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17e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

26 juin 2016

Luc Chartrand

Genèse 18, 20-32

Luc 11, 1-13

Dieu nous accompagne…

Ce matin, nous sommes accompagnés par deux maîtres de la prière, qui nous proposent deux accents. Le premier est celui d’Abraham qui emprunte la voie du dialogue. Une forme de prière certainement bien connue des disciples de Jésus. Le deuxième se présente sous l’aspect d’une question, « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean-Baptiste l'a appris à l'un de ses disciples? », une interrogation que nous portons également. D’un côté, une dynamique essentiellement relationnelle et spontanée, à première vue. De l’autre, une invitation à adresser des mots, « Quand vous priez, dites ». Deux manières en apparence contradictoire.     
           
Luc ChartrandAbraham à chaque étape de son itinéraire spirituel a construit des autels à ce Dieu qui se révèle à lui. Il revient offrir des sacrifices à ces lieux significatifs de sa vie. Avant d'être des lieux de prière, il s'agit d'espaces pour la rencontre avec Dieu, qui à cette étape de la révélation emprunte les traits du " Montagnard ". En balisant son territoire, au fil de ses pérégrinations, Abraham fait de son monde une sorte de cathédrale à ciel ouvert. Le dialogue de la Genèse montre Abraham s'adressant à Dieu. Toutefois, ce n'est pas lui qui prend l'initiative, mais le Seigneur au moment du départ de Sodome. « Comme elle est grande, la clameur qui monte de Sodome et de Gomorrhe ». L'échange, qui s'en suit, montre un Abraham au cœur à la fois humble et hardi. Il ose une sorte de marchandage avec Dieu, qui s'arrête en cours de route, au nombre de dix justes. Notre patriarche dans la foi aurait dû continuer pour oser demander de sauver ces villes pour un seul juste! Sa démarche si bien amorcée, habitée d’une conviction profonde, n’a pas raison de s’interrompre, sinon la peur d’être insolent. Sa démarche s’enracine dans une certitude, la promesse faite un jour à Abraham. Si la peur demeure présente, c’est à cause du contact avec Dieu. La prévenance sans mesure de Dieu ne va pas de soi. Les justes pouvant obtenir le pardon des coupables. Dieu accepte ce marchandage de miséricorde. Cette option est bien différente des dieux vengeurs et jaloux qui jalonnent la période où vit Abraham. Elle est un premier pas qui conduira à la venue en notre histoire du seul juste, le Seigneur Jésus, qui mourra en croix pour ouvrir un chemin de vie à toute l’humanité.  
           
La prière dans ce contexte se veut une entrée dans le monde de Dieu où chaque personne est attendue. C’est Dieu qui, initialement, transmet à Abraham des éléments concernant la situation de Sodome et Gomorrhe. Cette initiative déclenche le plaidoyer pour sauver les justes de ces villes. Il ne s’agit pas d’influencer Dieu, mais de se greffer sur sa Promesse. L’espace de la prière devient ainsi le monde en marche vers l’accueil de la Promesse. Prier, c’est entrer dans cette dynamique.          
           
L’Évangéliste Luc se situe sur un horizon nouveau, alors qu’il invite les disciples à dire, à reprendre des mots. Il s’agit de faire nôtres chez Luc cinq demandes adressées au Père. En s’adressant à « notre Père », cette prière devient plus personnelle. Curieusement, nous quittons l’univers du dialogue pour entrer dans l’intimité d’un Dieu Père, que Jésus vient révéler et dont nous n’aurons jamais fini d’explorer les multiples facettes. Par ce « Notre Père », nous nous engageons à accueillir un Règne, en progression, qui se veut sanctification de ce nom, qui se construit jour après jour par le pain quotidien, qui nous est donné, et par le pardon, qui nous est accordé comme celui que nous donnons. Enfin, cette prière se termine par une demande qui suscite notre surprise. « Et ne nous soumets pas à la tentation ». Ici, il est question de demander l’aide du Seigneur à l’heure de l’épreuve, où la tentation de la « non-foi » se manifeste. Ce refus de croire est une possibilité qui peut devenir réalité jusqu’au moment de notre mort. Nous sommes invités à nous en remettre à Dieu à l’intérieur de nos parcours de vie respectifs.         
           
Ces deux voies de la prière, issues des proclamations de la Parole de Dieu, nous acheminent à en reconnaître une troisième. Celle que nous expérimentons depuis tant d’années. Une prière voulue en dialogue avec Dieu et qui accueille des mots transmis de génération en génération jusqu’à nous. Cette prière qui se confronte au silence apparent devant la réponse attendue qui ne vient pas toujours comme nous l’espérons. Cette prière qui se fait insistante pour découvrir la volonté de Dieu. Cette prière qui demande le pardon, malgré les difficultés à l’accorder à ceux et celles qui nous ont blessés. Cette prière qui demande de tenir bon aux jours sombres de notre vie.        
           
Toutes ces composantes de la prière font de nous des personnes capables de dépassement, au point de répondre aux demandes de nos frères et sœurs qui se réfèrent à nous. La prière nous aide à ouvrir nos cœurs aux autres. Nos gestes et nos attitudes de partages nous ouvrent à la prière. C’est ici que le dialogue renvoie à la prière qui emprunte la formule du « Notre Père ». Façonnés par ces mots adressés au Père, nous découvrons toute l’ampleur de ce que signifie l'affirmation, « combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux et celles qui lui demandent? »     
           
Le parcours d’Abraham nous invite à oser demander sans gêne, sans retenue. Le « Notre Père », pour sa part, nous donne des mots pour nous situer dans la perspective d’un état de prière qui nous introduit dans l’intimité de Dieu. Cette intimité de notre Dieu Père est celle même que Jésus partage en plénitude et qui est source du don de l’Esprit. Nous sommes donc triplement accompagnés par notre Dieu!

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal