Voir le déroulement de ce dimanche
14e Dimanche du Temps Ordinaire (C)
3 juillet 2016
Partager la paix reçue de Dieu
Bruno Demers
« Paix à cette maison » Ce sont les premiers mots que Jésus recommande à ses missionnaires de dire quand il les envoie porter la Parole : un souhait de paix! Nous qui avons de la difficulté à saisir l’enjeu du tournant missionnaire de l’Église d’aujourd’hui, nous avons ici un élément intéressant sur lequel réfléchir : l’œuvre missionnaire comme contribution à la grande tâche de faire advenir la paix. Quel est le rôle du christianisme et des religions en général dans l’établissement de la paix entre nous et entre les nations?
Il y a 30 ans, le 27 octobre 1986, nous avons eu un début de réponse à cette question. Les Nations Unies avaient demandé à l’époque que 1986 soit considérée l’année internationale de la paix. Pour relever ce défi, le pape Jean-Paul II a eu l’idée de réunir le plus de chefs de religions possible à Assise en Italie, afin de se retrouver ensemble pour prier, pour demander la paix comme un don du transcendant. 130 représentants ont répondu à son appel : des juifs, des hindous, des bouddhistes, des musulmans, des shintoïstes, des sikhs, etc. : plus de 40 religions en tout. Une page d’histoire s’est écrite cette journée-là!
Alors que les religions ont parfois été à la source de guerres dans l’histoire, cet événement a fait la preuve qu’elles peuvent aussi être à l’origine de réconciliations et d’initiatives de paix. Mettre ensemble des juifs, des chrétiens et des musulmans qui demandent, chacun à leur manière, la paix à Dieu, est déjà quelque chose de révolutionnaire pour l’Occident. Jamais quelque chose de semblable ne s’était fait dans l’histoire de l’humanité. Cet événement a été très médiatisé et à commencé à changer beaucoup de préjugés.
En plus de présenter un témoignage réel de convivialité, les religions réalisent de plus en plus, depuis cet événement, qu’elles ont un rôle particulier dans la construction de la paix sociale et cela, de deux façons. Premièrement, d’un point de vue éthique et moral. Chaque religion dispose d’un patrimoine de valeurs, de rites, de textes, élaboré sur plusieurs siècles. Toutes les religions cherchent à améliorer le bien-être personnel et à développer des interactions sociales harmonieuses. Elles deviennent de plus en plus conscientes de l’importance des droits de la personne et de la nécessité de les promouvoir.
Mais les religions ne font pas que proposer des valeurs éthiques et morales. Deuxièmement, elles témoignent aussi de la nécessité d’un surplus, d’un excès! Alors que nous pouvons nous entendre sur des valeurs et sur des droits à promouvoir, nous réalisons aussi que nous ne sommes pas toujours à la hauteur de nos idéaux. Nous avons besoin de faire appel à un « plus », capable de restaurer en nous la capacité d’aimer, capable de nous pardonner.
Toutes les religions témoignent du fait que la paix, ce n’est pas seulement le résultat de négociations ou de compromis. La paix est aussi un don qui nous advient de plus grand que nous. La paix ce n’est pas seulement l’absence de guerres. C’est aussi un surplus qui se reçoit d’une instance transcendante. Pour nous chrétiens, la paix est un des effets du Royaume que Jésus est venu annoncer et mettre en œuvre dans notre histoire. Nous sommes invités à l’accueillir et à nous laisser transformer par lui.
Dans toute maison où vous entrerez dites d’abord : « Paix à cette maison ». Tout chrétien est invité à être missionnaire, à faire grandir la paix autour de lui. Être missionnaire ce n’est plus chercher à convertir l’autre à tout prix! Notre premier objectif ne consiste pas à faire de nouveaux adeptes. Dans toute ville où vous entrerez, dites aux habitants : « Le règne de Dieu est tout proche de vous! »
Nous sommes conviés à continuer, à poursuivre la mission même de Jésus. « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » dit encore Jésus dans l’évangile de Jean. Et quelle était sa mission? Faire advenir le Royaume sur terre en témoignant de l’amour et de la bienveillance de Dieu. Nous sommes invités à répandre autour de nous le surplus d’amour que révèle l’Évangile. La paix, nous la recevons d’abord de Dieu et nous la propageons chez ceux et celles que nous côtoyons.