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4e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

31 janvier 2016

Dire sa foi

Jérémie 1, 4-5.17-19

Luc 4, 21-30

Yvon D. Gélinas

Yvon D. Gélinas

« Ils s’étonnaient. Ils se demandaient : N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »  On admirait la Parole prononcée par Jésus, mais en même temps on doutait et on se disait : pour qui se prend-il ? C’est le sort réservé aux prophètes. On s’étonne, on admire un temps le message du prophète, mais rapidement on juge qu’il ne peut vraiment dire une parole qui sort de l’ordinaire, qui est différente de la manière de dire dans ce coin de pays – ou même en ce monde -, une parole qui devient dangereuse. Oui c’est le sort réservé aux prophètes, avec ce danger pour celui qui prétend parler au nom de Dieu, d’être objet d’une intolérance qui ne pardonne pas, qui peut conduire au martyre : il faut rétablir l’ordre régulier, respecter la parole convenue et la manière reçue de penser.

Jésus ne se laisse pas arrêter pour autant. Ferme et libre, il dit sa mission, sa foi, sa totale confiance en son Dieu. Et puis, il passe son chemin. D’autres peut-être recevront son message. Et peu importe : c’est sa mission, c’est sa vie, ce qu’il est dans toute la réalité de son être. C’est sa confiance en la Parole que la grâce de Dieu a mise en sa bouche, comme pour Jérémie. « Ne tremble pas devant eux, ils ne pourront rien contre toi, Je suis avec toi ».

Nous sommes un peu comme les habitants de Nazareth quand nous nous retrouvons devant ce texte évangélique. Nous admirons, nous nous étonnons de la force et du courage de Jésus. Nous découvrons en lui le vrai prophète, l’envoyé de Dieu. Nous écoutons sa parole, mais allons-nous jusqu’au bout de ce qu’exige une véritable réception de cette parole? Ce texte évangélique est pour nous un message actuel et il nous interroge à deux niveaux.

Un premier niveau. Trop souvent nous jugeons vite de l’authenticité d’une parole : cela est beau mais sans prise sur le réel, et qui est-il celui qui nous parle ainsi ? Nous nous détournons rapidement de la parole qui nous dérange, nous sort de notre ordinaire, de notre lieu de confort.

C’est surtout le deuxième niveau d’interrogation que nous retenons ce matin. Quelle est notre attitude en présence de la personne de Jésus qui nous est révélée. L’admiration, le respect, oui. Mais Jésus n’est-il pas aussi notre modèle de vie, notre guide quand nous acceptons de recevoir sa parole ? Et nous nous interrogeons. Avons-nous, nous aussi, comme lui, l’audace et le courage de dire notre foi, de dire ce qui donne sens à nos vies, ce qui illumine notre pensée et notre action ? Nous vivons en un monde qui majoritairement ne partage pas notre foi, qui s’en moque souvent, qui s’en offusque parfois. Alors nous sommes comme gênés de reconnaître que nous sommes croyants, de dire ce qui très largement nous fait vivre. Nous craignons d’être objet de risées, d’être vus comme naïfs, comme attardés, à la limite de voir se briser des amitiés, même des liens d’attachement à notre milieu familier. Nous craignons de devenir des exclus de la société, de ce monde qu’on dit moderne et éclairé. Parfois nous nous taisons par pudeur : ne pas contrarier qui pense autrement, ne pas blesser qui a choisi un autre chemin de vie. Ce qui est juste : nous ne voulons pas marcher en claironnant nos convictions à tout vent. Nous ne voulons pas être des zélateurs ou des convertisseurs sans égard pour qui ne pense pas selon nos normes. Quelle serait une conduite franche et honnête, envers Dieu, envers nous-mêmes ?

Ce qui est proposé au fond par l’Évangile, c’est d’être vrais, heureux en notre foi, confiants en celui qui a marché le chemin de la vie avant nous et qui invite à le suivre aussi dure soit parfois ce chemin. Aussi, être capable de dire et vivre simplement nos convictions. Et puis comme Jésus ne pas s’attarder quand le refus est net et menaçant. Aller ailleurs où peut-être quelqu’un sera soutenu ou rassuré par notre courage en notre manière d’être, ou encore amené à s’interroger par cette manière d’être.  

Et, bien profondément, qu’importe les refus, les rires, les exclusions, notre trop grande attention à éviter les faux pas ou à être trop timide en notre témoignage. Tout ne dépend pas que de nous. C’est à nous, comme à Jérémie, que le Seigneur dit : « Je suis avec toi ».

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal