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31e Dimanche du Temps de l'Église (A)

5 novembre 2017

1 Th 2, 7b-9.13

Matthieu 23, 1-12

« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur »

Hubert Doucet

Hubert Doucet

À entendre l’évangile qui vient de nous être annoncé, Jésus semble tout à fait en harmonie avec les personnes et les groupes qui gardent un goût amer des enseignements et des comportements autoritaires de l’Église. Nombre de Québécois font leurs les invectives de Jésus à l’égard des scribes et des pharisiens; ils les appliquent facilement à des personnages plus contemporains. Lorsque j’avais 20 ans, à la fin des années ’50, à l’ère des mutations majeures de notre société, les jeunes avaient plaisir à entendre ces paroles aussi fortes.

Hubert DoucetLa parole de Jésus qui nous est annoncée aujourd’hui ne se résume cependant pas à cette brutalité. Au contraire, Jésus passe d’une radicalité critique à une autre radicalité : « Pour vous, qu’il n’en soit pas ainsi. » dit-il à la foule et à ses disciples. La nouvelle radicalité se caractérise par l’accueil de tous et toutes, sans exception, puisque nous sommes frères et sœurs en lien vital avec le même Père. Jésus insiste : il ne faut pas se faire donner de titre et ne pas en donner, car les titres, soulignant le pouvoir de quelqu’un, créent la séparation. Aujourd’hui comme hier, l’avoir, le savoir, le pouvoir, peuvent être prétexte à domination ou à supériorité. « Pour vous, qu’il n’en soit pas ainsi » mérite de retenir encore aujourd’hui notre attention, si nous voulons développer des sociétés fraternelles.        

Il me semble que le pape François nous engage aussi dans cette dynamique, ramenant la culture pastorale de l'Église à son origine en Jésus. Sa préoccupation concerne chaque personne aimée de Dieu. Sa rencontre de l’autre est orientée par l’accueil de qui il est et non par une interprétation légaliste et étroite de la loi. François me paraît s’être libéré du personnage qu’imposait la papauté, pour poursuivre le rêve de Jésus. Au sein même de l’Église, ne le critique-t-on pas parfois pour sa manière d’accueillir l’autre? Et Paul, dans la première lecture entendue ce matin, rejoint cette manière d’entrer en relation, se comportant comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons. Plutôt que de profiter de sa position d’apôtre pour être à la charge des autres, il rappelle aux Thessaloniciens qu’il aime, ses peines et ses fatigues. Il ajoute : « c’est en travaillant nuit et jour, pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous, que nous vous avons annoncé l’Évangile de Dieu. » Paul s’est mis au service de la communauté.

Jésus, Paul, François se sont faits serviteurs de l’Alliance à édifier avec le Père. Ils nous montrent comment ils ont relevé les défis qui confrontent toute autorité. Qu’est-ce que ça veut dire pour nous aujourd’hui?        

Qui que nous nous soyons, à la retraite, parents, grands-parents, adolescents, professionnels, bénévoles, tous, d’une façon ou d’une autre, nous exerçons de l’autorité sur quelqu’un. Comment l’exerçons-nous? Nous pourrions reprendre les différentes critiques de Jésus pour évaluer nos façons de faire. Les unes sont liées à la domination, les autres au vouloir paraître. À regarder les critiques plus attentivement, on se rend bien compte que ce sont les tentations de la vie quotidienne. De manière positive, cette fois, nous pourrions aussi nous arrêter sur le mode de vie auquel nous invite Jésus, celui du service. Par définition, le serviteur est la personne qui se tient à sa place, i.e. au service d’une personne ou d’une collectivité. En ce sens, il ne se prend pas pour un autre à la manière des scribes et des pharisiens auxquels s’en prend Jésus. Il se reconnaît simplement pour qui il est, en mettant sa vie au service de l’alliance que Dieu établit avec l’humanité. « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. »     

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal