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2e Dimanche de l'Avent (A)

12 décembre 2016

Is., 11, 1-10

Mat., 3, 1-12

Romains 15, 4-9

Trouver une paix et une justice

Hubert Doucet

Hubert Doucet

« Le loup habitera avec l’agneau…; le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main… ». J’aime cette poésie d’Isaïe le prophète, proposée aux habitants de Jérusalem, il y a plus de 2 500 ans. En la relisant aujourd’hui, je l’ai spontanément associée à d’autres textes Le loup et l'agneaupoétiques que nous avons plaisir à lire ces années-ci, comme celle du Petit Prince dialoguant avec le renard. Ces deux rêves, racontés à des milliers d’années de distance, nous renvoient au cœur d’un même désir, d’une même espérance. Être humain, quelle que soit l’époque, c’est rêver non seulement d’une humanité réconciliée avec elle-même, mais aussi avec toute la vie qui l’entoure et la soutient.    
Au cœur de ces poésies, on retrouve l’enfant : le petit Prince et le renard, le nourrisson et le cobra, l’enfant et la vipère, mais surtout le rejeton qui jaillit de la racine de Jessé.    
Au temps d’Isaïe, il y avait bien des inquiétudes, les promesses que les rois et les diverses autorités avaient fait miroiter ne s’étaient pas accomplies. La déception était grande. Que pouvait-on encore attendre, sinon l’enfant? Plus de 6oo ans plus tard, on attendait toujours et les choses n’allaient pas en s’améliorant.     
Quand Jean parut, la confiance renaquit comme si, malgré l’accumulation des déceptions et des détresses, l’espérance, « cette petite fille de rien du tout » disait le poète Charles Péguy, demeurait toujours là, enfouie au plus profond de l’être. Ainsi, « Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain » se mit en mouvement. Avec le baptême de Jean, en vue de la conversion, l’espoir revivait, la vie redevenait possible.       
À y penser un peu plus, cette remise en marche n’est-elle pas un peu facile? Suffit-il qu’un être quelque peu original, vêtu de poils de chameau et une ceinture de cuir autour des reins, — un gourou, dirions-nous aujourd’hui!— surgisse pour que tout reparte bien? À la question, Jean Baptiste lui-même répond : Non. En effet, il nous dit : « Moi, je pose un geste qui rejoint bien votre désir d’entrer dans une humanité réconciliée, je donne le baptême dans l’eau. Mais, pour que votre désir réalise le rêve d’Isaïe, il ne suffit pas d’un peu d’eau sur vous. Un vrai changement du cœur s’impose qui ne peut venir que du baptême dans l’Esprit. »   
Jean invite la population à reconnaître le mal qui est le sien et à regretter ses faiblesses. Il met l’accent sur les manques dans nos agirs, mais non sur la création, la rénovation. Il y a quelque chose de statique dans le baptême de Jean et il le reconnaît bien volontiers.  
L’Esprit qui est celui de Jésus, c’est plutôt aller en avant, une puissance de transformation, une source qui déborde de vie. Être baptisé dans l’Esprit et le feu, ce qui est la même chose, c’est trouver son chemin de création et retrouver le premier matin du monde qui a été remis entre nos mains.     
Le texte du prophète Isaïe et celui de l’évangile d’aujourd’hui peuvent sembler à des années-lumière l’un de l’autre, l’un tout empreint de légèreté et l’autre un peu brutal dans ses exigences, mais les deux textes sont complémentaires : le monde beau et humain dont nous rêvons depuis toujours et dont Noël en est la manifestation ne peut se réaliser que dans un engagement profond de notre part, un engagement sans faux fuyant en vue de cet esprit nouveau.     
Que grâce à notre engagement, le monde trouve une paix et une justice dont rêvait Isaïe et que Jean nous annonce dans la venue de Jésus.        

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal