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13e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

26 juin 2016

Luc Chartrand

Galates 5, 1.13-16

Rois, 19, 16b.19-21

Luc 9, 51-62

 

Répondre librement à l'appel de l'Esprit

L’écoute de l’heureuse annonce de ce matin produit un effet-choc. Les affirmations : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête », « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu », « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu » ne laissent personne indifférent. Le contrecoup de ces phrases lapidaires est de nous insécuriser au point de ne plus rien entendre et d’hésiter avant de nous aventurer à répondre aux appels qui sont les nôtres. Si par malheur, nous allions compromettre tout notre avenir, au non d’une réponse à un appel. Notre liberté serait alors restreinte au point de tenir à distance ceux et celles que nous aimons et avec qui nous avons des liens depuis fort Luc Chartrandlongtemps.          

Les trois situations évoquées par l’évangéliste Luc semblent sans appel à première vue. Si Élisée a pu mettre un certain temps avant de suivre Élie, puisqu’il est dit, « Élisée s’en retourna », il semble bien maintenant que tout retard soit impensable. L’urgence de l’annonce est incompatible avec toute proposition voulant la remettre à plus tard. Ce matin, les procrastinateurs ne semblent pas avoir d’avenir. Il est vrai que devant l’autre qui se présente à nous avec ses besoins, ses attentes, nous sommes invités à passer rapidement à l’action, au détriment d’un temps de discernement. Vivre sous la conduite de l’Esprit ne va pas de soi. Il implique un équilibre entre ce que nous pouvons faire et ce que les situations, les personnes, les contextes demandent sous la forme d’appels et de demandes variées. C’est ici que notre liberté intervient.       

L’urgence de l’appel n’exige rien, contrairement à ce que nous pouvons croire. Il s’agit d’une réponse qui est comme une suite naturelle des choses. On ne renonce pas à une bonne situation pour s’aventurer sur un sentier pouvant conduire au désœuvrement. En revanche, nous pouvons choisir de répondre à des appels parce qu’ils soulèvent en nous un désir de nous faire proche des autres, de situations qui apparaissent sans issues. Il est vrai que toute réponse aux appels multiples qui nous parviennent comporte une dimension d’insécurité. C’est ce que Jésus évoque en faisant état d’une mobilité qui se modèle sur le dénouement et la liberté du Fils de l’homme, qui n’a pas d’endroit où reposer la tête. Répondre à l’appel l’emporte sur les devoirs familiaux. Là encore, il s’agit d’un risque énorme de part et d’autre. D’un côté, des membres d’une famille qui ne comprendront pas le pourquoi d’un choix qui la tient à l’écart. De l’autre, l’impression de refuser de s’engager par pur égoïsme. En arrivée à un tel dilemme se produit quand nous oublions qu’il s’agit d’une invitation qui ne fait pas de nous des gardiens d’un cimetière de remords, mais des gérants de la vie. C’est ce choix que font les apôtres en « laissant leur père avec ses filets » pour suivre Jésus. Ils n’ont pas répondu à un ultimatum qui leur enlevait la présence d’un proche, ils ont choisi de suivre Jésus. Ils sont entrés dans le « risque » de l’expérience de foi, demandant du temps, de la patience, du discernement et combien d’autres éléments. S’aventurer sur cette voie, c’est mettre sa confiance en ce Jésus tolérant de l’évangile de ce matin. Il passe presque inaperçu, en raison du choc produit par toutes ces phrases lapidaires qui terminent l’évangile de ce matin. N’oublions jamais que Jésus s’oppose radicalement à la proposition des disciples Jacques et Jean au sujet des Samaritains qui refusent de recevoir Jésus : « Veux-tu que nous fassions tomber le feu du ciel pour les détruire ? » Dans notre langage de tous les jours, nous pouvons même croire que Jésus n’hésite pas à leur « passer un savon » !        

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal