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5e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

7 février 2016

 

Un cri vers une rencontre

I  Corinthiens 15, 3-11

Isaïe 6, 1-8

Luc 5, 1-11

Bruno Demers

Bruno Demers

« Avez-vous été appelés? Avez-vous reçu l’appel? »
La Parole de Dieu d’aujourd’hui nous présente deux récits de vocation : celle d’Isaïe et celle de Pierre. Et dans les deux cas, ça ne manque pas de décorum : Avec Isaïe, il est question du trône de Dieu, des plis de son manteau qui remplissent le Temple et surtout d’une grande quantité d’anges-chérubins qui se tiennent tout autour. Avec Pierre, on n’est plus dans les airs, on est dans la mer mais on a quand même à faire à de la surabondance : une grande quantité de poissons qui fait presque couler deux barques.

Bruno DemersCes belles mises en scène en sont venues à nous faire associer les expériences d’appel avec des événements extraordinaires, à tel point que ces choses-là, ce n’est pas pour nous! On ne bénéficie pas de telles attentions de la part, on ne doit donc pas être appelé!

Or, quand on regarde attentivement l’évangile d’aujourd’hui, on se rend compte que les choses ne sont pas aussi simples. Nous ne sommes pas en présence d’un seul événement d’appel. On nous présente un processus, une série d’étapes au terme desquelles les pêcheurs ont vécu une transformation.

En effet, Jésus appelle Pierre à trois reprises. Premièrement, il demande à Simon de quitter le rivage et de s’éloigner un peu. Simon n’hésite pas. S’éloignant ainsi de la foule, Jésus et Simon se rapprochent. Deuxièmement, après qu’il eut fini de parler, Jésus demande à Simon d’avancer au large et, avec ses camarades, de jeter les filets. Là, les choses commencent à se corser. « On a déjà essayé ça et ça n’a pas marché », dit Pierre hésitant. Mais il court quand même le risque. Il court le risque de faire confiance en la parole de Jésus qu’il appelle maintenant « Maître ».

Et là, ô surprise, le risque a porté fruit! Les filets sont remplis de poissons à tel point qu’ils sont obligés de faire appel aux compagnons de la deuxième barque afin qu’ils puissent venir les aider. Ils remplissent les deux barques. Survient alors le moment décisif : à cette deuxième étape de sa démarche, Simon-Pierre découvre en Jésus la présence du Dieu vivant, proche de lui. Il est bouleversé, dépassé. Il appelle maintenant Jésus « Seigneur ». Il reconnaît qu’en Jésus, c’est Dieu qui vient le visiter.

Notre belle histoire de pêche ne s’arrête pas là. Jésus lance un troisième appel à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras ». Jésus appelle Simon à dépasser sa crainte et à devenir pêcheur d’hommes. L’expérience de foi qu’il a faite dans sa rencontre avec Jésus conduit à un engagement. Parce que Simon a avancé dans sa découverte de Jésus, une responsabilité lui est confiée. Il est invité à continuer la mission de Jésus.
 
C’est comme ça que se présente l’appel de Simon-Pierre. Pas un seul événement qui semble extraordinaire, mais un processus, un itinéraire de croyant en trois étapes : D’abord, l’éloignement de la foule qui permet un rapprochement de la parole et de la personne de Jésus. Ensuite, une saisie de la présence du Dieu vivant en Jésus. Finalement, une mission qui s’ensuit. On a ici l’histoire d’une écoute de la Parole dans toutes ses étapes et toutes ses conséquences. Quand la Parole est vraiment écoutée, elle change une vie!

Vu de cette façon, le récit de cette expérience de rencontre devient drôlement parlant pour notre vie d’aujourd’hui. On n’est plus distrait par l’histoire de pêche ou par l’extraordinaire. On est renvoyé à des situations de tous les jours qui nous appellent à faire confiance. Remarquons d’ailleurs que, une fois devenu disciple, Simon ne cessera pas d’être qui il est, même si sa vie est transformée. Il reste un pêcheur. L’expérience, les habiletés qu’il a acquises et développées vont maintenant lui servir dans son apostolat. Jésus lui demande de faire un nouveau travail de pêcheur, de rassembleur. Car c’est ça que Simon connaît le mieux. Ses ressources seront désormais mises au service de l’Évangile.

Les appels que Dieu nous lance encore aujourd’hui ressemblent donc aux étapes d’un processus. À partir de ce que nous faisons déjà, nous sommes conviés à mettre nos compétences au service de la Parole et de sa transmission. Encore une fois Dieu nous invite à la confiance. Ce peut être dans de petits événements. Ce peut être aussi dans de plus grands. L’important est d’être à l’écoute car Dieu ne cesse d’appeler.

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal