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L'Assomption (C)
14 août 2016
Magnificat
Yvon D. Gélinas
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. C’est un peu comme une parole prophétique que cette salutation d’Élisabeth à Marie. Comme si Élisabeth voyait déjà Marie comme cette femme qui a le soleil pour manteau, la lune sous ses pieds et douze étoiles comme couronne.
Mais restons plus directement et discrètement dans le cadre de cette simple visite de Marie à sa cousine, elle aussi enceinte par un don inattendu.
Marie répond à la bénédiction d’Élisabeth par un chant d’action de grâce, le chant de l’espérance qui est comblée. Un chant qui reconnaît la grandeur et la sainteté de Dieu. Un Dieu si grand qu’il peut poser son regard sur elle Marie, l’humble fille de son peuple ; celle qui n’a jamais voulu rien d’autres que d’être la servante de ce Dieu, de son Seigneur qui de tous les temps s’est fait Sauveur et donneur de vie.
Un Dieu puissant qui fait des merveilles d’âge en âge, qui reconnait en Marie la figure de tous les humbles, de tous les temps, des affamés d’espérance et de vie de tous les temps.
Le chant de Marie est le chant de la foi, de la confiance, de la vie qui sans cesse se renouvelle. Chant au Seigneur qui se souvient de son amour pour son œuvre de création. Il ne revient jamais sur sa parole, sur son dessein de salut a fait des merveilles pour son peuple dans le passé, il en fait encore et toujours pour qui l’écoute et lui fait confiance.
Et voici la plus grande de ses merveilles, celle qui recouvre tout l’univers et pour tous les temps. Pour le salut de tous, pour proclamer un bonheur possible, un bonheur qui fait justice à tous , un bonheur offert à tous, une vie offerte à tous, il envoie son Fils en ce monde, et elle, Marie, l’humble servante de son Seigneur, elle est l’instrument de cette venue.
Par son acceptation confiante de la promesse de Dieu, son acceptation du rôle que le Seigneur lui confie en toute bienveillance, Marie se voit ainsi appelée à partager le destin de l’Envoyé de Dieu.
Il est venu annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, il a porté son regard sur toutes les souffrances et les faims de bonheur des hommes et des femmes de son temps et de tous les temps. Il a connu lui-même la peine d’être rejeté, trahi, abandonné, lui qui disait bienheureux les cœurs purs, les doux, les pacifiques, les affamés de justice. Il a connu la mort. Et Marie portait tout cela en son cœur ; elle se tenait debout au pied de sa croix. Et Dieu a ressuscité son Fils et l’a rétabli dans sa gloire, dans la vie et le bonheur.
Et nous disons aujourd’hui qu’à la suite de Jésus, Marie est entré dans la gloire, la vie, le bonheur de Dieu. Parce qu’elle a cru en la promesse, gardé ferme son espérance en ce Dieu qui toujours se souvient de son amour, qui toujours fait des merveilles. Malgré les signes contraires de la souffrance, de l’absence qui s’est faite si lourde en la nuit du tombeau ; malgré le signe contraire du mal toujours présent, elle a gardé confiance et espérance en la vie qui vient sans cesse au jour et se présente comme une joie profonde : Dieu se souvient de son amour.
Et voici, en ce jour de fête, que Marie vient à nous pour nous rappeler qu’elle est modèle et guide. Toute femme, tout homme qui comme elle, entend la parole de Dieu, la reçoit en sa vie, partage à sa suite le dessein d’amour de Dieu et le destin du Christ ressuscité, comme elle, la première mais non la seule, tout homme et toute femme peut connaître en ce monde, dès maintenant, le bonheur d’être au service d’un Dieu vivant, juste et saint, le bonheur d’une vie qui trouvera un jour son accomplissement.
Et puis soyons humbles. Voici cette fête de l’Assomption, fête de joie partagée. Fête de la surabondance des dons de Dieu. Que cette fête nourrisse et encourage notre foi et notre espérance qu’elle soit pour nous occasion de grandir encore jusqu’à ce que nous puissions faire nôtres, pour notre propre compte, les mots d’Elisabeth : heureuses, heureux qui croient en l’accomplissement des promesses, des paroles qui nous viennent de la part du Seigneur, souvent par les expériences et situations de nos vies. Il est ce Seigneur, celui qui se souvient de son amour, celui qui est toujours vivant, qui donne et fait la vie.