comme un enfant : une figure faible, humble mais touchante. Pas un Dieu qui suscite la crainte. Mais un Dieu qui fait spontanément appel à notre cœur, à notre affection. Comme si un enfant nous révélait à nous-mêmes ce que nous portons de meilleur, d’espérance et de bonté.    

En effet, notre Dieu est comme un père prodigue qui attend le retour de son fils parti à l’étranger dilapider sa part d’héritage. Son fils lui manque. Il le guette à tous les matins sur la colline à l’entrée de sa propriété. Et, quand un jour il l’aperçoit au loin, son cœur frémit, tout son être tressaille. Il court à sa rencontre, avant même que l’autre ne vienne lui demander pardon.    En effet, notre Dieu est comme un samaritain qui se promène en territoire juif. Il y a un blessé laissé pour mort sur le bord de la route. Des coreligionnaires juifs passent devant lui sans rien faire. Le samaritain, lui, passant par le même chemin aperçoit le blessé et, tout de suite, son cœur est remué, tout son être tressaille jusqu’aux entrailles. Il se précipite dans le fossé pour lui venir en aide. Le Dieu des chrétiens n’est pas un Dieu impassible, distant. C’est un Dieu sensible à la misère humaine. Un Dieu sensible comme un enfant.      

L’humoriste québécois Boukar Diouf disait à la radio, il y a quelques jours, que, dans son pays d’origine le Sénégal, pays majoritairement musulman mais aussi chrétien, Noël était célébré par tout le monde. Des musulmans invitent des chrétiens comme des chrétiens invitent des musulmans et tout ce beau monde célèbre ensemble! La venue d’un enfant rassemble tout le monde. Il y a comme une magie qui se développe à Noël et qui atteint d’une façon ou d’une autre tous les gens. C’est comme si, pour quelques jours, on essayait d’être de meilleurs humains.  

Comme si nous nous rappelions que l’être humain est plus qu’un être de consommation, un rouage dans la société de production; qu’il est aussi un être de gratuité, capable de donner. Que le bonheur n’est pas seulement la recherche individuelle des plaisirs; c’est aussi la joie que nous ressentons quand nous aidons quelqu’un à être heureux. Que l’amour est plus que la jouissance physique; qu’il est aussi l’affection et la tendresse que nous donnons gratuitement aux autres. Autant de pages d’Évangile vécues dans le quotidien.          

La magie de Noël, c’est tout ça! Une qualité d’humanité que nous pouvons faire grandir entre nous. Une qualité d’humanité que nous éprouvons à la vue d’un enfant. Comme si un enfant avait le pouvoir de nous révéler à nous-mêmes ce que nous portons de meilleur, d’espérance et de bonté. C’est ça que je vous souhaite pour Noël et pour chacun des jours de l’année. De vous laisser émouvoir par celles et ceux qui vous entourent! Merci à Dieu de s’être présenté à nous sous les traits d’un enfant.