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16e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

17 juillet 2016

 

Marthe et Marie : accueillir et écouter

Luc 10, 38-42

Bruno Demers

 

Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée.        
Enfin! Le texte qui consacre la primauté de la vie contemplative sur la vie active! Quand j’ai dit ça au comité de liturgie, vous auriez dû voir leur réaction! J’ai pensé que j’allais perdre ma job pour plusieurs mois! Si cette interprétation a été longtemps véhiculée dans l’histoire de l’Église, on s’est rendu compte, depuis un certain temps déjà, que ce n’est pas de ça qu’il est question dans le texte. Il s’agit plutôt d’une compréhension de l’agir chrétien qui découle d’une authentique écoute de la Parole de Dieu.Le véritable enjeu, c’est l’accueil de Dieu dans nos vies, l’accueil de Jésus Christ.     

Bruno DemersDans l’évangile d’aujourd’hui, Marthe accueille Jésus et toute sa suite dans sa propre maison. C’est une femme indépendante qui gère sa vie et ses biens. Elle s’active au service de sa maison pour accueillir Jésus le mieux possible et ainsi, lui manifester son amitié. C’est ce que nous faisons nous aussi quand nous accueillons nos invités. Mais voilà que Jésus renverse tout : Marthe prend soin de Jésus et Marie écoute, mais la bonne part revient à Marie. C’est injuste! De quoi s’agit-il exactement?          

Quand on regarde attentivement le texte on se rend compte que Jésus ne dénigre pas le travail de Marthe. Son reproche porte sur quelque chose de précis : son comportement inquiet : Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses! Autrement dit, Jésus trouve que Marthe est très préoccupée, elle n’est pas libre. Elle n’est pas la seule d’ailleurs parce que Jésus revient fréquemment, dans l’Évangile, sur le thème des soucis :    
Lorsqu’on vous amènera devant les chefs et les autorités, ne vous inquiétez pas de savoir comment vous défendre et quoi dire.   
ou encore :     
Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez.    
Et il y a d’autres exemples. Dans chacun de ces cas, le souci est condamné parce qu’il détourne le croyant de la recherche du Règne de Dieu et de l’accueil de sa Parole.       

Dans le texte d’aujourd’hui, les choses multiples dont Marthe se soucie ce sont les soins de l’hospitalité, les services matériels qu’elle veut rendre à Jésus.           
Une seule chose est nécessaire.   
Jésus établit un ordre de priorité : le plus important est l’écoute de la Parole, une écoute bien incarnée par l’attitude de Marie : assise et silencieuse.          

C’est la différence entre un accueil qui veut donner et un accueil qui veut recevoir.      
Là je vous étonne! Qu’est-ce qu’un accueil qui veut donner? Marthe imagine que l’essentiel est ce qui va d’elle-même vers Jésus. Elle n’a pas compris que le plus important est ce qui va de Jésus à elle. Elle se prend pour l’origine. Elle a peur de ne pas en faire assez, de ne pas être à la hauteur. Elle est donc inquiète. Elle n’est plus disposée à accueillir la Parole de Jésus ni à se laisser atteindre par elle. 

En contraste avec cela, l’accueil de Marie est un accueil qui veut recevoir. Le signe que Marie reçoit c’est qu’elle ne parle pas : elle écoute, tout occupée à se nourrir des paroles qui font exister. Quand Jésus parle de la meilleure part, il vise l’attitude la plus essentielle qu’il attend de ses disciples : l’écoute de la Parole, une foi attentive par-delà les préoccupations humaines.    

Nous sommes tous invités, par-delà les multiples occupations de nos vies, à développer un accueil qui veut recevoir. À choisir : d’écouter véritablement la Parole de Dieu, de nous laisser transformer par elle et d’agir conformément à ce que la Parole aura éveillé en nous. À trop vouloir bien faire, nous sommes souvent pressés de passer à l’action. Nous oublions parfois ce premier moment, la meilleure part, qui consiste à nous dégager de nous-mêmes, à faire de l’espace en nous pour que la Parole vienne s’y déposer.    

C’est pour cela que les rencontres du dimanche sont si importantes pour les chrétiens. Pour entretenir cette disponibilité à la Parole de Dieu qui est la source de notre action. Une foi sans agir cohérent est une foi morte. C’est un apôtre qui a dit cela. Mais l’agir est inspiré par l’écoute de l’Évangile. S’il n’y a pas ce premier moment, nous travaillons à faire advenir notre royaume à nous et non pas celui de Dieu.

 

Bruno Demers

 

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal