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4e Dimanche du Temps Ordinaire (B)

28 janvier 2018

Une parole du cœur au cœur

Deutéronome 18, 15-20

Marc 1, 21-28

Yvon D. Gélinas



Ce jour-là, tous étaient frappés de stupeur dans la synagogue de Capharnaüm : Voici un enseignement nouveau donnée à l’autorité. Entendons-nous bien sur l’autorité de l’enseignement de Jésus, Il ne s’agit pas d’une parole qui domine ou impose. C’est avant tout une parole qui convainc, qui entraîne la confiance et qui est efficace. C’est un enseignement qui est nouveau, une parole qui est nouvelle non pas uniquement par le contenu — elle reprend tellement de la parole des anciens prophètes, de la sagesse ancienne, qu’elle dépasse et accomplie — mais par la manière et le ton. Elle n’est pas comme la parole des scribes du temps de Jésus — de tous les temps — qui est souvent enseignement valable et beau mais fait de mots, de formules impersonnelles et souvent aussi usées.      

Elle se présente ainsi convaincante et neuve cette parole parce qu’elle vient de l’abondance de la foi, de l’espérance, de l’Esprit aussi, surtout, elle vient du cœur et va droit au cœur de la vie, au cœur de celui ou celle qui l’entend et la reçoit.       

Ce qui avant tout est la marque distinctive de la parole de Jésus, c’est qu’elle est efficace. La suite du petit récit de ce matin le montre bien. Jésus dit, et l’homme tourmenté, habité d’un esprit mauvais, est délivré de ce qui le retenait prisonnier en son corps. Et à lui est alors rendu possible de parler, de prendre parole.

Cette efficacité vient de ce que cette parole n’est pas proclamée que par des mots sans résonance intérieure. Elle est vraie et authentique, ne cherchant pas à servir des intérêts personnels, pas avoués peut-être comme chez tant de gourous auto-proclamés qui veulent rallier à une cause sinon à une idéologie. Elle est vraie et authentique parce qu’elle est en continuité de la personne qui la prononce, en cohérence avec la vie de cette personne.  

De tout cela vient ce qui nous retient aujourd’hui encore : c’est une parole qui libère et qui guérit. Elle libère l’âme et l’esprit et l’action des destinataires. Elle libère de tant de soucis en rétablissant l’ordre des choses et des valeurs. Elle guérit des meurtrissures de la vie. Parce qu’elle est prononcée en sympathie pour l’autre, en compassion des difficultés et misères et peines de l’autre.      

Oui vraiment, la parole de Jésus nous laisse nous aussi en stupéfaction. Stupéfaction d’admiration; stupéfaction de crainte parce que c’est aussi une parole qui peut être dangereuse en sa vérité, en sa force de dévoilement de toutes les ambigüités et incertitudes du cœur humain.  

Et nous voici renvoyés à la question que nous posions au début de cette célébration : 

Entendons-nous aujourd’hui encore une telle parole qui libère, qui guérit, qui va au cœur de la vie?    

La parole nous l’entendons chaque fois que nous reprenons le message évangélique avec attention, avec le désir d’y retrouver la vie qui éclaire notre vie. Elle nous est adressée à travers les étapes et les évènements de nos vies quand nous nous essayons à les comprendre et à en tirer profit. Et la parole de Jésus nous est relayée encore, comme elle le fut autrefois, par tant de témoins, tant de prophètes qui savent parler et agir sans complaisance mais pour le partage avec les autres, pour le bien des autres. Il y a des figures qui émergent ainsi au-dessus et au-delà de la foule. Il y a ceux et celles, prophètes de tous les temps qui y ont laissé leur vie, à tout le moins la tranquillité de leur vies. Mais combien aussi de femmes et d’hommes qui sont tout simplement des compagnes et des compagnons de route au quotidien des jours. Des femmes, des hommes, qui marchent avec droiture, cherchant à se soucier des autres, à partager, à former communauté et fraternité sans frontières de quelques sortes que ce soit. Parfois, ces témoins et prophètes ne savent même pas qu’ils reprennent les valeurs évangéliques, qu’ils mettent leur pas dans ceux de Jésus. Ils témoignent au cœur de la vie. Ils disent une parole qui vient du cœur.     

Bien des exemples nous aideraient à mieux comprendre ce qu’est une parole vraie, efficace, qui libère, comme celle de Jésus. N’en retenons qu’un. Le pape François par son enseignement, surtout par sa vie, les attitudes qui font sa vie. Voilà une parole qui nous laisse dans la stupeur : admiration, et crainte devant l’engagement qu’elle peut susciter. Voilà vraiment une parole qui libère.        

Puissions-nous, nous aussi, être à notre humble et discrète manière un tel relais de la parole que Jésus prononça un jour à Capharnaüm : parole de libération, de guérison, parole d’amour de l’autre.

 

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal