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La Transfiguration (A)

6 août 2017

Romains 8, 35.37-39

Matthieu 17, 1-9

2Pierre 1, 16-19

En lui je trouve ma joie…

Yvon D. Gélinas

 

La Transfiguration c’est un moment de grâce au milieu du familier, du trop prévisible. Un moment de grâce qui dessine nettement le contour d’une personne, qui dégage l’horizon et suscite le désir d’aller plus avant. Comme c’est arrivé pour Pierre, Jacques et Jean au cours de leur longue marche à la suite de Jésus. Ils viennent d’entendre, selon le récit évangélique de Matthieu, l’annonce de souffrance à venir, d’épreuves à vivre. Le cœur est lourd, et peut-être vient la tentation de renoncer, de retourner en arrière, de retrouver une vie un peu terne, mais connue, toute prévisible. Et voici la clarté, la blancheur éclatante! Jésus plus grand qu’ils ne croyaient, autre que le compagnon de chaque jour. Comment se résigner, comment renoncer, même avec l’épreuve à venir et l’incertitude? La transfiguration, moment de grâce qui réconforte et réveille l’espérance : Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ?       

La transfiguration qui n’est pas pour nous un récit merveilleux, mais un événement qui vient s’ancrer en certaines de nos expériences qui ont rendu possible la suite du quotidien. Quand parfois on a perçu sur le visage d’un proche, d’un ami, d’un être aimé, une lueur, une expression qui nous l’a fait découvrir plus grand que l’on croyait, qui nous a fait découvrir une profondeur jusque-là non remarquée de sa personnalité. Et cela a compté pour nous, surtout quand ce visage soudainement illuminé s’est tourné vers nous alors que l’on connaissait l’hésitation, ou la peur du lendemain, ou l’ennui de l’ordinaire. Tant d’autres expériences de transfiguration qui sont passées comme inaperçues, que l’on a oubliées, mais qui ont laissé des traces en nous. Ils sont là en nous ces moments de grâce, déposés en nous, donnant du poids et du sens à nos vies, nous encourageant à poursuivre la marche en avant malgré tant d’obstacles

Oh! Comme il serait bon, comme le souhaite Pierre, de rester là sur la montagne, en cette clarté, d’arrêter le temps et le mouvement. Rester là avec lui. On comprend ce souhait, naïf et si vrai. Planter là sa tente, tout de suite. Mais ce n’est pas la vie. Pas maintenant. Pas déjà. Et voici que tout s’estompe, semble fini. Ils ne virent plus que Jésus, seul. Il faut descendre de la montagne. Continuer comme avant avec Jésus le compagnon de route et de destin. Avec Jésus, seul comme aux instants de sa prière, seul, disant son destin et son espérance et sa foi. Seuls avec Jésus devant un avenir que l’on ne saurait tout entier prévoir, et éviter quand il s’annonce sombre.      

Tout est fini, disparu? Non. La blanche clarté, le moment de grâce, il faut maintenant les porter dans le silence et le secret du cœur, dans la parfois lassante répétition du quotidien. Cette blancheur, cette grâce, elles continueront d’agir profondément, sourdement. Elles sembleront s’éteindre aux temps des souffrances et de sa mort, mais elles se réveilleront et feront comprendre la vie qui vient après des temps durs.        

Et la voix qui se fait entendre pour ajouter à la révélation de qui est vraiment ce Jésus. Cette voix qui se fait encore entendre en nos cœurs et nos esprits : En lui j’ai mis tout mon amour, il est ma joie, écoutez-le. Cette voix qui nous dit à nous: Par lui, en toi aussi j’ai mis mon amour et ma joie; marche à sa suite.  

Une voix qui nous dit à nous : Vous êtes ma joie quand vous reconnaissez qui est le Fils Bien-aimé. La joie que l’on peut découvrir aussi en nous malgré les inévitables meurtrissures de la vie. Cette joie qui peut aussi se voir dans la beauté du monde malgré les désastres et les erreurs que la liberté humaine amène parfois à introduire dans le cours des choses. Cette joie qui nous fait désirer et accepter de quitter la montagne et d’aller proclamer au monde : Oui, la joie est possible : il est avec nous.

 

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal