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5e Dimanche du Carême (C)

13 mars 2016

Un nouveau départ

Is. 43, 18-21

Ph. 3, 9-14

Jn. 8, 1-11 

Hubert Doucet

Hubert Doucet


Même si l’histoire que vient de nous raconter l’évangile se passe au temple de Jérusalem, le récit commence par la mention que Jésus venait du mont des Oliviers, là où il allait connaître l’angoisse de la mort à venir. Par cette indication du jardin des Oliviers, l’évangéliste Jean nous fait savoir que déjà Jésus est classé parmi ces personnes dont les comportements sont socialement intolérables.         

Hubert DoucetLa présence de Jésus au Temple n’est pas sans susciter de l’irritation. Elle provoque comme une double violence chez nombre de personnes haut placées. Elle met d’abord en relief la violence à l’égard de cette femme accusée d’adultère. Dans la scène qui nous est présentée, cette femme porte seule la punition d’un geste qui a été posé à deux. Suivre la loi de Moïse aurait pourtant exigé que les deux soient conduits à la porte de la ville pour être lapidés afin d’éradiquer le mal du milieu de la cité (Dt., 22,22-24). Pourquoi seulement la femme? N’annonce-t-elle pas Jésus qui sera traité comme elle?      

Il y a une seconde manifestation de violence. Les élites de la cité se servent d’une femme, objet plus facile à contrôler qu’un homme, pour réaliser leur projet de détruire Jésus et l’espérance qu’il ouvre. Cette femme est, en quelque sorte, un bouc émissaire. Quel que soit le moyen qu’ils utilisent, ces hommes de bonne réputation sont décidés à garder l’avenir fermé. Tout est bon pour que les choses restent comme elles sont.         

J’imagine la cohue que ces chefs provoquent en s’en prenant à cette femme qu’ils utilisent pour détruire Jésus. Et peut-être, Jésus lui-même se sent-il pris au piège, car il se tait. Il se baisse et écrit sur le sol. À quoi pense-t-il? Aux paroles de Moïse qui condamne de façon absolue l’adultère et fixe des règles rigides pour le punir?  

L’adultère est, en effet, un geste grave. Mentir à un engagement et manquer à une promesse, n’est-ce pas mettre à mal toute la communauté? Vu de haut, les scribes et les pharisiens ont sans doute raison.     

En s’abaissant au ras du sol, Jésus se met en position d’humilité et se retrouve face à lui-même. Cette vulnérabilité qui devient alors la sienne l’ouvre, une fois encore, à la souffrance de l’autre et l’engage à s’en faire solidaire.

Quand il se relève, Jésus ne condamne personne, ni les accusateurs, ni l’accusée. Il dit simplement : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». Il se baisse à nouveau, garde silence et renvoie les protagonistes à la profondeur de leur être. Il leur ouvre un avenir.  

Pour les plus vieux, même le passé peut devenir ouverture. Je ne vois plus le constat de Jean « Ils s’en allèrent à partir des plus vieux » comme une parole satirique stigmatisant les vieux imbus de leurs certitudes. La remarque de Jésus qui, dans les faits, ne condamne aucun des acteurs fait prendre conscience qu’en pratique, nul n’est parfaitement à la hauteur de ses idéaux. Tous sont vulnérables devant les défis de la vie. En prendre conscience devient chemin de libération et capacité de s’ouvrir au mal de l’autre.         

Quant à la femme accusée, un nouveau départ s’ouvre à elle. Bien sûr, le fait qu’elle ne sera pas lapidée est déjà une chance de vie. Mais il y a bien plus, elle peut prendre sa vie en main. Elle est maintenant capable de réussir un nouveau départ parce que quelqu’un qui ne la connaissait pas l’a aimée pour elle-même, sans aucun marchandage. Il ne lui a pas dit « Si tu ne pèches plus, je vais te pardonner et t’aider ».   

Le dialogue de Jésus avec cette femme est tout court, mais libérant : « Personne ne t’a condamnée? » « Non, personne », répond-elle. Et lui, de reprendre : « Moi non plus » et il ajoute ce simple mot : « Va ». Et parce qu’elle va prendre sa vie en main, elle pourra répondre à l’invitation de Jésus de ne plus pécher.       

L’histoire que nous a racontée l’évangile de ce midi donne tout son sens au texte du prophète Isaïe que nous avons lu en première lecture : « Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas? »

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal