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10e Dimanche du Temps Ordinaire (B)
10 juin 2018
« L'homme intérieur » se renouvelle de jour en jour
Hubert Doucet
Quel lien existe-t-il entre l’évangile que nous venons d’entendre et la lettre de saint Paul aux Corinthiens qui nous a été lue? Cette question, l’équipe chargée de la préparation de notre célébration se l’est longuement posée. Nous n’arrivions pas à dégager un fil conducteur qui pouvait donner du sens à notre rencontre. Peu à peu, nos échanges nous ont permis de dégager une trame de fond qui oriente notre eucharistie de ce midi : L’homme intérieur se renouvelle de jour en jour.
Ce que fait Paul dans sa lettre aux Corinthiens, ce n’est pas tant d’affirmer que Jésus est ressuscité, c’est de faire ressortir la retombée de cette résurrection pour nous aujourd’hui : un renouvellement intérieur quotidien. Notre résurrection avec Jésus fait peau neuve de jour en jour.
Susciter cette régénération était le projet de Jésus, même avant sa résurrection. On le voit très bien dans l’évangile qui vient de nous être annoncé. Dans ses actions, ses comportements, ses manières de penser, Jésus renouvelle en profondeur nos manières de vivre et d’être. Il les recrée et les revivifie.
Dans son groupe naturel, son clan familial, cette dynamique de dépoussiérage ne passe pas. On le prend pour un fou : « Il a perdu la tête ». Parce qu’il sort de l’ordre familial et prend des libertés avec les pratiques établies de son clan, plusieurs de ses proches l’accusent d’agir mal. Les autorités morales et intellectuelles lui font le même reproche de ne pas agir selon les normes et les règles auxquelles tous doivent se soumettre. D’où l’accusation qu’on lui fait de pactiser avec Satan.
Pour les gens qui accueillent Jésus et sa manière d’être, au contraire, ils sont touchés par ce qu’il dit et fait. Un nouvel esprit prend forme : ces hommes et ces femmes deviennent sa famille, son lieu de vie. Sans nier les liens du sang, Jésus élargit sa famille, en accueillant toutes sortes de gens.
Dans le monde d’aujourd’hui en pleine transformation, on voit apparaître diverses formes de familles. Ces formes nouvelles ne sont peut-être pas toutes des modèles, toutes indiquent cependant que nous ne pouvons pas vivre humainement sans créer des liens. Au plus profond de chaque personne, il y a ce besoin de vivre l’amitié, la fraternité, la sororité. Dans ce sens, ces hommes et ces femmes qui font cercle autour de Jésus font déjà l’expérience de la résurrection; ils sont en communion avec lui. Ils vivent une expérience de renouvellement, de résurrection.
Ici, nous pouvons retrouver le texte de Paul aux Corinthiens. Paul écrit : « L’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. » Dans le contexte de l’évangile, je vois l’homme extérieur, non pas comme quelqu’un qui serait sans valeurs, mais plutôt comme quelqu’un de figé. Le souci principal de cette personne consiste à se protéger contre ce qui pourrait mettre en cause la vie pour laquelle elle a travaillé si fort. Parce qu’elle ne veut pas mettre sa stabilité en péril, elle devient indisponible au mouvement de la vie.
Pour l’homme intérieur, au contraire, la vie est quelque chose d’inachevée, un mouvement, une ouverture. Emmanuel Mounier, avait cette phrase qui m’a toujours touché : « l’événement sera notre maître intérieur ». Par l’écoute de la vie qui est offerte, le renouvellement se fait quotidien. Dans ce sens, la résurrection n’est pas une chose faite. Pour toute personne qui se fait frère et sœur de Jésus dans l’écoute de sa parole, sa résurrection devient une expérience quotidienne qui amplifie sa vie.
À chacune et chacun, je vous souhaite de vous renouveler de jour en jour.