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L'ascension du Seigneur (B)

13 mai 2018

« Le Seigneur est à l'œuvre avec nous »

Actes 1, 1-11

Mc 16, 15-29

Eph 4, 1-7 

Yvon D. Gélinas


Ils ont parcouru un long chemin, les Apôtres, depuis qu’ils ont décidé de mettre leurs pas dans ceux de Jésus de Nazareth. Il y a eu le chemin de la mission où ils l’ont vu agir, où ils ont entendu sa Parole. Ils ont vécu la désillusion de sa condamnation et de sa mort en croix, « la mort d’un imposteur » ont dit les chefs du peuple. Et puis maintenant il leur faut vivre un double choc : celui de l’annonce difficile à admettre de sa résurrection et celui, tout aussi difficile à vivre, de la prise de conscience de son départ. Non pas un départ qui laisse le vide de l’absence, mais la certitude d’une autre forme de présence, bien réelle, mais qui tient de la foi et de l’espérance.

C’est vers eux que se tourne notre regard en ce jour de mémoire de l’Ascension. On ne néglige pas pour autant l’affirmation de la résurrection et de la gloire du Christ, mais l’expérience vécue par les Apôtres est proche de notre expérience à nous, chrétiens et chrétiennes ; elle permet mieux d’ancrer dans notre démarche à nous, dans ce chemin à parcourir à sa suite et dans ses pas, la foi en sa résurrection et la réception de son dernier message : de tout cela vous serez mes témoins.    

Une évocation, une image, nous aide à comprendre ce qu’ont vécu les Apôtres entre Pâques et Pentecôte. On a vécu dans un milieu familial où l’on a appris bien des choses, où des valeurs nous ont été transmises. Et puis est venu un jour où il a fallu quitter ce qui ressemblait à un nid confortable, à tout le moins un lieu d’apprentissage ; quitter la maison pour se retrouver devant une vie bien à soi. Au sentiment joyeux de pouvoir être vraiment soi-même, se mêle alors quand même une inquiétude, celle de l’avenir où on sera porté bien sûr par tout ce qui a déjà été vécu et transmis, mais où il faudra surtout compter sur soi-même, sur ses propres ressources.

L’image éclate de toutes parts appliquée à l’expérience des Apôtres, mais elle aide à comprendre un peu mieux ce qu’a été pour eux après le choc de sa mort et la désespérance, la difficulté à croire en cette annonce de la résurrection de ce Jésus avec lequel tant de liens avaient été noués. Des hésitations, des doutes, oui, mais surtout la crainte de l’illusion, de se tromper encore. Puis c’est maintenant l’affirmation de la réalité de sa résurrection, de sa nouvelle présence avec eux et en eux. Un temps de réflexion et de maturation s’impose. Mais voilà un autre événement. Ces hommes en blanc qui leur disent qu’il ne faut plus se contenter de regarder vers le ciel, tout entiers dans la recherche de sa présence en un lieu mystérieux, mais de l’attendre et de le rechercher dans la vie du monde, chez les vivants, dans la vie avec les autres et en eux. Il faut quitter la maison et répondre à son ultime injonction : Allez de par le monde entier, vous êtes désormais mes témoins ! En quelque sorte : c’est à vous désormais de porter la Parole et de continuer sans cesse la mission de salut, de guérison et de libération, mission de partage de justice et de paix. 

Cette expérience des Apôtres est maintenant la nôtre. Nous ne sommes pas conviés à ne regarder que le ciel, mais à être désormais des témoins d’une Parole et d’un agir. Être témoin, cela veut dire porter en nous sa parole, une parole qui éclaire et guide et donne sens; cela veut dire laisser grandir en nous, malgré tant de doutes, son message d’amour et de paix. Cela veut dire chercher et trouver les mots qui peuvent consoler et guérir au besoin. Cela veut dire vouloir, dans la force de l’esprit qu’il nous donne, demeurer fermes en sa parole, en son modèle, et cela contre vents et marées, contre le froid des indifférences et le feu des violences. Être témoin, c’est simple et grand tout à la fois. C’est simple parce que nous ne sommes pas seuls ; justement son esprit est en nous. Il travaille avec nous, le Seigneur, comme autrefois avec les Apôtres. C’est grand parce que c’est la dignité dont il a voulu que nous soyons revêtus.          

La fête de l’Ascension n’est pas pour nous que le souvenir de son entrée dans la gloire, ou de ce qu’ont vécu autrefois les disciples, ou encore le temps de vivre une absence que nous devons compenser par des gestes et des mots. C’est être ce que nous sommes, à sa suite et pour notre monde : des porteurs de vie, des porteurs d’espérance, au-delà et même en tout cela qui semble n’être que malheurs et désespérances. Peut-être alors, parce que l’on est bien ancré en ce monde, peut-on se permettre de regarder aussi vers le ciel.     

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal