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3e Dimanche du Temps Ordinaire (C)

24 janvier 2016

Guy Lapointe

I Cor. 12, 12-30

Luc 1, 1-4; 4, 14-21

Guy Lapointe

Dieu est miséricorde

Je trouve ce passage d’Évangile très émouvant. Jésus revient dans la synagogue de son enfance. On faisait son éloge. Tous les regards étaient tournés vers lui. Qu’allait-il dire à cette assemblée? Tout simplement : « Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». Ce n’est pas rien.  

Je viens de terminer la lecture du dernier livre du pape François intitulé Le nom de Dieu est miséricorde. Un livre dans lequel le pape François parle de lui-même, de son expérience d’homme de foi et de pasteur. On en oublie même qu’il est le pape. Il écrit ceci : « Oui, je crois que ce temps est celui de la miséricorde. Guy LapointeL’Église montre son visage maternel à l’humanité blessée. Elle n’attend pas que les blessés frappent à sa porte, elle va les chercher dans la rue, les accueille, les embrasse, les soigne, leur fait sentir qu’ils sont aimés » (p.26).   

La réflexion du pape François rejoint très bien, il me semble, le passage du prophète Isaïe que Jésus vient de lire dans la synagogue de Nazareth : « L’esprit du Seigneur m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres ». L’évangéliste Luc a entrepris de composer un récit des événements qui se sont passés autour de Jésus. C’est à nous tous que Luc adresse son évangile pour que nous devenions des serviteurs de sa Parole. Être serviteur de sa Parole, ce n’est pas seulement lire un texte écrit à un moment donné de l’histoire, c’est actualiser le texte pour qu’il devienne Parole neuve.         

La parole de l’Évangile n’est pas une parole du passé. On le saisit fort bien dans ce passage que nous venons d’entendre. Le texte d’Isaïe que lit Jésus est vieux de plusieurs siècles. Mais ce n’est pas un texte qui a vieilli; il reste très actuel. « Cette parole de l’Écriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». Jésus, en effet, revient d’un parcours à travers la région. Il a rencontré des pauvres de toutes les pauvretés. Il a certainement entendu parler de Jean-Baptiste dans sa prison. Les désirs qui traversent la vie des personnes rencontrées ne font qu’un avec les paroles de l’Évangile. Il en prend conscience dans la synagogue de Nazareth, chez-lui, en lisant ce passage d’Isaïe.         

L’Évangile naît lorsque, dans l’aujourd’hui que nous vivons, le désir des personnes et des groupes ne sont pas occultés, lorsqu’il trouve des cœurs capables de répondre. L’Évangile n’a aucun sens s’il ne nous pousse pas à ouvrir les yeux sur le présent, à nous tourner vers autrui avec un regard neuf, plein de bonté, et plein de miséricorde. C’est en écoutant, comme le font les personnes dans la synagogue, que la Parole de Dieu nous invite à devenir un seul corps en respectant les différences de chaque personne, comme nous le rappelle le passage de Paul : « Vous êtes le corps du Christ et, chacun pour sa part, vous êtes les membres de ce corps ». Chaque partie du corps joue son rôle pour que le corps fonctionne harmonieusement. Les parties, quoique différentes, ont toutes leur importance, de sorte qu’il ne peut y avoir de discrimination entre elles.

C’est ce que Jésus tente de dire aux personnes dans la synagogue de Nazareth. Sa parole retentissait de mots explosifs : bonne nouvelle pour les pauvres, libération des captifs…   Et les aveugles — que de manières d’être aveugle — ouvriraient les yeux. Rien de neuf. Ce qui est nouveau, c’est la suite : « Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue avaient les yeux sur lui ». Au fond, Jésus leur dit ceci : il est temps d’agir. Il n’y a qu’une seule façon : celle d’aimer véritablement. L’aujourd’hui de l’Évangile est devenu le nôtre. Ainsi donc, c’est possible : une parole de Dieu qui soit Bonne Nouvelle! Une parole de Dieu qui soit pour aujourd’hui!

La question est posée. Aurons-nous à cœur de traduire dans des actes cette Bonne Nouvelle de salut que Jésus nous a chargés d’annoncer? Comprenons-nous que, maintenant encore, nos yeux peuvent fixer le Maître. Car lorsque nos cœurs battent en harmonie avec son message et que notre vie s’y conforme, nous accomplissons aujourd’hui cette parole de tendresse, cette attitude de miséricorde.           

Oui, à écouter Jésus, on voit et on sent qu’il n’est pas venu pour juger, mais pour guérir. Si nous sommes compatissants les uns avec les autres, la Bonne Nouvelle de Jésus passera dans nos existences. C’est le sens de l’Évangile de ce matin que rejoint fort bien le pape François lorsqu’il affirme : « ouvrez les portes des églises ». Dieu ne se fatigue jamais de nous pardonner. Oui, « ce temps est celui de la miséricorde ». Le nom de Dieu est miséricorde. Ne l’oublions jamais.        

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal