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Veillée de Pâques (C)

26 mars 2016

Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ?

Luc 24, 1-12

Yvon D. Gélinas

Yvon D. Gélinas

Les femmes, ces fidèles qui avaient suivi Jésus sur les routes de Galilée, qui étaient demeurées toutes proches de la croix au moment de sa mort, sont saisies de crainte quand on leur adresse cette question. Elles étaient venues au tombeau de bon matin animées par le respect dû à un être cher récemment enseveli. Elles étaient venues sans doute avec une grande peine dans le cœur : se pouvait-il que la mort venait de signifier la fin de l’aventure, lui qui parlait de salut, lui qui était au service de tous ceux et celles qui vivaient la souffrance, qui vivaient l’exclusion et le rejet, lui qui disait bienheureux les cœurs purs, les amoureux de justice et de paix ? Se pouvait-il qu’elle était désormais éteinte à jamais l’espérance que faisaient monter au cœur sa parole, ses gestes, sa personne ?          

Et voici qu’elles trouvent vide le tombeau où on avait confié si pieusement son corps de torturé et de crucifié. Elles sont saisies de crainte quand on leur annonce une grande et bonne nouvelle : il est ressuscité comme il l’avait dit. C’est la crainte, pas la peur, parce que l’événement est trop grand, trop neuf pour que d’un seul coup on puisse s’y glisser. Mais la joie l’emporte. Elles vont vers les autres proclamer la nouvelle, et en cours de route elles se rappellent et se redisent ses paroles, ses promesses, et en cours de route la foi en l’événement s’enracine en elle, et l’espérance se réveille et éclaire leur chemin. Ne cherchons plus au tombeau, parmi les morts, il est vivant parmi les vivants, 

Et c’est à nous qu’il est dit en cette veille, à l’approche d’un jour nouveau : cherchez-le parmi les vivants : il est ressuscité, il est vivant. Le tombeau est vide : la mort, la peine, le deuil ne sont pas le dernier mot de tout. C’est là où il y a la vie, là où peut surgir la vie, là où on peut faire lever la vie, qu’il faut le chercher et le rencontrer. Il est vivant parmi nous, en notre monde, et pour nous et le monde.           

Les deuils, les peines et les souffrances ne sont pas d’un seul coup effacés à jamais, mais à cause de lui, le vivant, et par lui-même là on peut découvrir les désirs de vie et des sources de vie.      

Une telle annonce, une telle bonne nouvelle, un tel événement, tout cela est trop grand et trop neuf pour s’imposer à nous immédiatement et sans interrogations. Nous sommes comme ces femmes venues au tombeau, nous craignons de céder à un enthousiasme facile et sans lendemains. Il nous faut nous aussi nous rappeler ses paroles, ses gestes, sa figure pour que s’enracine en nous la foi en sa résurrection, pour que naisse et renaisse sans cesse, malgré souvent les ombres des nuits, l’espérance que font naître ses promesses.      

Et pour nous aussi la joie l’emporte sur les hésitations et les impossibles. Nous avons-nous aussi à dire au monde la nouvelle de la vie renouvelée, la nouvelle que la vie est possible. Nos moyens sont pauvres et bien humbles, et nous ne sommes parfois que des anonymes des villes ou des campagnes, mais comme nos petites bougies allumées en cette nuit font malgré tout reculer les ombres, par nos manières d’être, par nos courages et la lumière projetée sur nos convictions et notre foi, nous pouvons et voulons redire qu’il est meilleur de nous tourner vers la vie, meilleur de désirer la vie, meilleur de travailler à faire surgir la vie que de nous replier en nos malheurs et nos désespérances, en ce monde difficile et trop souvent violent.       

Oui, nous la vivons en cette nuit la nouvelle de sa résurrection ; oui, nous l’entendons l’invitation à ne pas le chercher parmi les morts mais parmi les vivants, parce que, encore une fois, il est vivant avec nous, pour nous et par nous.       

Voici qu’éclate au cœur de cette nuit, une joyeuse lumière !    

Il est ressuscité ! C’est Pâques ! Ne cherchons plus parmi les morts celui qui est vivant. !

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal