Bandeau de la communauté


Imprimer

Voir le déroulement de ce dimanche

22e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

28 août 2016

Guy Lapointe

Ben Sirac 3 : 17-18; 20. 28-29

Luc 14 1a 7-14

Guy Lapointe

Reconnais ta chance

Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais loin de penser qu’un jour je ferais une homélie sur l’humilité. Pourtant, c’est bien de l’humilité dont nous parle le sage Ben Sirac : « Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur… Et il ajoute : « L’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute… ». Avouez avec moi que ce sont-là des paroles de sagesse sur lesquelles il serait important de revenir de temps en temps. Le passage de Ben Sirac veut nous dire que l’humilité engendre la paix, tandis que l’orgueil produit la discorde. C’est une dure conquête de chacune de nos vies. Ce sont là des paroles toujours précieuses à entendre et qui nous viennent du fond des âges, paroles qu’il ne faut jamais oublier. Écouter la voix de Dieu, celle des pauvres, c’est, jour après jour, devenir plus humain si on sait « Garder une oreille qui écoute ».

Guy LapointeQuand Luc écrit le passage de l’évangile que nous venons d’entendre, on se situe dans les années 80 après la mort de Jésus. Il y a déjà autour de lui des femmes et des hommes qui tentent de former une première communauté chrétienne, des femmes et des hommes pour qui la mémoire de Jésus est bien vivante. Ils ont commencé à porter un regard nouveau sur leur vie et en se rappelant comment Jésus a vécu la sienne et s’est comporté. Ce sont des propos qui ne manquent certainement pas d’intérêts.   

C’est une parabole que Jésus utilise. Elle peut sembler excessive. N’est-ce pas le rôle de toutes paraboles? Il faut garder une préoccupation pour les humiliés de la vie. Jésus a choisi la dernière place, celle des serviteurs. C’est une image pour dire que ceux qui sont exclus du Royaume ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Ce que Jésus veut faire saisir, c’est que Dieu aime les pauvres, les petits, celles et ceux qui se mettent au service des autres. Jésus est le serviteur par excellence.

Avoir de l’attention les uns pour les autres. C’est le projet de Jésus que nous essayons de mettre en pratique depuis 2000 ans. C’est parce que ce projet n’est jamais réalisé qu’il y a encore de l’espérance dans le monde, même aux heures les plus sombres comme celles que nous traversons parfois.     

Dans une société où même les services les plus humains oublient parfois de servir les pauvres, celles et ceux qui ont tant besoin, le passage d’Évangile nous donne l’occasion de revenir sur ce projet… « Quand tu es invité à un repas, va te mettre à la dernière place… Quand tu donnes un déjeuner, n’invite pas tes amis, ni tes frères… Jésus va très loin. Quand tu donnes un festin, invite les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles… ». C’est déroutant d’entendre ces paroles et ces affirmations. C’est aussi la force de la parabole.

Ce que Ben Sirac, et Jésus veulent dire d’abord c’est que l‘humilité vraie ne consiste pas dans des gestes d’éclat. Elle consiste à se mettre au service des autres dans les choses les plus ordinaires de la vie quotidienne et de ne jamais vouloir mettre les autres à son service. Bien sûr, on aime être aimé. « J’aimais être aimé », disait s. Augustin, évoquant les années un peu folles de sa jeunesse. Il ajoutait : « mais je n’aimais pas encore ».     

Un deuxième enseignement de Jésus, c’est celui de l’hospitalité. Les personnes que nous sommes disposés à servir ne doivent pas être seulement des personnes intéressantes. Nous devons inviter et donc servir avant tout, nous dit Jésus, « les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles ». Inviter des boiteux, des aveugles et des estropiés, rien attendre en retour, c’est aimer comme Dieu seul sait le faire.

Oui, les paroles de Jésus, on doit les entendre et les ré-entendre. Il est à craindre que ces paroles n’aient pas toujours été reçues avec une « oreille qui écoute ». Mais il est important que de temps à autres, dans nos célébrations, dans nos homélies, nous puissions nous rappeler cette radicalité de la foi et de tenter ensemble, en communauté, d’y répondre au mieux et surtout ne pas courir pour avoir la première place.     

Il faut être réaliste. Nous vivons dans une société compétitive. On aspire à un meilleur travail, à une meilleure situation dans la société. Tout cela est très bien. Tout ce qu’on fait peut nous aider à développer le meilleur de nous-mêmes. Mais l’humilité et une « oreille qui écoute » nous aident à reconnaître que notre valeur personnelle réside dans la qualité de notre relation à Dieu et aux autres. N’est-ce pas cela nous mettre au service des autres et de Dieu, à la suite de Jésus?         

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal