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Ascension (C)

8 mai 2016

Pourquoi regardez-vous vers le ciel ?

Actes 1, 1-11

Luc 24, 46-53

Yvon D. Gélinas

Yvon D. Gélinas

Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? disent deux hommes vêtus de blanc aux disciples qui cherchent encore Jésus du regard de leurs yeux C’est comme au petit matin de Pâques, ces deux hommes qui disaient aux femmes venues au tombeau : Pourquoi le cherchez vous ici parmi les morts ? Allez le trouver chez les vivants. Ici, les hommes vêtus de blanc enjoignent aux disciples de ne pas tourner uniquement leurs regards vers le ciel, mais plutôt de retourner à leurs préoccupations et métiers habituels. C’est là qu’il faut l’attendre et le chercher, dans la vie du monde, chez les vivants, présent dans la vie avec les autres, en vous, dans les autres. On comprend bien l’attitude des disciples : il leur faut du temps pour saisir que son entrée dans la gloire n’est pas pour eux que le temps de l’absence. Il leur faut s’habituer à une autre forme de sa présence qui n’est pas moins réelle que le compagnonnage physique, concret, qu’ils ont connu à sa suite sur les chemins de sa mission. S’habituer à ce que la mort puisse aussi être lieu de vie. Cette condition des disciples est aussi la nôtre. Combien à certains jours nous aimerions le voir de nos yeux, être rassurés au contact de sa personne avec nous sur nos chemins, le voir présent, même dans un décor céleste. Mais c’est un peu comme au jour de la transfiguration : on est heureux, on est bien sur la montagne à le contempler, mais il faut redescendre dans la plaine et la cité, vivre dans le monde ce que le cœur a connu.  

C’est alors, qu’à nous, comme aux disciples, est adressée la consigne de l’Évangile : Vous serez mes témoins. Et c’est bien autre chose qu’une consigne : c’est une mission, une action qui désormais sont les nôtres à sa suite, comme lui, pour lui comme pour nous et le monde. Dans ce temps et ce monde qui sont nôtres, il est présent en nos mémoires. Son souvenir éclaire et guide nos jours. Mais il y a plus. Ce qui nous est demandé et confié, c’est d’être vivants comme lui, être là où se trouve la vie, où l’on fait la vie. C’est là qu’on le voit en soi comme dans les autres avec leurs manques et leurs besoins, leurs aspirations et leurs désirs, avec ce que l’on peut leur apprendre et ce qu’ils peuvent nous apprendre. C’est ainsi qu’on est ses témoins.            

Être témoin. Cela nous semble beaucoup demander, et même cela nous gêne un peu. Qui sommes-nous pour affirmer que nous continuons sa présence et sa mission aujourd’hui ? Et puis allons-nous entreprendre des croisades pour le faire reconnaître ? Pourtant être ses témoins c’est au fond bien simple. Cela veut dire porter en nous sa parole, une parole qui éclaire et guide et donne sens ; cela veut dire laisser grandir en nous, malgré tant de doutes, son message d’amour et de paix. Cela veut dire chercher et trouver les mots qui peuvent consoler et guérir au besoin. Cela veut dire vouloir, dans la force de l’esprit qu’il nous donne, demeurer fermes en sa parole, en son modèle, et cela contre vents et marées, contre le froid des indifférences et le feu des violences. Être témoin c’est simple et grand tout à la fois. C’est simple parce que nous ne sommes pas seuls ; justement son esprit est en nous. C’est grand parce que c’est la dignité dont il a voulu que nous soyons revêtus.      

La fête de l’Ascension n’est pas pour nous que le souvenir de son entrée dans la gloire, ou de ce qu’ont vécu autrefois les disciples, ou encore le temps de vivre une absence que nous devons compenser par des gestes et des mots. C’est être ce que nous sommes, à sa suite et pour notre monde : des porteurs de vie, des porteurs d’espérance, au delà et même en tout cela qui semble n’être que malheurs et désespérance. Peut-être alors, parce que l’on est bien ancré en ce monde, peut-on se permettre de regarder aussi vers le ciel.   

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal