Bandeau de la communauté

Imprimer

Voir le déroulement de ce dimanche

 

La Saint-Jean (B)

24 juin 2018

Quel est ton nom?

Actes des Apôtres 13, 23-26

Luc 1, 57-66. 80

Germain Derome

Germain Derome

« Quel est ton nom ? » Telle est la question adressée à Élisabeth et Zacharie à propos de cet enfant qui vient de leur naître comme un don du ciel, puisque tous deux étaient déjà avancés en âge. Dans l’Antiquité comme de nos jours, un être humain ne reçoit son identité personnelle qu’en étant nommé. Le récit que nous venons d’entendre nous dit de quelle façon inattendue et mystérieuse cet enfant a été appelé Jean, ce nom qui signifie « le Seigneur fait grâce ». On disait : « Que sera cet enfant ? », car on voyait bien que le Seigneur était avec lui. Cet enfant grandissait et, son esprit se fortifiant, nous savons qu’il sera celui qui ouvre le chemin pour Jésus en proclamant un baptême de conversion. C’est ce même Jean qui, au moment d’achever sa route, disait : « Ce que vous pensez que je suis, je ne le suis pas. Mais le voici qui vient après moi. » 

Germain Derome« Quel est ton nom ? » et « Qui es-tu ? », les deux questions se rejoignent et elles nous sont adressées à nous ici et maintenant en train de célébrer la fête de Saint-Jean-Baptiste. En effet, que célébrons-nous en cette fête d’eucharistie ? Qui est pour nous Jean le baptiste ? Que nous l’ayons adopté comme saint patron de notre peuple québécois demeure encore assez énigmatique, mais ce personnage annonciateur d’une lumière nouvelle, de plus grand que lui, peut et doit nous interroger sur notre propre identité personnelle et collective. Qui sommes-nous en tant que chrétiens croyant que Jésus a été et demeure, comme Christ ressuscité, Dieu présent et agissant parmi nous ? Cette interpellation s’adresse aussi à nous comme communauté chrétienne Saint-Albert. À notre dernière assemblée générale, nous avons décidé d’entreprendre une démarche que nous avons appelée « Chemin de foi ». Qu’est-ce que cela signifie pour nous comme engagement ? Notre relation personnelle avec le Dieu vivant est-elle à la hauteur de notre baptême ? Ce Dieu aimant et accueillant que Jésus nous a révélé, comment le manifestons-nous en nous-mêmes et à l’égard de ceux qui nous entourent ?     

Je pose ici des questions, mais je sens bien que notre capacité d’accueil est grande et que notre cœur est ouvert à la diversité qui est déjà présente dans notre communauté, faite de membres d’origines très variées et venant de régions diverses célébrer l’eucharistie les dimanches. Il en est de même, je crois, pour nous, peuple québécois, pour qui la Saint-Jean est la fête nationale. Nous avons, je pense, le sentiment de former une nation avec une identité propre, de tradition chrétienne et de langue française. Nous reconnaissons et rendons grâces pour tout ce que nous avons reçu de ces ouvreurs de chemin dont nous venons de chanter la litanie. Nous venons à la suite de ces transmetteurs de foi et d’espérance et nous sentons la responsabilité que nous avons de poursuivre sur ce chemin que nous indiquait déjà Jean le baptiseur et qui nous annonçait la venue de plus grand que nous et d’une lumière nouvelle.         

Mais cette identité n’est pas un repli sur nous-mêmes et ne nous empêche pas d’accueillir les autres dans leurs différences. Nous avons manifesté cette capacité d’accueil dans notre communauté avec notre démarche envers des réfugiés. J’aimerais en terminant évoquer la figure inspirante pour nous de l’apôtre Paul dont nous avons entendu la voix dans la première lecture des Actes des apôtres. En effet, Paul avait une triple appartenance. Il était juif de naissance et même, dans sa jeunesse, persécuteur de la nouvelle secte des chrétiens avant sa conversion sur le chemin de Damas. Il était, et surtout je crois, un Grec de la cité de Tarse en Asie Mineure et sa langue maternelle était le grec, qu’il utilisait dans ses lettres aux différentes communautés chrétiennes qu’il visitait dans ses infatigables pérégrinations. Il était aussi citoyen romain de naissance, par son père, et c'est à ce titre qu'il a pu en appeler à l'empereur romain quand il fut arrêté pour être jugé et c'est cela qui l'a amené à Rome. Triple appartenance ethnique et citoyenne, mais même loyauté au Christ Jésus qui en a fait l’apôtre des nations. Quelle invitation à notre engagement personnel et collectif !          

Bonne Saint-Jean-Baptiste à nous tous !   

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal