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17e Dimanche du Temps Ordinaire (B)

22 juillet 2016

Prenez — rendez grâce — partagez

La multiplication des pains

2 Rois 4, 42

Jean 6, 1–15

Ep 4, 1–2

 

Christine Mayr

Christine Mayr

Ce n’est pas une homélie. Je vais simplement vous partager un conte que j’avais conté aux enfants de la première communion. Vous avez probablement réalisé que dans l’évangile de Jean, c’est un enfant qui amène les cinq pains et les deux poissons. C’est important. Cet enfant peut nous apprendre quelque chose. Je veux vous raconter son histoire :  
Christine Mayr
           

Les enfants jouent à l’extérieur du village quand arrive un jeune ado : « Les enfants » dit-il, « le grand conteur, Jésus est arrivé au village ». Les enfants, d’une seule voix répondent : « On veut voir Jésus, on veut l’entendre » et ils partent en trombe.        

Mais arrivés au village, ils ne voient pas Jésus, mais seulement un mur de dos d’adultes. « On veut voir Jésus, on veut l’entendre! » crient-ils. Quelques adultes se retournent; « Taisez-vous » disent-ils, « vous dérangez ». Mais les enfants crient encore plus fort : « On veut voir Jésus, on veut l’entendre! » Jésus les entend.       

Vous avez reconnu l’évangile? Vous savez, ce que Jésus répond : « Laissez les enfants venir à moi. Ce sont eux qui me comprennent le mieux. Ce sont eux qui comprennent la volonté de Dieu, mon père, et son règne parmi nous. »         

Et les enfants avancent. Les plus grands s’assoient aux pieds de Jésus, les plus petits sur ses genoux. Et Jésus conte; il parle de Dieu son Père, le meilleur père qui soit. Il parle longtemps et puis il dit : Je dois partir; on m’attend au prochain village. »           

Un enfant se lève. Je l’appelle Jean, mais ça pourrait aussi bien être Jeannette. « Moi », dit-il » je viens avec toi. Je veux te suivre, et devenir un grand conteur comme toi » Jésus sourit : « Voyons, Jean, tu es trop jeune pour me suivre tout de suite. Tes parents ne seraient pas d’accord, mais plus tard, je te le promets, tu peux me suivre ». Et Jésus part.      

Jean est déçu : plus tard, c’est loin… c’est jamais! Jean veut suivre Jésus tout de suite. Alors, il garde ses yeux et ses oreilles ouverts. Un jour il entend les adultes parler : « Demain, au Lac de Tibériade… » Il demande à ces parents : « Est-ce vrai, Jésus serait-il demain au Lac de Tibériade? » — « Oui, mon Jean. » « Est-ce que vous y allez? » « Bien sûr, mon Jean. » « Puis-je vous accompagner? »      

« Voyons, dit la mère, tu es trop jeune. C’est un voyage beaucoup trop difficile : Il faut se lever pendant qu’il fait encore nuit, et il faut marcher des heures et des heures sous le soleil brulant. Il n'en est pas question! » — « Papa?! dit Jean, qu’en dis-tu? » Et le père répond : « Ta mère a raison, comme toujours – des enfants qui ne veulent jamais se coucher quand on leur dit que c’est le temps, ces enfants ne peuvent certainement pas se lever si tôt le matin » Et le père fait un clin d’œil à son enfant. (C’est vraiment un père presque aussi bon que celui de Jésus).      

Ce soir l’enfant se couche même avant le coucher du soleil. Mais il ne peut pas s’endormir. Il tourne et se retourne dans son lit, et il réfléchit : « Si Maman avait raison? S’il n’était vraiment pas assez fort? » Et puis il a une idée. Il va dans la cuisine, se met une collation dans ses poches, et retourne dans son lit. Au moment même où sa tête touche l’oreiller, il s’endort. 

Il se réveille au bruit de la porte qui claque. Ses parents sont partis. L’enfant se lève, met ses vêtements, préparés le soir, et ouvre la porte. À l’extérieur, c’est la nuit noire. Pas de lune, juste les étoiles – et – au loin, une petite lumière qui bouge. Ça doit être la lanterne de ses parents. L’enfant suit en gardant la distance : il ne veut pas être renvoyé à la maison. – Tout à coup la lumière disparait. Ses parents sont rentrés dans la forêt.  

L’enfant, à son tour, entre dans la forêt. Il y fait noir. L’enfant peut à peine voir la main devant ses yeux. Il trébuche sur des racines. Il ne voit rien, mais il entend les bruits de la nuit. Est-ce que ce sont des animaux sauvages?… ou des… MONSTRES!? » L’enfant a peur!… C’est normal!         

Mais plus grand que sa peur est son désir de voir Jésus : « Jésus » prie-t-il, « viens à mon aide, je veux te voir! » Et voilà que le ciel change du noir au gris. L’enfant peut voir son chemin et la lumière entre les troncs d’arbres. Quand il arrive au bord de la forêt, le soleil se lève à l’horizon.

Avez-vous vu le soleil se lever? Ce n’est pas une boule de feu, non, c’est comme un œil doré qui vous regarde et vous réchauffe le cœur. L’enfant prend courage et continue son chemin. Le soleil continue aussi de monter dans le ciel. Il devient de plus en plus chaud. L’enfant a soif. Bientôt la langue lui colle sur le palais; puis il voit plusieurs soleils danser devant ses yeux. Il est à la fin de ses forces. Mais plus grand que son épuisement est son désir de voir Jésus. « Viens à mon aide, je veux te voir » dit-il. Et voilà qu’il entend le bruit d’une source au bord du chemin. L’enfant boit et rempli d'un nouvel élan, il grimpe la dernière colline.     

En bas il voit le Lac de Tibériade; et à la rive une grande foule; 100, non 500, non 1000 personnes. L’enfant ne peut pas les conter. Ce sont certainement 5000. Et directement au bord du lac, sur un rocher, il voit Jésus, entouré de ses apôtres. L’enfant dégringole la pente, se faufile entre les gens jusqu’à ce qu’il puisse s’asseoir juste en face de Jésus. Là, il boit ses paroles, comme il avait bu à la source.      

Mais soudain il entend un bruit affreux : Est-ce une bête sauvage? Mais non, comment une bête sauvage pourrait-elle être entre tous ses gens. Ce n’est pas un rugissement; c’est plutôt un gargouillement. Mais oui, c’est son ventre qui gargouille, et ceux de ses voisins tout autour : un bruit affreux! Jésus l’entend aussi. Il arrête de parler et se tourne vers ses apôtres : « Donnez-leur à manger » dit-il.  

Les Apôtres se regardent : Jésus aurait-il pris un coup de soleil? « Maître, disent-ils, où prendrions nous l’argent pout tant de monde? Et même si nous en avions, le prochain village est à deux heures de marche? ». Mais l’enfant ne calcule pas. Il se lève spontanément et dit : « Moi, j’ai cinq pains d’orge et deux poissons ».    

Jésus le regarde en souriant, et son œil est comme le soleil levant qui réchauffe le cœur. « Viens » dit-il. Il place l’enfant devant lui, puis il prend les pains et les poissons et rend grâce :   

« Père, je te rends grâce pour cet enfant qui a compris ta volonté, ton règne parmi nous! Et je te rends grâce pour ces pains et poissons, fruit de la terre et du travail des hommes, qu’ils deviennent le signe de ton règne parmi nous. »     

Puis il prend un pain et le donne à l’enfant : « Prends et mange, dit-il, car partager ne veut pas dire tout donner. Partager veut juste dire : partager. C’est simple ». Puis il prend un autre pain et le donne à une autre personne : « Prends et mange, toi aussi ». Mais l’autre devient tout rouge et il bégaie : « Moi aussi, j’ai apporté ma collation, mais je n’ai pas osé la sortir. Ce n’est pas assez pour tous, je me suis dit. Mais si tu veux, moi aussi je peux partager. »   

Et ainsi 5000 personnes mangent à leur satiété. Ceux qui ont partagé avec ceux et ceux qui n’en ont pas, et à la fin on ramasse, comme à nos repas communautaires, 12 paniers de restes.        

Oui, l’enfant avait compris : Prenez – rendez grâce - et partagez! 

Et nous… ?   

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal