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Dimanche de la sainte famille (C)

27 décembre 2015

Vos enfants ne sont pas vos enfants!

Samuel 1, 20-22.24-28

Luc 2, 41-52

Hubert Doucet

Hubert Doucet

L’évangile d’aujourd’hui est déconcertant, surtout dans le cadre du dimanche de la Sainte Famille. Que Jésus grandisse « en sagesse, en taille et en grâce » va bien avec le modèle que nous imaginons parfois de la famille vertueuse. Rien là pour nous surprendre. Luc nous raconte aussi autre chose, c’est-à-dire, l’histoire d’une fugue de la part d’un jeune de 12 ans. C’est du moins comme cela que les parents de ce jeune homme ont vécu l’événement : « Pourquoi nous as-tu fait cela? »        

Regardons de plus près le comportement du garçon Jésus. Il ne semble pas se demander si ses parents Hubert Doucet vont s’inquiéter, il s’isole du groupe sans que personne ne le sache, il s’assit dans une confrérie de savants, les écoute un peu puis se met à les questionner comme si c’était tout à fait naturel d’agir ainsi. Ce Jésus est sûrement dans une période d’affirmation de soi. Le message de Luc serait-il qu’il faille ainsi sortir du cocon familial pour pouvoir grandir?      

L’autre lecture que nous avons entendue, celle du livre de Samuel, est aussi pleine de surprise. Arrêtons-nous un peu au comportement d’Anne, elle qui attendit si longtemps pour avoir un enfant. Lorsque finalement, elle enfanta, Anne garda l’enfant près d’elle pour lui permettre de se développer. Et, surprise, lorsqu’elle eut sevré son fils, probablement vers l’âge de 3-4 ans, cette mère qui avait tellement pleuré pour avoir son Samuel, le redonna à Dieu pour le remercier de lui avoir permis d’être mère. La logique n’aurait-elle pas voulu que la mère protège son garçon et le garde près d’elle?    

Ces deux histoires sont bien différentes. Elles se rejoignent cependant sur quelques plans. D’abord, pour ces deux familles, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Elles vivent leurs propres péripéties et font face à des choix particuliers. Elles ne se conforment pas à un moule tout fait. Et, à pousser plus loin la réflexion, je me demande si ces deux familles ne sont pas, chacune à leur façon, hors normes, comme nombre de familles contemporaines. Dans ce sens, la dynamique à l’œuvre dans ces histoires devient peut-être un modèle pour nos familles d’aujourd’hui.  

Il y a un autre plan où ces deux histoires se rejoignent, c’est celui du rapport de toute famille à l’enfant. De façon différente, les deux textes nous envoient un même message : bien qu’un enfant soit de ses parents, qu’il a grand besoin de leur tendresse et de leur soutien, il ne leur appartient pas. Il leur échappe même par son identité profonde. L’enfant né de l’amour de ses parents est, en quelque sorte, plus grand que leur amour, il a son identité propre, aimé et choisi par Dieu.    

Cette année, le dimanche de la Sainte Famille nous invite à centrer notre réflexion sur le rapport de la famille à l’enfant. Si l’amour des parents fait naître un enfant qui ne peut nier ses airs de famille, il leur échappe cependant, son chemin de vie est unique. En conclusion, je vous invite à réfléchir à cette phrase que nous entendrons à la toute fin de notre célébration : « Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même ».    

Sheila Hannigan BACH Sarabande Suite

Sheila Hannigan Casals Le Chant des Oiseaux

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal