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27e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

2 octobre 2016

Poursuivre la démarche de Jésus

Habacuc, 1,23;2, 2-4

Luc, 17, 5-10

Hubert Doucet

Hubert Doucet

À une première écoute, peut-être un peu distraite, cet évangile est décourageant, tout au moins déconcertant. D’une part, nous savons tous que le pouvoir qui rend possible de transplanter un arbre dans la mer, n’est pas le nôtre, du moins pour la majorité d’entre nous. D’autre part, le comportement du serviteur à la remorque des besoins de son maître et s’y soumettant soulève spontanément une question : est-ce le modèle de vie auquel Jésus exige que nous nous conformions? Enfin, disons que les deux parties de l’évangile, celle de la foi qui déracine les arbres et les replante dans la mer, et celle de la soumission aux désirs du maître ne paraissent pas avoir beaucoup de lien entre elles.     

Hubert DoucetLa réflexion que nous avons menée avec l’équipe de préparation m’a permis de cheminer dans l’intelligence du texte d’Habacuc et de celui de l’évangile de Luc. Et c’est ce que je voudrais partager avec vous.     

Revenons d’abord au prophète Habacuc. En son temps, à peu près 600 ans avant Jésus, le prophète ne voit que de la violence autour de lui. Elle est partout. Il crie vers Dieu : « Fais quelque chose. Réveille-toi. » Quelle est la réponse? « Tiens bon. Garde la foi. Même si la réponse retarde, garde confiance. » Vient alors la conclusion du prophète : c’est à travers la fidélité dans ces moments graves que quelqu’un devient juste.     

De là, nous entrons dans l’évangile de Luc. En prenant l’exemple du serviteur, Jésus ne veut pas discuter des relations employeurs-employés, ni donner un cours sur les relations de travail. Il recourt plutôt à la psychologie du bon travailleur pour éclairer son propos. Bien accomplir la tâche pour laquelle il s’est engagé représente pour le serviteur une façon de se réaliser et d’atteindre une certaine plénitude. Un travailleur dynamique croit en son travail. Il peut ainsi être fier de son service. Cette dynamique était vraie hier, comme elle l’est aujourd’hui. Je la vois à l’œuvre chez beaucoup de soignants qui mettent leurs meilleures énergies à servir les malades.    

Cette attitude du bon serviteur, il me semble que nous la retrouvons à l’œuvre dans nombre de situations où nous sommes surpris de l’observer. Partout où les malheurs s’accumulent sur des populations comme à Alep en Syrie ou ailleurs dans le monde lors de la survenue de catastrophes, on voit des hommes et des femmes qui n’ont aucune fonction particulière, offrir leur service et se mettre au travail pour tenter de soulager la misère et soutenir la communauté. Aux yeux des médias, ils passeront peut-être pour des héros. À leurs propres yeux, ils sont de simples serviteurs; ils ne font que leur devoir.  

Sans doute, sont-ils des héros! En effet, ils font de vrais miracles pour rendre la vie possible dans un monde insupportable qui confine à l’enfer. Ces personnes ont profondément foi que la vie est encore vivable, là où tout l’entraîne vers la mort. N’est-ce pas d’une telle foi dont parle Jésus : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous diriez à l’arbre de voici : "Déracine-toi et va te planter dans la mer et il vous aurait obéi". »   

À la désespérance initiale d’Habacuc, succède la figure du serviteur dont l’engagement au quotidien rend l’espérance encore possible dans notre monde. Par toute sa vie, Jésus n’est-il pas ce serviteur? Aujourd’hui, nous sommes invités à poursuivre sa démarche.

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal