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Dimanche de la Sainte Trinité (C)

22 mail 2016

Nos délices avec Dieu qui est dialogue

Pr 8, 22-31

Rm 5, 1-5

Jn 16, 12-15

Hubert Doucet

Hubert Doucet

Lorsque Suzanne m’a invité à présider la célébration d’aujourd’hui, j’ai eu la même réaction que, lorsque jeune prêtre de 24-25 ans, j’avais entendu des prêtres plus âgés de mon entourage mentionner qu’ils ne voulaient surtout pas faire le sermon lors de la fête de la Sainte Trinité. Parler de la trinité, c’était beaucoup trop compliqué. À propos de Dieu en trois personnes, comment expliquer l’unité de leur nature et la trinité de leurs personnes, non une seule et même personne, mais la trinité d’une seule substance? Pourquoi ne pas laisser cela à des jeunes qui sortent de théologie et qui aiment spéculer? Naïf et idéaliste, j’étais un peu scandalisé de tels propos puisque la croyance en la trinité est le fondement de notre foi. Pourquoi ne voulaient-ils pas parler de la base même du christianisme?     

Hubert DoucetEt me voilà, 50 ans plus tard, avoir une réaction assez semblable à ces vieux du temps de ma jeunesse. Pour dire vrai, ils avaient peut-être raison, après les siècles de batailles théologiques et même politiques pour contrôler la définition et la nature de Dieu. Avec le langage théologique qui était le leur, ils ressentaient sans doute leur impuissance à présenter le Dieu de la communion nous conduisant aux sources vives de la vie que nous cherchons.  

Ce qui m’a le plus réjoui des trois textes que nous venons d’entendre, c’est l’affirmation qui termine la conclusion de la première lecture, celle tirée du Livre des Proverbes. La Sagesse parle ainsi : « Je faisais ses délices, jour après jour, jouant devant lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur la terre, et trouvant mes délices avec les enfants des hommes. » Cette parole, nous savons maintenant que Jésus est son nom et son visage. N’y a-t-il pas image plus simple, plus familiale, pour nous décrire comment se passe la vie chez Dieu?  

Cette vie qui se passe chez Dieu, elle n’est pas fermée sur le passé comme seule forme du vrai, ni emmurée sur soi pour se protéger des pécheurs, elle est ouverte sur toutes les espérances qui se cherchent. En effet, l’Esprit nous ouvrira à la vérité tout entière, nous annonce Jésus dans l’évangile qui nous a été proclamé.         

En avançant dans la lecture des textes, on se rend de plus en plus compte que cette vie qui se passe chez Dieu, nous aussi nous y avons accès, elle est vraiment la nôtre. Dans sa lettre aux Romains, Paul nous dit que maintenant nous sommes établis dans ce monde de grâce et de communion. L’amour du Père dont a témoigné Jésus, il nous est maintenant donné par l’Esprit.        

Il me semble que cette vie qui se passe chez Dieu, elle est riche d’inspiration pour éclairer notre réflexion, enrichir nos attitudes et guider nos comportements à l’égard d’une des questions les plus difficiles de notre temps, celle de la relation entre l’unité et la diversité. Ce sujet concerne la vie des familles, la vie de l’Église, celle de notre communauté et bien sûr la vie politique tout entière. Nous ne pouvons éviter le débat entre l’un et le multiple. Il y a quelques années, la question identitaire et la place des autres cultures déchiraient tout le Québec. Actuellement, l’enjeu de l’identité sexuelle, celle des personnes transgenres en particulier, soulève diverses réactions opposées. Parfois, j’ai le sentiment que certains courants de pensée veulent nous ratatiner dans une unité refermée sur elle-même. À d’autres moments, je crains une telle volonté de privilégier le multiple et la différence, qu’il n’y aurait plus de place pour la vie commune, chacun devenant un électron libre.     

En quoi la vie de notre Dieu peut-elle nous éclairer face à ce type de tension? Cette vie de Dieu est spontanément dialogue : Jésus est parole et l’Esprit nous la communique pour aujourd’hui et demain. Faisons nôtre cet esprit de dialogue pour que ne soit jamais rompu l’échange de la parole entre toutes et tous. Qu’ainsi se construise une communauté qui soit vraiment humaine. Trouvons nos délices avec notre Dieu qui est dialogue.    

 

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal