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3e Dimanche du Carême (B)

4 mars 2018

Dieu nous fait signe

Ex 20, 1-7

Jean 2, 13-25

Bruno Demers

Quels signes peux-tu nous donner?
Fais-moi signe quand tu arriveras à Montréal.
Ma voiture commence à donner des signes d’usure…
Oui, c’est plein de signes autour de nous :
des petits mots, des petits gestes, des petits événements que nous percevons
Bruno Demerset qui nous permettent de conclure à telle ou telle information.
Notre Dieu communique avec nous de cette façon-là.
Tel un ami, il ne s’impose pas. Il respecte tellement notre liberté
qu’il utilise des signes quand il veut nous rejoindre.
Mais les signes sont à interpréter
surtout sur cette route qui nous conduit à Pâques.

Le premier signe dont il est question aujourd’hui, c’est celui de la Loi.
C’est étrange parce que, spontanément pour nous, le mot loi
évoque quelque chose de négatif, une prescription restrictive.
Or, pour les juifs encore aujourd’hui, ce n’est pas le cas.
La Loi, c’est le signe de la bienveillance de Dieu pour son peuple.
Après avoir aidé son peuple à se libérer lors du passage de la mer rouge,
Dieu se fait connaître aux juifs :
Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir de l’esclavage.
Et il leur présente un chemin pour établir une relation, pour entrer en contact avec eux.

Une alliance en dix paroles qui visent à ouvrir un espace où inventer un agir.
D’un côté, des interdits pour avertir de dangers présents,
des balises pour délimiter le lieu de la créativité.
Huit paroles qui disent les impasses à éviter si on ne veut pas retourner à l’esclavage.
De l’autre, deux paroles positives :
Souviens-toi du jour du sabbat / Honore ton père et ta mère
pour rappeler l’importance du repos et de l’action de grâce pour la vie reçue et transmise.
Dix paroles, dix signes qui indiquent un chemin de vie et de liberté.

Deuxième grand signe présenté aujourd’hui : le Temple.
Pour les juifs, le Temple, c’est la demeure de Dieu parmi les humains.
C’est pour ça qu’on l’avait embelli, décoré. Il était d’ailleurs considéré
comme une des plus belles œuvres architecturales de l’époque.
On venait au Temple pour entrer en contact avec Dieu.
Pour cela, on achetait des animaux que les prêtres immolaient sur de grands autels
pour se mettre en règle avec Dieu,
pour demander, en échange, ses faveurs.
C’est ainsi que beaucoup de juifs de l’époque voyaient leur relation avec Dieu :
du donnant-donnant : une grosse bête à sacrifier pour obtenir une grosse faveur de lui.
On devine tout de suite pourquoi Jésus s’en prend à ce signe!
Dieu ne veut pas une telle relation commerciale avec nous.
Dieu veut plutôt nouer une relation de gratuité : l’offrande et l’accueil de l’amour.
En effet, Jésus n’a de cesse de nous révéler un Dieu qui ne nous oblige pas,
qui fait preuve de miséricorde, qui veut nous partager sa propre vie.
Comme les prophètes Jérémie et Zacharie avant lui,
Jésus s’en prend à ce mauvais usage du Temple
qui indique une perversion de la relation avec Dieu.
Cessez de faire de la maison de mon Père, une maison de commerce.

Jésus n’arrête pas de parler de ce rapport plein de bienveillance et de tendresse avec Dieu
Quand il raconte l’histoire des ouvriers de la dernière heure
où, à la fin de la journée, ceux qui ont travaillé une heure
reçoivent le même salaire que ceux qui ont peiné toute la journée.
Quand il raconte l’histoire du fils prodigue qui, quand il revient vers son père,
a droit à un somptueux banquet après avoir dilapidé la moitié de l’héritage du père.
Quand il pardonne à la femme adultère,
devant des pharisiens qui, eux, mènent une bonne vie vertueuse…

Oups! On comprend un peu mieux maintenant
pourquoi les signes d’un tel rapport avec Dieu ont commencé à faire mal.
Ça allait contre le gros bon sens!
Ça allait contre les règles sociales de justice équivalente les plus élémentaires!
Alors des hésitations, des résistances sont apparues.
Avec le temps, une opposition s’est levée et a grandi
pour faire obstruction à la prédication et aux agissements de Jésus.
On comprend un peu mieux pourquoi
ce rapport d’amour gratuit de Dieu pour les humains l’a conduit à la croix!
Les paroles et les gestes d’un tel prophète
étaient devenues irrecevables pour la société d’alors comme pour celle d’aujourd’hui.

Les signes de l’amour de Dieu qu’étaient la Loi et le Temple ont été dépassés
par ce nouveau signe qui est apparu : celui de la Croix.
Scandale pour les juifs, folie pour les nations païennes,
comme le disait saint Paul dans une lettre.
Un signe toujours subversif pour n’importe quelle société
même celles d’aujourd’hui.
La demeure de Dieu parmi les humains n’est plus une construction de pierres.
Elle est le corps du Ressuscité de Pâques
constitué de tous les croyants qui cherchent à vivre selon l’Évangile.
Depuis l’événement de la mort et de la résurrection de Jésus Christ,
la croix est devenue le signe définitif de la miséricorde de Dieu pour les humains.

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal