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19e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

7 août 2016

Guy Lapointe

Heb. 11, 1-2. 8-12

Lc 12, 35-40

Guy Lapointe

Itinérance

« Grâce à la foi, Abraham partit, sans savoir où il allait ». « Restez en tenue de service… ». Ce sont là deux images que nous proposent la Lettre aux Hébreux et l’évangile selon Luc. Marcher et rester en tenue de service.     

En préparant cette homélie, j’ai fait un lien avec la fête de S. Dominique que nous célébrerons demain. Et vous savez que nous célébrons cette année le huit centième anniversaire de la fondation de l’Ordre. Ce n’est pas rien.        

Guy LapointeComme Abraham et après tant d’autres, Dominique se mit en route. Il partit à pied sur les routes de l’Europe, engageant toute sa vie à répandre l’Évangile. Ce ne fut pas toujours facile, loin de là. Il invita ses frères à le suivre dans une volonté d’itinérance permanente. Quelqu’un a écrit que Dominique était « l’homme aux semelles de vent ». L’image est belle. Sans cesse sur les routes, il s’arrêtait pour partager sa foi avec les personnes rencontrées. L’itinérance dominicaine n’est pas n’importe quelle itinérance. C’est une itinérance dans la foi pour l’annonce de la Bonne Nouvelle et qui répond à un appel. C’est l’appel du grand large, l’appel de la route. « Dominique ne parlait que de Dieu, ou à Dieu » a écrit un historien.   

Devenir chrétien, n’est-ce pas, à la suite de Jésus, être nomade, pèlerin, de passage, toujours en route, refusant de s’installer pour de bon dans un lieu, fut-il sacré! Mais, il ne faut pas se méprendre, nous n’avons pas toujours d’itinéraire bien fixe.   

Comment dire la nécessité et le bonheur d’être un nomade dans la foi et ne pas s’arrêter? En quelque sorte, nous sommes tous et toutes des migrants. J’utilise le terme migrant, même si je vois comme vous à chaque jour des millions d’hommes et de femmes et d’enfants qui ne connaissent que les migrations de la fuite et de la terreur! Comment célébrer la marche et l’exode quand tant de marches et d’exodes sont de famine et de mort!     

Malgré toutes ces difficultés de migrations, je reste convaincu que nous sommes tous et toutes, des pèlerins, des migrants. Le peuple de Dieu est un peuple en marche; chaque croyant est un nomade. Dieu est sans domicile fixe; il n’a pas où reposer la tête. En se manifestant en Jésus, Dieu vit encore l’exode et on sait qu’il reviendra dans la gloire.      

Notre foi n’est pas une fidélité à un passé pétrifié, mais à un passé vivant qui nous ouvre un avenir. C’est en marchant que l’Église se construit et nous fait avancer dans la foi. Chaque jour a ses défis. Il faut les relever ensemble.  

Étrangement, l’Évangile de ce jour nous propose aussi une autre image. Si on veut poursuivre notre route, il est important d’avoir des moments d’arrêt significatifs. Il faut veiller dans la maison. Car le Maître viendra à l’heure qu’on ne sait pas. Attendre jour et nuit. Abraham, au chêne de Mambré, a accueilli celui qui passe. Le bon samaritain s’est arrêté pour prendre soin d’un blessé. À Emmaüs, le pain a été partagé. Les routes ont leur refuge là où, souvent, nos chemins se croisent. Nos vrais voyages, ce sont les autres, ai-je entendu. À chacune et à chacun d’être pour les autres l’oasis, la table ouverte.        

En fait, l’aventure nous est offerte, à nous d’y répondre. Elle peut être au cœur d’un amour, peut-être sur un lit de souffrance, dans le drame d’une solitude, d’un deuil. Oui, les grandes routes sont aussi au-dedans de nous.

Dominique s’arrêtait pour se retrouver encore et toujours sur la route. C’était un passage, un autre départ pour aller plus loin.   

Notre célébration dominicale à St-Albert n’est-elle pas un moment très significatif où on reprend son souffle, une sorte d’oasis, pour nous aider à aller plus loin, toujours plus loin, et aussi pour repartir quand on s’est arrêté? C’est dans cette assemblée dominicale tout particulièrement et dans d’autres moments aussi que nos chemins se croisent et que notre foi se remet en route avec les autres. Dans la mémoire de Jésus, nous partageons la même table pour mieux reprendre la route. Tel est l’enjeu et le sens de notre rassemblement, de notre assemblée chaque dimanche. À nous de l’habiter pour mieux poursuivre ou reprendre notre chemin.          

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal