Bandeau de la communauté

Imprimer

Voir le déroulement de la célébration ⇰


3e Dimanche du Carême (A)

19 mars 2017

Ex 17, 3-7

Jn 4, 5-26.29a.40-42

La vérité d'une rencontre

Hubert Doucet

Hubert Doucet

Quelle rencontre improbable que cette histoire dont nous venons d’écouter le récit! Rien ne destinait ces deux personnes à se rencontrer. Tout les opposait. En effet, la tension était vive entre les deux communautés, la samaritaine et la juive, qui avaient pourtant une même origine. Comme si cela ne suffisait pas, le Juif était un homme et la Samaritaine, une femme. On peut imaginer comment ils ont dû s’observer quand ils se sont d’abord aperçus.   

Les premiers mots des deux interlocuteurs ne sont guère sympathiques. De la part du Juif, il s’agit d’une Hubert Doucetdemande plutôt brève : « Donne-moi à boire. » De la part de la Samaritaine, un peu sarcastique, c’est « Comment toi un Juif, tu fais une telle demande à moi une Samaritaine? » Entraîner son vis-à-vis sur le terrain des relations ethniques, rien de mieux pour semer la zizanie.     
Et voilà, ô surprise, que le climat de la conversation va complètement changer. À partir de sa demande initiale « Donne-moi à boire », Jésus oriente la discussion vers autre chose, vers ce qui les unit, les rapproche : la soif de vie. Il y a la soif physiologique que lui-même, fatigué, ressent, mais il y a aussi la soif spirituelle qui les rejoint tous les deux. Par le jeu des différentes possibilités d'interprétation des mots, les deux interlocuteurs vont se retrouver sur un terrain commun. La rencontre peut commencer.

La femme saisit peu à peu que l’eau vive dont il est question n’est pas l’eau du puits, mais bien une autre eau, une eau qui comble les plus hautes attentes humaines. Cette façon de penser de Jésus la touche dans son expérience de vie. Tous les maris qu’elle a eus ne peuvent-ils pas être vus comme une immense quête de vie jamais comblée? Cette femme a soif d’être aimée, même si les échecs s’accumulent.     

Le courant passe avec cet étranger qui dialogue avec elle. C’est pourquoi elle ose lui poser toutes sortes de questions sur l’essentiel. Qu’en est-il des temples, des bâtiments de prière que chacun réclame pour soi? Y en a-t-il un de supérieur qui pourrait être le lieu de la vraie maison de Dieu ? La réponse est franche : « l’heure vient où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité. »     

À mesure que le dialogue se poursuit, son regard sur cet homme se transforme : elle voit d’abord en lui un prophète, plus précisément un homme de Dieu pénétrant le tréfonds de sa conscience. Puis elle s’ouvre à la nouveauté qu’inaugure Jésus : adorer le Père en esprit et vérité. Être dans cette disposition, c’est pouvoir le rencontrer partout. Enfin, elle se sent suffisamment à l’aise pour lui demander quand viendra « celui qui fera connaître toutes choses. » Il lui confie ouvertement qui il est.

Cette rencontre difficilement commencée a connu un aboutissement assez merveilleux. Un Juif et une Samaritaine se sont confiés l’un à l’autre pour se dire la vérité de qui ils sont. Ils se sont faits confiance et se sont rapprochés au point tel que Jésus a été accueilli durant deux jours dans cette ville, naturellement inhospitalière, grâce à la parole de cette femme peu appréciée de la population.

Belle invitation pour nous aujourd’hui qui aspirons à créer de vraies rencontres avec les autres.      

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal