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25e Dimanche du Temps Ordinaire (B)

23 septembre 2018

Servir

Jacques 3, 16–4.3

Marc 9, 30-37

Bruno Demers

Est-ce qu’il vous arrive parfois de vouloir être les premiers, les premières?          
- les premières à l’école         
- les premiers comme équipe de travail dans une compagnie          
- les premiers arrivés lors d’un spectacle pour avoir les meilleures places 
 -les premiers à vous inscrire à tel ou tel service pour notre communauté chrétienne cette année.
En tout cas, nous en connaissons au moins quatre au Québec, ces temps-ci, qui cherchent à être les Bruno Demerspremiers dans les sondages. On ne peut pas leur en vouloir, il y a là des enjeux bien réels surtout quand il s’agit d’exercer le pouvoir pour une population.        
           
Ça tombe bien parce que c’est exactement l’enjeu de l’Évangile d’aujourd’hui. Vouloir être le plus grand, vouloir être le premier. Souvent on imagine cette discussion entre les disciples comme étant une question anodine de caprice, de privilège. Or, ce n’est absolument pas le cas. Dans l’évangile de Marc, la transfiguration vient d’avoir lieu. Les apôtres sont dans l’éblouissement. Jésus a été déclaré « Fils bien aimé qu’il faut écouter ». Un peu avant, Pierre avait reconnu en Jésus le Messie : « Tu es le Christ » le roi qu’on attend, Ce Fils de L’homme qui doit prendre la tête de toute l’humanité. Voilà pourquoi les disciples sont préoccupés de savoir qui sera le premier ministre, qui aura la plus grosse responsabilité dans le gouvernement du Royaume de Dieu. C’est légitime comme préoccupation! Que répond Jésus à ce genre de discussion? D’abord, il n’a pas l’air horrifié! Il ne leur dit pas : « c’est mal de vouloir être le premier. » « Non! Il leur donne même le moyen d’y arriver : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Ce que nous rappelle cette autre phrase de Jésus : « Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi mais pour servir. »
           
Or les apôtres ne comprennent pas comme à bien d’autres occasions d’ailleurs. Ils ne saisissent pas ce que Jésus essaie de leur dire  
- non parce qu’ils ne sont pas intelligents     
- non parce que Jésus utilise un langage compliqué.
Ils ne comprennent pas parce que, ce que dit Jésus, implique de devoir changer complètement leur manière de voir la réalité, leur manière de voir l’exercice du pouvoir. En effet, quand on a le pouvoir, on veut souvent en avoir plus. L’exercice du pouvoir comporte toujours le risque de tout centraliser, de tout contrôler. 
           
Le mouvement « Moi aussi » « Me too », (la révolte des femmes) a bien mis en lumière combien l’être humain est fasciné par le pouvoir. Et comment le pouvoir peut transformer l’autre humain en un plaisir pervers à utiliser ou à dominer. Le pouvoir comporte toujours ce risque. À moins qu’il ne soit pas recherché en lui-même mais comme moyen de servir! Ici l’Évangile offre toujours un message qui donne à penser, encore aujourd’hui. En effet, rappelons-nous ce que veut dire « servir » dans la bouche de Jésus en regardant comment il a compris et vécu cela. Jésus n’a pas servi en s’humiliant devant les autres, en refusant toute forme d’appréciation. Servir, ce n’est pas s’humilier! Jésus l’a fait en guérissant, en pardonnant, en mettant son temps et ses énergies au service des plus faibles, en combattant l’exclusion. Autrement dit, Jésus a voulu aider la vie à s’épanouir. Et l’aider là où elle peinait à croître et à se déployer pleinement. Il a voulu libérer les puissances de vie de ceux et celles qu’on enfermait dans des préjugés, qu’on excluait et marginalisait. C’est pour ça qu’il prend tout de suite un enfant et qu’il le place au milieu d’eux. Pas un enfant au sens où nous l’entendons aujourd’hui, mais plutôt un enfant comme on les voyait à l’époque, c’est-à-dire sans aucun statut social, comme les veuves, les pauvres, les sans-pouvoir, ceux et celles qui étaient situés tout au bas de l’échelle sociale. Car, dans le Royaume de Dieu, les plus petits, les rejetés, ont une place. Ils sont pris en considération, ils sont même mis au centre, comme dans tout programme politique qui cherche à rendre la société plus humaine.    
           
Voulez-vous être les premières, les premiers? Soyez sans crainte, je ne veux pas prendre la place du frère Guy Lapointe ce matin. J’espère simplement avoir été l’un des premiers à offrir mes disponibilités de président de célébration pour la communauté. J’imagine que vous êtes déjà les premières, les premiers à servir votre famille, vos amis. Vivre selon l’Évangile c’est aider la vie à s’épanouir. Vous avez sûrement plusieurs occasions de le faire. Notre communauté chrétienne a aussi des besoins de ce côté-là. Car servir, c’est la marque de commerce de la religion de l’Évangile, de la grande marche à la suite de Jésus Christ. 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal