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32e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

6 novembre 2016

Guy Lapointe

Jn 11, 21-25

Jn 3, 1-6

Luc 20, 34-38

Guy Lapointe

Ressusciter jour après jour?

Nous venons d’entendre trois passages d’Évangile qui nous parlent de naissance, de renaissance et de résurrection. « Comment peut-on renaître », demande Nicodème à Jésus? « Comment pourrai-je retrouver mon frère qui vient de mourir », demande Marthe à Jésus? « Le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » dit Jésus, en réponse aux sadducéens qui ne croyaient pas en la résurrection. Des questions qui sont aussi les nôtres.     

Guy LapointeCe n’est pas à un voyage dans l’imaginaire religieux que nous sommes appelés à poursuivre ce midi. Mais à prendre conscience que l’expérience de la foi nous invite à vivre la résurrection jour après jour. Car c’est bien à partir de la résurrection de Jésus, qu’il nous faut entendre les passages d’Évangile annonçant un monde autre que celui que nous vivons encore, un monde où nous sommes déjà et nous serons les héritiers de la résurrection. Jésus nous a annoncé un monde à venir. Nous faisons confiance, tout simplement.           

Permettez-moi de vous faire part d’un souvenir personnel. Il m’est arrivé souvent d’accompagner des personnes en fin de vie. Il y a quelques mois, j’ai accompagné un père de famille qui vivait ses dernières heures. Alors que toute sa famille était réunie autour de lui, il dit : « Je me prépare à vivre le plus beau jour de ma vie, celui de la rencontre avec le Seigneur pour vivre avec lui. » Et il se tourna vers moi et me dit : « n’est-ce pas cela ressusciter »? J’avoue avoir été très ému. Mais quelle attitude pour traverser la mort! Quel témoignage de foi en la résurrection! Je me souviens de m’être fait cette réflexion : on hérite de la vie en naissant, on hérite encore de la vie lorsque l’on meurt. La résurrection est déjà là au cœur de nos vies. Oui, nous sommes les héritiers de la résurrection.       

Si cette expérience m’est revenue en mémoire en préparant cette homélie, c’est que ce témoignage de foi devant la mort, de foi en la résurrection me paraissait rejoindre ce que nous disaient les passages d’Évangile d’aujourd’hui. Nous sommes appelés à ressusciter pour vivre. Telle est notre espérance. C’est l’expérience de la résurrection de Jésus qu’il nous faut entendre dans les passages de l’Évangile qui annoncent un monde autre que celui que nous vivons encore. Un monde héritier de la résurrection. Pourquoi y croyons-nous? Par naïveté? En réalité, l’acte de croire est profondément humain. Depuis des siècles, des femmes et des hommes ont reçu cette nouvelle : « il est ressuscité ». Ceux qui la recevaient faisaient confiance à ceux qui la transmettaient et cette confiance nous rejoint. Donner et recevoir : c’est le mystère de la vie humaine!    

Un autre monde s’ouvre à nous. Donner la vie et recevoir la vie, c’est le mystère de la vie humaine. Être aimé et voulu de Dieu. Dieu a un rêve pour chaque personne. Jésus fait éclater les frontières et aide à la franchir.    

La vie est-elle donnée pour un temps seulement? Serais-je abandonné par Dieu en mourant? La résurrection est déjà là, ici et maintenant. Elle nous rejoint, nous qui sommes rassemblés pour partager le pain et la coupe en souvenir de celui que nous proclamons vivant. Nous creusons notre sillon, à la suite de Jésus, Et nous espérons connaître l’éblouissement de la lumière. Cette ouverture de la résurrection, j’espère que nous la vivons déjà à certains moments de notre vie. Oui, en chacune et en chacun de nous, il y a un poids d’existence qui nous permet d’espérer dans la lumière de la résurrection.     

Le mois de novembre est un temps — autrefois nous l’appelions le mois des morts — où nous nous souvenons de toutes les personnes qui nous ont quittés. La mort n’est pas le dernier mot de l’aventure humaine, parce qu’elle est le passage vers la vie éternelle et la promesse de résurrection. Jésus a ouvert un chemin, une route. La foi n’est-elle pas un chemin?

La mort, c’est une transformation de la vie et non un anéantissement, car la résurrection est déjà ici et maintenant. Je terminerais en disant ceci : ceux qu’on a aimés et qui nous ont quittés sont encore là. Plus on les a aimés, plus ils sont présents. Ils nous accompagnent jour après jour. La vie, qui nous a été donnée ne s’arrête jamais… et elle continue au-delà de la mort. N’est-ce pas cela ressusciter jour après jour, après jour?           

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal