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25e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

18 septembre 2016

 

Bon serviteur ou mauvais maître?

Amos 8, 4-7

Luc 16, 10-13

1Timothée 2, 1-5

Bruno Demers

 

Un ancien politicien du Québec, plutôt fortuné, était interviewé récemment à la télévision. L’animateur lui disait qu’il devait apprécier ce changement de situation. Il pouvait maintenant jouir de sa grande maison et de ses belles voitures, sans que cela ne fasse jaser! Le politicien a ri et a répondu que ce n’était pas mauvais d’être riche. « C’est notre influence judéo-chrétienne qui nous a conduits à déprécier l’enrichissement personnel. Il faut se défaire de cette idée! » Plutôt provocateur comme commentaire n’est-ce pas?      

Bruno DemersEst-ce bien ce que veut dire l’expression « l’argent malhonnête » dans le texte de ce matin? Est-ce que le christianisme est vraiment contre l’argent et l’enrichissement personnel? L’argent, on le sait, est un sujet délicat, tabou, même explosif. Chacun en fait l’expérience pour soi-même et dans sa famille. Les héritages sont souvent des moments où se manifeste le danger « diabolique » de l’argent. Diabolique au sens propre de ce qui désunit, de ce qui sépare!    

Devant cette grave question, la sagesse chrétienne peut se formuler en quelques mots : L’argent n’est pas mauvais en soi. C’est l’usage qu’on en fait qui peut devenir mauvais.           

L’argent n’est pas mauvais en soi. En effet, pour le partager, il faut en avoir soi-même. Cela remonte à la vision juive du Premier Testament. En Exode 20 on lit : Durant six jours tu travailleras et tu feras ton ouvrage, mais le septième jour est un jour de chômage consacré à Dieu. Autrement dit, le temps productif où tu gagnes l’argent est une obligation religieuse. La richesse est compatible avec la sainteté!   

Mais le Premier Testament dit aussi qu’il n’y a pas de propriété souveraine irresponsable. Le devoir du riche est de donner de sa richesse au pauvre. Dans la réflexion chrétienne on trouve toujours la même préoccupation. Thomas d’Aquin reconnaît la propriété privée mais pour exercer une responsabilité personnelle envers tous. Même justification chez les protestants : L’enrichissement est légitime dans la mesure où il contribue au développement nécessaire de la communauté : Une richesse qui profite à chacun.       

C’est l’usage qu’on fait de la richesse qui peut être problématique. Le prophète Amos, dans l’extrait que nous avons entendu tout à l’heure, s’en prend vertement à ceux qui s’enrichissent sur le dos des pauvres : Quand le riche dit : Que le sabbat finisse rapidement. Ainsi nous pourrons acheter le faible pour un peu d’argent et le malheureux pour une paire de sandales. Le Seigneur le jure : Non! Jamais je n’oublierai aucun méfait de ces riches qui exploitent.       

Sur la question du rapport à l’argent, l’Évangile va encore plus loin ce matin : Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. Le texte grec dit même « Vous ne pouvez pas être esclaves de deux seigneurs » pour souligner le danger d’idolâtrie rattaché à l’usage de l’argent. Car l’argent et l’accumulation des biens peuvent prendre la première place dans nos vies.          

C’est le danger d’une société de consommation qui incite à acheter toujours davantage. On nous offre sans cesse de meilleurs téléphones intelligents, des écrans de télévision de plus en plus perfectionnés. En avons-nous vraiment besoin? Ça devient attirant, séduisant. C’est ça idolâtrer l’argent et l’accumulation des biens! Notre esprit devient encombré. Nous perdons notre liberté. Moi qui suis allé au Rwanda et au Burundi, j’ai rencontré là des gens qui n’avaient pas grand-chose mais qui respiraient la joie de vivre. Derrière ces beaux sourires il y avait là quelque chose d’authentique, j’en suis sûr!        

Dieu n’est pas ennemi de l’argent, mais idolâtrer l’argent est incompatible avec la confiance en Dieu. Cette confiance ouvre au partage et à la vie de tous, loin de toute cupidité et de tout enfermement sur soi. Pour Jésus Christ, bien gérer c’est partager. C’est se servir de l’argent comme un moyen et non un but. Parce que l’argent peut être aussi bon serviteur que mauvais maître. Nous sommes invités à bien gérer les richesses, à mettre l’argent au service des relations humaines.      

C’est le dimanche de l’appel des services. Quelle coïncidence! Tout le monde est invité à mettre ses talents et compétences diverses au service de la communauté. Germain nous en parlera davantage à la fin de la célébration.          

 

Bruno Demers

 

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal