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Deuxième dimanche de Pâques (A)

23 avril 2017

Luc Chartrand

Luc Chartrand

Jn 20, 19-31

1 p 1, 3-9

Ac 2, 42-47 

Le ressuscité chemine avec nous

 Les disciples se retrouvent dans un lieu aux portes verrouillées. La crainte des Juifs qui les habite fait en sorte qu’ils se rassemblent. Les murs qui les entourent deviennent leur sécurité. La manifestation du Ressuscité d’aujourd’hui, qui fait suite à celle du soir de Pâques, a lieu huit jours plus tard. Elle fait irruption au cœur du groupe enfermé dans la peur de ce qui est à l’extérieur. Le Seigneur Jésus ne vient pas introduire une nouvelle porte, un autre accès, dans cette place que les disciples ont choisie pour refuge. C’est « au milieu d’eux » qu’il se manifeste. C’est de là qu’il dit : « La paix soit avec vous! ». Une affirmation qu’il reprend à deux autres reprises. Le Seigneur ne vient pas les exhorter à faire preuve d’un peu de courage, à s’affirmer devant les Juifs qui suscitent leur inquiétude. Non. Sa présence se veut un don de paix dès son apparition au milieu d’eux.   

Pourtant, il y a certainement de quoi avoir peur en ce lieu de réclusion. Si les Juifs apparaissent comme une menace, le corps mutilé, mais vivant, du Seigneur Jésus n’est pas sans susciter un certain effroi. Le Seigneur Jésus se présente comme une ouverture sur l’évidence de la mort. Notre représentation de la durée de la vie, située entre la naissance et la mort, est remise en cause. Celui qui était mort est vivant Luc Chartrand« au milieu d’eux ». La deuxième affirmation, « la paix soit avec vous », n’est certainement pas inutile. Elle sera nécessaire pour être envoyés comme Jésus le fut par le Père. Au cœur de la vie, les disciples sont envoyés, non pas par le Père, mais par Jésus. Ici, il n’y a ni destination ni mission. Le Père est remplacé par le Seigneur Jésus. Il n’y a plus d’autre possibilité d’avoir accès au Père. Le corps blessé, mort et ressuscité, devient l’unique possibilité pour rencontrer le Père.     

Cet envoi est assorti du don de l’Esprit Saint. Un souffle nouveau est nécessaire. Un vent de vie qui se limiterait à celui transmis par le Ressuscité risquerait de s’enliser au milieu de l’humanité. Jésus fait éclater un monde clos sur lui-même, à la ressemblance de l’espace dans lequel les disciples se sont réfugiés. Les représentations de Dieu, la façon de concevoir la vie, l’existence humaine et de nous imaginer la mort, sont démasquées et devenues vétustes. Le Seigneur Jésus peut accompagner les disciples dans leur cheminement de foi immédiat, mais l’Esprit Saint est nécessaire pour la suite.       

Thomas, l’absent de la rencontre initiale, fera également l’expérience de l’accompagnement dans son cheminement de foi. Comme précédemment à ses collègues, aucun reproche ne lui est adressé à l’occasion de la deuxième manifestation du Ressuscité, qui se veut une présence qui répond à sa demande. Elle se veut, pour lui et les autres disciples réunis, don identique, « La paix soit avec vous! » Le doute, la difficulté de croire sont reconnus comme des éléments de l’expérience de foi.   

C’est au cœur de nos existences d’hommes et de femmes avec nos angoisses, nos peurs, nos doutes que nous avons à accueillir la paix, au centre de nous-mêmes. Curieusement, alors que l’expression « ne fais pas ton Thomas » nous vient facilement en tête devant l’autre qui a de la difficulté à croire, nous avons à devenir des Thomas pour accueillir la paix au centre de nos vies. C’est ce risque que nous sommes appelés à courir pour nous entendre dire un jour la béatitude : « Heureux, ceux qui croient sans avoir vu ». Thomas n’a-t-il pas renoncé à une partie de sa demande, alors que le Seigneur Jésus lui dit : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »? Le disciple absent de la première rencontre confesse alors sa foi sans plus attendre : « Mon Seigneur et mon Dieu! »       

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal