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6e Dimanche de Pâques (B)

6 avril 2018

Actes 10, 25-26 .34-35.44-48

Évangile selon saint Jean 15, 9-17

1ère lettre de Jean 4, 7-10

« Que ma joie soit en vous. »

Hubert Doucet

Hubert Doucet      

L’événement du baptême du centurion romain Corneille me paraît d’une grande actualité. Ce baptême que Pierre semble si heureux de donner soulève pourtant de fortes critiques de la part de ses amis. Les croyants qui l’accompagnent ressentent un profond malaise. Pour eux, Corneille l’étranger ne remplit pas les conditions nécessaires pour avoir part à la réalité nouvelle qu’est venu apporter Jésus. Son identité n’est pas conforme : comment un étranger peut-il être à la hauteur du baptême de l’Esprit?     

Hubert DoucetIl y a un autre élément qui me frappe dans le récit des Actes des Apôtres. Pourquoi Pierre, lui, est-il si ouvert, si accueillant à l’étranger? En effet, à lire d’autres récits du livre des Actes, Pierre se montre plutôt rébarbatif à intégrer les non Juifs à la communauté des croyants. Que se passe-t-il pour qu’ici, il ait cette attitude ouverte?      

Dans le texte de la liturgie de ce 6e dimanche de Pâques, il manque malheureusement un bout de l’histoire. C’est ce bout manquant qui prépare Pierre à un extraordinaire retournement de regard et de comportement. La veille de l’événement qu’on nous raconte ce midi, l’Esprit lui avait dit en songe : « Tu vas avoir un peu de scrupule à te comporter comme je vais te le demander, mais fais-le ». Les mots des Actes sont les suivants : « Ce que Dieu a déclaré pur, toi, ne le déclare pas interdit » (Ac.10, 16). Et c’est aussitôt après ces paroles mystérieuses que Pierre reçut la visite des envoyés de Corneille. Devant Corneille l’étranger, l’ennemi même, Pierre, conduit par l’Esprit, a compris ce que voulait dire « aimer comme Jésus. » 

Ce que je trouve de particulièrement intéressant dans la suite du récit, c’est qu’une fois le baptême donné, tout change : on sent une communauté de joie se créer. L’hospitalité entraîne une fête qui va se poursuivre durant quelques jours. Tous ces gens, hier encore étrangers les uns aux autres, sont maintenant heureux d’être ensemble.

Ce récit du baptême de Corneille me semble donner toute son amplitude au souhait de Jésus qui nous était adressé dans l’évangile que nous venons d’entendre : « Que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite ».

À la veille de sa mort, le soir du jeudi, cette parole avait sans doute été reçue comme un testament que le maître adressait à ses amis proches, comme une dernière parole transmise à des intimes à des moments cruciaux de la vie. C’est dans cet esprit-là que Pierre et ses proches ont dû recevoir cette parole.    

Avec la résurrection de Jésus, avec le renouvellement de la vie qu’elle entraîne, le souhait de la joie parfaite brise le cercle des amis proches. La vie s’éclate; elle est maintenant ouverte à toutes et tous. L’amitié avec Jésus n’est plus sectaire, elle devient universelle.

L’histoire qui nous a été racontée aujourd’hui ouvre sur la Pentecôte, où la cacophonie des langues se fait communion universelle. Devant ce phénomène, comment ne pas être joyeux! Nous savons que c’est maintenant possible. À nous, de mettre en œuvre cette communion pour que la joie habite notre terre.