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Le baptême du Seigneur (C)

10 janvier 2016

 

Renouveller notre baptême

Is 40, 1-5. 9-11

Tt 3, 4-7

Lc 3,15-16.21-22

Bruno Demers

Bruno Demers

 

À chaque année nous terminons le grand cycle de Noël par la célébration du baptême de Jésus. Mais cette année dans l’évangile, il y a une particularité qui saute aux yeux : « Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré! ». Est-ce que cet aujourd’hui ne nous concernerait pas nous aussi en 2016? C’est quoi être baptisé aujourd’hui? Qu’est-ce que le fait d’être baptisé apporte de plus à notre vie de tous les jours? C’est une question que nous entendons de temps en temps autour de nous. Ce dimanche est la belle occasion de tenter d’y répondre.

Si, aujourd’hui, il faut réfléchir avant de répondre, autrefois, la réponse venait plus vite : On recevait le baptême pour effacer la tache originelle. Il fallait baptiser les enfants pour qu’ils puissent aller au ciel et ne Bruno Demerspas se retrouver dans les limbes. On n’est plus à l’aise avec cette vision du baptême parce qu’il y a derrière elle, le présupposé que tout commence avec le péché originel. Que toute la création se trouve affectée par cette tare primordiale. On disait que c’est parce que l’humain a péché que Dieu a envoyé Jésus pour le sauver!

Or, cette compréhension des choses nous a fait perdre un peu de vue ce qui est premier dans le baptême et que l’Évangile nous livre ce dimanche : « C’est toi mon Fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré! ». Le baptême ne consiste pas d’abord dans le fait d’effacer une faute. C’est plutôt l’offre d’un plus, d’une valeur ajoutée à notre existence : la relation d’amitié avec Dieu. Dieu nous propose de nous prendre en adoption : d’accepter de devenir ses filles et ses fils.

Le baptême, c’est l’offre d’un plus parce qu’il y a beaucoup de gens autour de nous qui ne sont pas baptisés ou qu’ils l’ont oublié. Ce sont de bons citoyens, des gens moraux qui apportent leur contribution à notre société, du bon monde, quoi! Ces gens sont, en vertu de la création par Dieu, des enfants de Dieu en puissance, virtuellement. Mais nous croyons, nous, en quelque chose de plus : Dieu ne s’est pas contenté de créer les humains. Il nous a offert quelque chose de précis : une relation d’amitié avec lui pour nous conduire au plein accomplissement de nous-mêmes. C’est ça que veut dire être sauvé par Dieu : être amené au plein accomplissement de notre vie. Avant d’être une réalité négative, être sauvé est une réalité positive. Le mot latin «salvus» renvoie d’ailleurs au fait d’être fortifié, d’être rendu plus solide. En nous sauvant Dieu nous fortifie comme l’amour que nos parents nous ont donné, nous a fortifiés. Ils ont tenté de faire de nous des gens solides pour faire face à tout ce qui peut arriver dans une vie. L’amour paternel de Dieu a le même objectif. Il prend autant de formes qu’il y a de pages d’évangile.

C’est aussi ce que nous dit saint Paul dans le texte que nous avons lu tout à l’heure : « Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour tous les hommes. Il nous a sauvés. » Comme nous le savons, sur le chemin de l’accomplissement de nous-mêmes, nous rencontrons des obstacles : nos limites, la souffrance, le mal, notre égoïsme, le péché. C’est pourquoi le salut que Dieu nous offre nous libère aussi des obstacles rencontrés sur la route. Mais ça ne peut pas nous faire oublier que, d’abord, Dieu nous rend plus fort, qu’il nous sauve en nous proposant une façon d’aimer.

Cette amitié offerte n’est pas banale, nous dit encore saint Paul. « Par l’eau du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint ». C’est une amitié qui nous renouvelle. Un peu comme certaines rencontres de personnes ont renouvelé notre vie : la bienveillance d’un ami alors que nous traversions une période difficile, la sagesse d’une personne d’expérience qui nous a aidé à prendre de bonnes décisions. Notre vie a alors été relancée et nous avons découvert que nous étions plus que ce que nous pensions.

« C’est toi, ma fille. C’est toi, mon fils. Moi aujourd’hui, je t’engendre à une vie nouvelle ». C’est à chacun de nous que cette parole est adressée ce matin. Dans le renouvellement de notre baptême, que l’Église propose ce dimanche, c’est Dieu qui réitère son offre d’une valeur ajoutée à notre vie : devenir un de ses enfants, relancer le dialogue d’amitié avec nous. Tout cela pour nous introduire dans son projet de bienveillance pour notre monde : la réalisation de son Royaume, un monde plus juste et fraternel sur notre terre.

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal