Bandeau de la communauté


Imprimer

Voir le déroulement de ce dimanche

2e dimanche de l'Avent (B)

10 décembre 2017

Isaïe 40, 1-5.9-11

Marc 1, 1-8

Dieu s'approche de nous

Luc Chartrand

« Commencement de l’Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu ». Ces premiers mots ont de quoi surprendre. À l’avance, Marc nous informe sur la nature des propos qui vont suivre. Il sera question d’une personne sous son aspect humain, le Jésus de l’histoire, et sous son aspect divin, Christ, « oint de Dieu », « Messie ».  De cette relation découle une confession de foi. Ce Jésus Christ est Fils de Dieu! La radicalité de l’affirmation n’est pas étrangère au premier verset de la proclamation de ce matin : « Commencement ». L’expression n’est pas sans évoquer le début de la Genèse : « Au commencement ». Du neuf advient, semblable au premier jour de la création. Le peuple de Dieu, qui voit le jour au sein de cette création, se continue d’une manière différente dans l’Église.           

Luc ChartrandEn citant Isaïe, que d’ailleurs nous avons entendu, Marc vient insérer la personne de Jésus Christ comme une nouveauté qui s’enracine dans un « hier » qui doit être entendu comme un commencement. Le prophète Isaïe devient un espace de reconnaissance de la présence d’un messager, dont la voix retentit dans le désert. Jean incarne maintenant cette voix du passé qui se répand dans un endroit semblable, le désert. De l’un à l’autre, la proposition paraît différente. Si la première invite à : « préparer le chemin du Seigneur, à rendre droit ses sentiers », la seconde proclame « un baptême de conversion pour le pardon des péchés ». Nous sommes tous des baptisés, notre présence ce matin l’atteste, que devient alors notre Avent 2017? Serions-nous condamnés à demeurer des êtres qui demandent sans cesse un « baptême de conversion »?                

La réponse dépend de notre conception de la fête de Noël. Si nous nous arrêtons à la dimension historique de la venue de Jésus en notre monde, notre regard se limite à celui d’un enfant déposé dans une mangeoire. Si nous sommes attentifs, au premier verset de l’évangile de Marc, nous sommes appelés à reconnaître que c’est toute l’histoire de Jésus que Marc nous invite à considérer, donc un être qui nous a promis de revenir à la fin des temps. Depuis ce jour, à la suite de toute la Judée et de tous les habitants de Jérusalem, nous emboîtons le pas pour nous déplacer non pas pour entendre : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi », mais pour regarder en « avant », les traces de Celui qui ne cesse de manifester sa présence en notre monde. Un enfant qui est venu, oui, mais le « Fils de Dieu », le Christ, qui vient apporter en notre monde le salut.    

La dimension de la conversion qui nous est proposée devient peut-être alors un changement de regard. Transformer l’aspect, ou les aspects, de notre monde qui ressemble à un désert en un lieu où les manifestations d’un monde nouveau sont déjà présentes. Il ne s’agit pas de mettre des « lunettes roses » pour nier tout ce qui ne tourne pas rond aujourd’hui. Il est davantage question de regarder, d’observer, « Dieu qui se rapproche de nous » dans les événements de notre quotidien. Tous les éléments voulus sont là. Ils n’attendent qu’à être réunis pour devenir une liste exhaustive. Toutefois, un autre choix est possible : nous enfermer dans un désert, celui d’une véritable prison, construite par nous-mêmes. Devant un monde qui nous apparaît difficile à transformer, des signes de la présence de « Dieu qui se rapproche » demeurent présents, au-delà des apparences. Ils sont autant d'éléments avant-coureurs qui montrent que déjà le désert a commencé à fleurir. Notre arbre de Noël l’atteste par tous ces témoignages que nous pouvons déjà y lire.        

La venue du Fils de Dieu en notre monde se veut une proposition adressée à notre liberté pour laisser grandir en nous ce baptême dans l’Esprit que nous avons reçu. Isaïe a permis aux gens de Galilée de se déplacer pour se diriger vers Jean le Baptiste. Ce dernier nous invite à nous tourner maintenant vers celui qui doit venir. Donc, il s’agit d’un vrai « commencement » à réinventer à chacun des « Avents » qui se présentent à nous. Celui qui vient ne se présente jamais à nous sous les mêmes traits!   

Un membre de notre équipe de préparation nous a partagé le souvenir d’un bref dialogue : « Combien de gens ont été heureux, aujourd'hui, à cause de toi? - Sais-tu que ça dépend aussi de toi, si la journée est ensoleillée ou grise; s’il y a des rires ou des pleurs? » (Helga Leiseder Moser, 1974)