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3e Dimanche de l'Avent (A)

11 décembre 2016

 

Quelle joie attendons-nous?

Is 35, 1-6a.10

Mt 11, 2-11

Bruno Demers

  « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent.
Le pays aride, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie! »

L’invitation à la joie, c’est le message des textes de ce 3ème dimanche de l’Avent.
Le pape François en fait même une priorité dans ses documents : « La joie de l’Évangile! La joie de l’amour! ».
Nous qui nous préparons à Noël, qu’attendons-nous qui pourrait nous apporter de la joie? Quel chemin de bonheur empruntons-nous?
           
Bruno DemersLa joie, ce n’est pas toujours perçu positivement. Pour certains, ce sentiment est associé au « ravi de la crèche », ce personnage des santons de Provence qui, les bras au ciel comme en extase, peut évoquer un naïf, un niais qui s’émerveille devant n’importe quoi.
Non, la joie, c’est autre chose que ça!

Pour bien comprendre ce sentiment, il importe de le situer par rapport à la quête de bonheur qui nous habite tous, le bonheur qui nous est présenté aujourd’hui sous tellement de formes et d’images dans la société.
           
Dans la publicité, par exemple, le bonheur rime surtout avec « plaisirs » : les plaisirs de la table, les plaisirs du sport, les plaisirs de la vie. Le plaisir, cette sensation de bien-être, cette jouissance immédiate et que nous voudrions illimitée. On peut difficilement être contre les plaisirs. Mais, quand la quête de bonheur se résume à la recherche du plaisir pour lui-même, il y a là une tendance égocentrique qui peut nous couper des autres et qui, à long terme, se révèle être mortifère. C’est Freud qui nous l’a appris.
           
Comme le plaisir est au corps, la joie est à l’esprit.
Alors que le plaisir relève d’une sensation immédiate et éphémère, la joie renvoie à une émotion plus profonde et durable. Un sentiment de satisfaction intérieure qui passe non seulement par le corps, mais aussi par l’esprit. Mais ce qui caractérise surtout la joie par rapport au plaisir, c’est qu’elle est une réaction seconde suite à un accomplissement personnel, à une réalisation, à l’accueil d’une bonne nouvelle. Comme quand une femme apprend qu’elle est devenue grand-mère pour la première fois! Elle passe tout le reste de l’après-midi au téléphone, je vous l’assure!!      

C’est dans la ligne de la joie que se situe le bonheur de l’Évangile. Jésus ne propose pas le bonheur au sens facile ou fade du terme. Il promet un bonheur substantiel qui s’apparente à la joie. Car le bonheur, c’est un effet second de la venue du Royaume. C’est quand nous collaborons à faire advenir le Royaume que nous pouvons goûter à la joie de l’Évangile.
« Heureux les artisans de paix, ils seront appelés filles et fils de Dieu.
Allez annoncer à Jean ce que vous voyez : Les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les pauvres sont pris en compte ».
C’est quand nous travaillons au bonheur des autres que nous pouvons goûter à une joie profonde qui s’apparente au vrai bonheur. En christianisme, le bonheur ne se vit pas tout seul. Il se savoure avec d’autres quand nous les aidons à grandir, à devenir autonomes, à guérir, à s’accomplir pleinement.

Nous nous préparons à la fête de Noël, c’est-à-dire à la célébration de la venue de Dieu dans notre histoire et dans notre chair. En s’incarnant comme il l’a fait en Jésus, Dieu a valorisé le bonheur terrestre : la joie d’être un humain dans le temps et dans le monde. Ce chemin de bonheur inclut des renoncements, une certaine maîtrise de soi, beaucoup de patience et de persévérance. Tout cela parce que Dieu veut un bonheur réel pour les humains, pas seulement une proposition illusoire.
Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre?
Comme Jésus n’était pas le messie qu’on attendait, le bonheur que promet l’Évangile n’est pas celui que plusieurs clips publicitaires proposent autour de nous. Mais il est à la source d’une joie qui anticipe la joie même de Dieu.
Pour la fête de Noël, quel messie attendons-nous? Quel chemin de bonheur empruntons-nous?

 

Bruno Demers

 

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal